Avec Tadej Pogacar, les adversaires doivent se réinventer
Cette année, Tadej Pogacar ne laisse que des miettes à ses adversaires. Vainqueur du Giro, du Tour de France et du Tour de Lombardie, notamment, il les domine de la tête et des épaules. Face à cette situation, les concurrents doivent se réinventer pour exister à ses côtés.
Tadej Pogacar est sur une autre planète en ce moment. C’est un extraterrestre. Lors du Tour de Lombardie, le samedi dernier, Le Slovène a relégué à plus de trois minutes ses rivaux, dont le Néerlandais Remco Evenepoel. Tout simplement incroyable. Il remportait son septième titre et le quatrième consécutif sur ce tour, une performance jusqu’ici réalisée par le seul Fausto Coppi entre 1946 et 1949.
Tadej Pogacar a tout gagné cette saison
Le coureur de la formation UAE compte désormais 25 victoires cette saison. C’est du jamais-vu depuis l’Italien Alessandro Petacchi en 2005. Cette année, Pogacar a gagné pratiquement toutes les courses auxquelles il a pris part, et non des moindres. Championnat du monde sur route, Tour de France (pour la troisième fois), Giro (premier trophée), Liège-Bastogne-Liège, Strade Bianche, Tour de Lombardie…Rien ne lui échappe. Il ne laisse que des miettes à ses adversaires.
Jonas Vingegaard ne peut plus tenir la rivalité
Même Jonas Vingegaard ne tient plus le rythme. Le Danois a mis fin à sa saison en août dernier, après avoir triomphé au Tour de Pologne. Il souffre, lui, de la comparaison avec le monstre Pogacar. Le coureur de la Visma doit se contenter de jouer les seconds rôles, dans l’ombre de son plus grand rival. Et il n’est pas le seul impuissant. Presque tous les adversaires du Slovène sont heureux de terminer derrière lui.
Le Slovène oblige les autres cyclistes à changer leur façon de courir
C’est le cas de Ben O’Connor, qui a pris la deuxième place du Tour de Lombardie, devant Remco Evenepoel. « C’est un honneur » de terminer deuxième, a déclaré l’Australien. Quentin Pacher, coureur de la FDJ, affirme pour sa part que la domination de Tadej Pogacar oblige les autres cyclistes à changer leur façon de courir. Le Français note notamment qu’il n’y a plus vraiment de courses de côtes, où la victoire se disputait dans les derniers kilomètres. « Depuis la sortie du Covid, j’ai le sentiment que les attaques sont plus nombreuses », souligne-t-il.
Eddy Merckx s’incline devant Tadej Pogacar
Quentin Pacher estime que Tadej Pogacar « est le meilleur cycliste de la planète » et qu’« il n’y a pas de débat là-dessus », même si Jonas Vingegaard ou Remco Evenepoel ont la capacité à le challenger. Eddy Merckx, qui fut le premier à réaliser le triplé Giro-Tour-Mondial la même année en 1974, le pense aussi et va même plus loin. « C’est évident qu’il est maintenant au-dessus de moi », a admis l’immense champion belge, bluffé par ce que le cycliste de 26 ans « avait fait sur le dernier Tour de France ».
Y a-t-il un dopage derrière ces exploits ?
Mais les performances exceptionnelles de Tadej Pogacar ne suscitent pas que des éloges. Elles soulèvent aussi des questions, voire des soupçons de dopage. Ses détracteurs ne comprennent pas qu’un être humain puisse autant écraser la concurrence. Certains sont sûrs qu’on finira par découvrir la petite combine, comme ce fut le cas avec l’ancien champion Christopher Froome. Interrogé sur ces accusations, Christian Prudhomme, le patron du Tour de France, a déclaré dans un entretien à La Dépêche du Midi que « la question n’est pas illégitime ».
Tadej Pogacar lui-même n’a pas d’explication à sa domination
Le dirigeant français pense que « vu le passé du cyclisme et pas si lointain », on peut raisonnablement se poser des questions. Pour le moment, il dit n’avoir pas de réponse aux interrogations. Il constate seulement que Pogacar « donne un allant aux compétitions cyclistes, assez impressionnant ». Aussi, Prudhomme précise que des contrôles indépendants existent avec ITA… Le concerné affirme aussi n’avoir pas de réponse à sa domination. « Je ne suis pas dans la tête de mes adversaires, et je ne connais pas leurs données de puissance », a-t-il expliqué.