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Sport et environnement : un équilibre encore fragile

défi écologique

défi écologique

Le sport est souvent perçu comme vecteur de santé, de cohésion sociale et d’inspiration. Pourtant, à mesure que les compétitions se multiplient et que les infrastructures grandissent, l’impact sur l’environnement du sport devient un sujet de plus en plus pressant. Entre les ambitions écologiques affichées et les pratiques encore très gourmandes en ressources, le monde sportif tente de concilier passion et transition écologique.

L’environnement mis à mal par des bilans carbone très lourds

Les grandes compétitions internationales — Jeux olympiques, Coupes du monde, Grands Prix de Formule 1 — ont un coût environnemental considérable. Transports aériens massifs pour les équipes et les supporters, infrastructures temporaires ou surdimensionnées, consommation énergétique des stades et production de déchets : les émissions de CO₂ liées à ces événements sont vertigineuses.

Les Jeux olympiques de Tokyo 2021, pourtant annoncés comme les plus durables de l’histoire, ont généré plus de deux millions de tonnes de CO₂, en partie à cause du report lié à la pandémie. Quant à la Coupe du monde au Qatar en 2022, elle a été vivement critiquée pour ses stades climatisés et ses déplacements en avion entre les villes hôtes.

Le sport de haut niveau confronté à sa propre logique

Au-delà des événements ponctuels, c’est le modèle même du sport professionnel qui pose problème. Multiplier les compétitions internationales, rallonger les calendriers, accroître la visibilité mondiale… Tout cela va de pair avec des déplacements fréquents et peu compatibles avec des engagements de réduction des émissions.

En cyclisme, les saisons comportent désormais des courses sur tous les continents, y compris en Australie ou au Moyen-Orient. En tennis, le circuit ATP et WTA impose des déplacements hebdomadaires d’un bout à l’autre de la planète. Même dans le football, où des clubs s’engagent sur le plan écologique, les tournées de pré-saison et les nouveaux formats comme la Coupe du monde des clubs accentuent encore l’empreinte carbone.

Des stades plus respectueux de l’environnement, mais à quel prix ?

Pourtant, des efforts existent. De plus en plus de stades modernes sont conçus avec une visée écologique : panneaux solaires, récupération d’eau de pluie, matériaux recyclés, systèmes d’éclairage à LED. Le Stade de Suisse à Berne ou la Mercedes-Benz Arena à Atlanta sont souvent cités comme des modèles. À Paris, le futur village olympique a été pensé comme un quartier durable, réutilisable après 2024.

Mais ces initiatives peinent parfois à compenser l’impact global de l’événement, surtout lorsqu’elles s’accompagnent de destructions naturelles, comme l’ont dénoncé certains écologistes à propos du chantier des JO 2024 à Aubervilliers.

Des disciplines en quête de sobriété

Certaines fédérations sportives, conscientes du problème, cherchent à limiter leur impact. La Fédération française de ski de fond, par exemple, a réduit le nombre de compétitions longues distances et privilégie les circuits régionaux. Dans l’univers de la voile, des compétitions comme le Vendée Globe mettent en avant des bateaux de plus en plus écoresponsables, voire à propulsion électrique.

Le trail, l’escalade ou encore le cyclotourisme, en plein essor, sont aussi des sports où l’impact environnemental est plus faible. Ils séduisent un public attaché à la nature et à une pratique sobre. Mais ces disciplines ne représentent qu’une part modeste du paysage sportif mondial.

Les athlètes s’engagent aussi

De nombreux sportifs prennent la parole sur ces questions. Le snowboarder Mathieu Crépel, la championne olympique Perrine Laffont ou le skipper François Gabart militent activement pour un sport plus écologique. L’ONG Sport et Citoyenneté publie régulièrement des études pour sensibiliser le milieu aux bonnes pratiques : tri des déchets, limitation des plastiques, alimentation durable, transports en commun pour les spectateurs…

Mais ces engagements restent souvent individuels. Pour changer la donne à grande échelle, c’est toute la gouvernance du sport qui doit évoluer : conditionner les subventions à des critères environnementaux, repenser les calendriers, favoriser les déplacements collectifs et surtout réduire la logique inflationniste du « toujours plus grand, toujours plus loin ».

Une mutation encore trop lente pour l’environnement ?

Le sport est pris dans une contradiction : il veut montrer l’exemple en matière d’écologie, mais continue de reposer sur des modèles peu compatibles avec une planète aux ressources finies. Tant que la logique économique primera sur les impératifs climatiques, les gestes symboliques ne suffiront pas.

Pourtant, face à l’urgence environnementale, le monde du sport n’a plus le luxe d’attendre. S’il veut continuer d’inspirer, il doit aussi apprendre à ralentir, à se réinventer… et à courir moins vite vers l’épuisement des ressources.