Qatar 2022 : une polémique signée Rupert Murdoch ?
Les révélations du Sunday Times sur des « opérations noires » du comité d’organisation du Qatar pour l’attribution de la coupe du monde 2022 ont-elles été téléguidées par le propriétaire du journal, Rupert Murdoch ? Une question qui mérite d’être posée dans un contexte de tensions diplomatiques entre le Qatar et ses voisins, et au regard des relations du magnat de la presse ultra-conservatrice avec certains régimes du Golfe.
Une enquête du Sunday Times sur l’attribution de l’édition 2022 de la coupe du monde de football a fait couler beaucoup d’encre dans la presse anglo-saxonne. Selon l’hebdomadaire britannique, qui cite des sources non-identifiées proches de la CIA, le comité d’organisation de la candidature qatarienne aurait mené des « opérations noires » pour décrédibiliser les candidatures rivales de l’Australie et des États-Unis.
Des accusations rejetées par le Qatar et la FIFA, qui assurent de concert que l’article du Sunday Times n’apporte aucun élément concret étayant ses accusations, et que la FIFA a mené une enquête approfondie sur l’attribution du Mondial au Qatar. Aucune irrégularité n’a été constatée par les enquêteurs de l’instance dirigeante du football mondial. Peu importe les faits, dans la guerre d’opinion que se livrent depuis plusieurs mois les pays du Golfe, seul le soupçon compte.
Les révélations du Sunday Times n’ont pas vraiment convaincu un certain nombre de journalistes, qui à l’image de Tariq Panja du New York Times, ont préféré sourire d’accusations qui ressemblent avant tout à une chasse aux sorcières. « Ces prétendus ex-types de la CIA engagés par le Qatar n’ont pas été très bons. Je ne me souviens pas de beaucoup d’histoires ou de reportages négatifs contre les rivaux du Qatar comme l’affirme le Sunday Times », a-t-il ironisé sur Twitter.
Mais qu’importent les faits et la vraisemblance quand on possède une arme d’accusation massive du calibre de News Corporations, le sulfureux groupe de presse de Rupert Murdoch (propriétaire entre autres de Fox News et de nombreux tabloïds populistes). L’homme d’affaires australien entretient d’ailleurs depuis de nombreuses années des relations qui dépassent largement le cadre des affaires avec le prince héritier des Émirats arabes unis, Mohammed ben Zayed, ennemi acharné du Qatar.
Ce ne serait pas la première fois que le groupe de Rupert Murdoch serait accusé de faire le jeu des intérêts et des objectifs idéologiques de son puissant propriétaire. On se souvient notamment du scandale d’écoutes téléphoniques de News of the world, et plus régulièrement des accusations de Fake News dont font l’objet les divers médias de News Corporation.