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FIFA : le géant du football mondial entre passion, pouvoir et controverses

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Organisation la plus puissante du sport le plus populaire au monde, la FIFA incarne à la fois la grandeur du football et ses dérives. De la gestion des Coupes du monde à ses scandales retentissants, retour sur l’histoire, l’influence et les zones d’ombre d’une institution unique en son genre.

Aux origines du mythe : naissance d’une fédération internationale

La Fédération internationale de football association, plus connue sous le nom de FIFA, voit le jour à Paris en 1904. À l’époque, l’objectif est simple : organiser et harmoniser les règles du football entre les différentes fédérations nationales qui émergent en Europe. Fondée par sept pays (dont la France, la Belgique et la Suisse), la FIFA met rapidement en place un projet ambitieux : créer une compétition internationale qui dépasserait les simples rencontres amicales entre nations.

Ce rêve prend forme en 1930 avec la toute première Coupe du monde, organisée en Uruguay. Treize équipes y participent, et le pays hôte en sort vainqueur. La FIFA pose ainsi la première pierre de ce qui deviendra son plus grand joyau : le Mondial, événement quadriennal suivi par des milliards de personnes à travers le monde.

Une ascension spectaculaire portée par la mondialisation du football

Au fil des décennies, la FIFA devient l’organisation faîtière du football mondial. Elle compte aujourd’hui 211 associations membres, plus que l’ONU, et supervise l’ensemble des compétitions internationales majeures : Coupe du monde masculine et féminine, tournois olympiques, compétitions de jeunes, de futsal ou encore de football de plage.

La montée en puissance de la télévision puis des droits de retransmission bouleverse son modèle économique. Le Mondial devient un produit planétaire, vendu à prix d’or aux chaînes du monde entier. La FIFA en tire des revenus colossaux : en 2022, ses recettes totales avoisinent les 7,5 milliards de dollars sur le cycle quadriennal, principalement grâce aux droits TV, aux sponsors et aux licences.

Ce succès financier confère à la FIFA un pouvoir immense. Elle est capable de financer des projets de développement dans des dizaines de pays, d’imposer ses règles aux fédérations nationales, et d’organiser des compétitions qui captivent la planète entière. Mais cette toute-puissance s’accompagne d’une gouvernance souvent opaque, propice aux dérives.

Les années Blatter : apogée et dérives d’un règne absolu

Si la FIFA a connu plusieurs présidents depuis 1904, aucun n’a marqué l’organisation autant que Sepp Blatter. Ce Suisse, élu en 1998, reste à la tête de la fédération pendant 17 ans. Sous son mandat, le football se mondialise à une vitesse vertigineuse : la Coupe du monde s’ouvre à l’Asie (2002, au Japon et en Corée du Sud), puis à l’Afrique (2010, en Afrique du Sud). Le football féminin gagne en visibilité, les recettes explosent, et la FIFA devient une machine à cash planétaire.

Mais derrière la façade du succès, les critiques s’accumulent. Accusations de clientélisme, soupçons de corruption, attribution controversée des Coupes du monde à la Russie (2018) et au Qatar (2022)… Le règne Blatter finit par s’effondrer en 2015, lorsque le FBI et la justice suisse lancent une vaste enquête. Plusieurs hauts dirigeants de la FIFA sont arrêtés pour blanchiment, fraude et corruption.

Blatter est suspendu, et avec lui c’est toute l’institution qui vacille. Le scandale est immense. Le football mondial découvre alors l’envers du décor : une organisation gangrenée par le népotisme, les pots-de-vin et les conflits d’intérêts.

Gianni Infantino : promesse de réforme ou continuité sous un autre nom ?

En 2016, Gianni Infantino est élu président de la FIFA avec la promesse de réformer l’institution. Il impose de nouvelles règles de transparence, met en place des audits financiers, et lance des programmes de développement plus structurés. Mais son style autoritaire, ses relations controversées avec des régimes peu démocratiques, et ses décisions spectaculaires – comme l’augmentation du nombre d’équipes à la Coupe du monde – suscitent de vifs débats.

Infantino poursuit aussi l’expansion de la FIFA sur de nouveaux territoires : le Mondial des clubs est repensé, des projets émergent pour organiser des Coupes du monde plus fréquemment, et le football devient un outil diplomatique pour de nombreux États. Le Qatar 2022, malgré les polémiques liées aux droits humains et aux conditions de travail des migrants, s’est tenu comme prévu et a rapporté plus d’argent que toutes les éditions précédentes.

La FIFA est aujourd’hui plus puissante que jamais, mais ses choix divisent. Entre passion du jeu et logique commerciale, entre diplomatie du sport et ingérences politiques, l’organisation navigue en eaux troubles.

Une ambivalence permanente : entre ballon rond et business plan

Le paradoxe de la FIFA, c’est qu’elle est à la fois l’organe garant du jeu et l’acteur économique le plus influent du football mondial. Elle promeut des valeurs de fair-play, d’universalité et d’inclusion, mais s’illustre régulièrement par ses manquements éthiques. Elle organise les plus beaux moments du sport mondial, tout en entretenant une forme de distance avec les préoccupations réelles des supporters.

La Coupe du monde reste un spectacle planétaire inégalé, mais elle est de plus en plus perçue comme un levier géopolitique. Les choix d’attribution, les discours de neutralité politique et les partenariats commerciaux de la FIFA suscitent de nombreuses critiques.

Un avenir incertain mais une influence intacte

L’avenir de la FIFA dépendra de sa capacité à se réinventer sans trahir l’essence du football. À l’heure où les ligues européennes, les clubs et les joueurs prennent de plus en plus de pouvoir, l’organisation doit redéfinir son rôle. Elle devra aussi affronter des défis majeurs : encadrement des dérives financières, égalité homme-femme, écologie, régulation de l’intelligence artificielle dans l’arbitrage, et protection des jeunes joueurs.

Malgré tout, une chose demeure : sans la FIFA, le football mondial ne serait pas ce qu’il est. Et tant que les enfants rêveront de marquer un but en finale de Coupe du monde, l’organisation qui rend ce rêve possible conservera une place centrale dans l’imaginaire collectif.

Dans la lumière ou dans l’ombre, la FIFA continuera de faire tourner la planète football. Reste à savoir si elle choisira le bon camp : celui du jeu, ou celui du pouvoir.