Un dopage organisé au Kenya ?

L’Unité d’intégrité de l’athlétisme (AIU) a dénoncé mardi un dopage organisé au Kenya après avoir trouvé des similarités dans des documents médicaux falsifiés de deux athlètes kenyans. Elle a appelé les autorités de ce pays à collaborer en toute transparence afin d’endiguer le problème.
L’Unité d’intégrité de l’athlétisme (AIU) et l’agence kenyane antidopage (ADAK) ont dénoncé, le mardi 4 mars, l’institutionnalisation du dopage au Kenya. Selon ces organisations, les athlètes kenyans bénéficient d’opérations médicales pour couvrir des infractions liées au dopage. Elles disent avoir trouvé des preuves attestant ce fait. Notamment des similarités dans des documents falsifiés et des références à des médecins fictifs dans deux affaires récentes.
Substance interdite et falsification des contrôles antidopage
Il s’agit des dossiers de Betty Wilson Lempus et Eglay Nafuna Nalyanya. La première a fait l’objet d’une suspension en janvier dernier pour cinq ans en raison de l’usage d’une substance interdite et de la falsification des contrôles antidopage à l’aide de faux documents. La seconde s’est vue imposer une interdiction de concourir de huit ans en février pour avoir enfreint les règles antidopage. L’AIU et l’ADAK ont confirmé que les documents étaient faux et que les médecins répertoriés étaient imaginaires.
Ces structures ont constaté que les deux athlètes ci-dessus mentionnées avaient reçu des injections intramusculaires alors qu’elles se faisaient traiter dans le même hôpital kenyan. Elles ont produit des documents médicaux falsifiés pour appuyer leurs revendications respectives. Par ailleurs, un tribunal disciplinaire a jugé que ces sportives n’avaient ni les moyens ni les connaissances médicales pour s’adonner à de telles pratiques. Elles auraient donc bénéficié de l’expertise d’un ou de plusieurs professionnel(s).
Un plan d’investissement antidopage
Pour David Howman, président de l’AIU, « il est clair que le dopage au Kenya est de mieux en mieux organisé ». Il pense que les cas de Mme Lempus et Nalyanya « soulignent la réalité de l’implication de personnel expérimenté sur le plan médical ». Selon lui, ce dopage organisé représente « une menace sérieuse » pour le sport en général. Pour endiguer ce fléau, il appelle les autorités kenyanes à collaborer en toute transparence.
Pour sa part, le gouvernement a promis d’aider davantage l’AIU dans ses missions. Il a déjà annoncé, en fin d’année dernière, un plan d’investissement massif de 25 millions de dollars sur cinq ans afin de financer la lutte antidopage dans l’athlétisme. Ce financement servira en priorité aux tests, aux enquêtes et au recrutement de personnel qualifié.
Une cinquantaine d’athlètes suspendus
L’Etat kényan a pris cette décision après que le pays a échappé à des sanctions de la World Athletics. Ces derniers mois, l’organisation a enregistré de nombreux cas positifs au dopage parmi les athlètes kenyans. Au moins 55 sportifs kenyans sont aujourd’hui suspendus par l’Unité d’intégrité de l’athlétisme (AIU), à l’instar de plusieurs sportifs russes.
Il s’agit pour la plupart de coureurs sur route ou de marathoniens. La World Athletics a déclaré qu’il restait au pays un « long chemin à parcourir » pour restaurer la confiance. Le Kenya place désormais tous ses espoirs dans son agence antidopage (ADAK) créé en 2016. Cette structure a la possibilité de travailler sur le volet pénal pour des sanctions plus dures. Il y va de l’avenir de l’athlétisme kenyan, qui a produit des champions.