China Rare Earth : une production menacée par la flambée épidémique ?
![Une employée de mine dans un souterrain en Bolivie.](https://www.voxstadium.fr/wp-content/uploads/2022/05/william-felipe-seccon-RO6wxCc0woY-unsplash-660x400.jpg)
Depuis quelques semaines, la Chine enregistre une hausse des cas de Covid-19 après plusieurs mois d’accalmie. Pour reprendre le contrôle sur le virus, le gouvernement a adopté une politique de quarantaine et de tests à grande échelle. Cette situation fait craindre des conséquences désastreuses sur l’activité minière, en particulier celle des terres rares.
Depuis mars, la Chine fait face à une flambée épidémique à cause du variant Omicron. Cette résurgence du virus touche différentes régions à des degrés divers. Pour freiner cette hausse des cas, Pékin a mis en place une stratégie « zéro Covid » caractérisée par des quarantaines, des confinements et des tests à grande échelle. Shanghai, principal épicentre de l’épidémie, voit ses nombreuses entreprises internationales et ses centres commerciaux subir des examens réguliers. Il en est de même de la capitale Pékin, qui pourrait bientôt faire l’objet d’un verrouillage total.
La super domination chinoise
Cette situation fait craindre un ralentissement de l’activité minière, en particulier celle des terres rares. Il s’agit d’un ensemble de 17 métaux (dont le scandium, l’yttrium, le cérium, le néodyme et le terbium) aux propriétés exceptionnelles. En effet, ces minerais sont utilisés dans la fabrication de produits de haute technologie. On les retrouve par exemple dans les puces de smartphone, les écrans d’ordinateurs, les LED, les batteries de voitures électriques et hybrides, les panneaux photovoltaïques et les éoliennes.
La Chine en est le principal producteur au monde depuis plus de vingt ans. Elle pèse au moins 70% de la production mondiale. L’Europe et les Etats Unis dépendent respectivement à 80 et 90% de ses approvisionnements. Cette importante production provient en grande partie de China Rare Earth Group, un conglomérat né en décembre 2021 de la fusion des principaux exploitants chinois. Ce sont notamment Chinalco, Ganzhou Rare Earth Group et China Minemetals Corp, qui constituaient les « Bix six » chinois.
Peur sur Ganzhou, la capitale des terres rares
La compagnie China Rare Earth Group représente plus de 62% des terres rares lourdes de Chine et 30% des terres rares légères. Elle est directement gérée par l’Etat, qui en détient 31% des parts. Cette méga entreprise doit renforcer la domination chinoise sur le secteur. Elle a ouvert son siège à Ganzhou, une ville de la province du Jiangxi (sud de la Chine). Avec Baotou (nord), cette commune fait partie des plus grandes productrices de métaux de terres rares du pays, voire du monde. Les autorités locales ont mis en place des tests de masse et annulé des centaines de vols. Ce qui fait planer des inquiétudes au-dessus de la production locale de terres rares.
Le coronavirus affecte peu la production chinoise
Dès lors, le monde retient son souffle, d’autant que l’autre circuit d’approvisionnement, la Russie et l’Ukraine, est fortement perturbé depuis février dernier. Mais les experts de l’industrie des terres rares estiment que cette flambée épidémique ne devrait pas ralentir la production chinoise en raison des capacités du pays. En effet, contrairement aux autres producteurs, la Chine possède 47% des réserves mondiales et dispose de technologies de pointe qui devraient compenser une baisse des ressources humaines.
En 2020, le pays avait réussi à maintenir sa production malgré des suspensions d’activité, des pénuries de main d’œuvre pour cause de quarantaine et des difficultés logistiques. La Chine avait produit 80 000 à 100 000 tonnes de capacités contre 173 000 tonnes en 2019. Mais ce retrait apparent de la production s’explique par le démantèlement des sites illégaux ou peu respectueux de l’environnement. L’empire du milieu devrait ainsi tenir son rang d’autant qu’elle possède maintenant un mastodonte des terres rares.