Si le sport est censé unir et incarner des valeurs de respect, de justice et de mérite, certains événements ont au contraire suscité indignation, suspicion ou scandale. Décisions arbitrales contestées, tricheries flagrantes, manipulations politiques ou dérives technologiques : retour sur les moments les plus controversés qui ont secoué le monde du sport.
Le coup de boule de la finale du Mondial 2006
Le 9 juillet 2006 à Berlin, le monde assiste à une fin de carrière aussi brutale qu’inattendue. En finale de la Coupe du monde entre la France et l’Italie, Zinédine Zidane est expulsé en prolongation après avoir asséné un violent coup de tête à Marco Materazzi.
Le geste est inexplicable sur le moment. Il faudra attendre les jours suivants pour apprendre que l’Italien aurait tenu des propos injurieux envers la sœur ou la mère du Français. Si certains excusent l’acte au nom de l’honneur bafoué, d’autres y voient une faute impardonnable, surtout pour un capitaine.
La France perd aux tirs au but. Le débat reste ouvert : Zidane héros déchu ou victime d’une provocation ?
Les JO de Moscou 1980 et Los Angeles 1984 : l’engrenage des événements
Ces deux éditions des Jeux olympiques, tenues en pleine guerre froide, symbolisent l’ingérence du politique dans le monde sportif.
En 1980, les États-Unis, soutenus par plus de 60 pays, boycottent les Jeux de Moscou en protestation contre l’invasion soviétique de l’Afghanistan. Quatre ans plus tard, l’URSS et ses alliés répliquent en boudant les Jeux de Los Angeles, invoquant un « climat hostile ».
Les performances de ces éditions sont immédiatement relativisées, les absents étant nombreux. Deux événements qui montrent comment les tensions géopolitiques peuvent faire passer les valeurs olympiques au second plan.
Le « Main de Dieu » de Maradona
En quart de finale de la Coupe du monde 1986, l’Argentine affronte l’Angleterre à Mexico. Diego Maradona ouvre le score… de la main. Un but irrégulier que l’arbitre ne voit pas. Quelques minutes plus tard, il inscrit l’un des plus beaux buts de l’histoire.
Mais le mal est fait : la fameuse « Main de Dieu », comme la surnommera le joueur lui-même, devient un symbole de tricherie assumée. L’Argentine remportera le match, puis le Mondial.
Encore aujourd’hui, le débat divise : génie ou tricheur ? Le mythe Maradona, lui, s’est bâti aussi sur cette zone grise.
Les événements dans l’affaire Ben Johnson à Séoul 1988
Le 100 mètres est l’épreuve reine des Jeux olympiques. En 1988, le Canadien Ben Johnson survole la finale en 9’’79. Le monde croit assister à un exploit historique… jusqu’à ce que l’annonce tombe : Johnson a été contrôlé positif aux stéroïdes anabolisants.
Il est déchu de son titre. L’or revient à Carl Lewis. Ce scandale reste l’un des plus retentissants de l’histoire de l’athlétisme. Et il révèle au grand public l’ampleur du dopage dans le sport de haut niveau.
Depuis, le spectre du dopage plane toujours, même si les contrôles sont plus nombreux. Mais la suspicion est tenace.
Le « Calciopoli » en Italie : la Serie A gangrenée
En 2006, un tremblement de terre secoue le football italien. Plusieurs clubs de Serie A, dont la Juventus, sont accusés d’avoir influencé la nomination des arbitres en leur faveur. Des écoutes téléphoniques compromettantes révèlent l’ampleur du système.
La Juve est reléguée en Serie B, des titres sont annulés, des dirigeants suspendus. Le scandale ternit durablement l’image du calcio.
Même si le football italien s’est depuis reconstruit, ce scandale reste un rappel brutal que les coulisses peuvent corrompre le jeu sur le terrain.
Le boxeur Roy Jones Jr. volé à Séoul
Toujours en 1988, l’Américain Roy Jones Jr. domine largement son adversaire sud-coréen en finale de boxe olympique. Pourtant, à la stupéfaction générale, les juges attribuent la victoire à l’hôte local.
Les statistiques sont sans appel : Jones a touché 86 fois contre 32. Le scandale est tel que le CIO modifie par la suite le système de notation. Mais la médaille d’or reste au Sud-Coréen.
Ce vol manifeste est encore cité comme l’une des pires décisions de l’histoire du sport olympique.
Le cas Oscar Pistorius à Londres et les événements de 2012
Double amputé des deux jambes, Oscar Pistorius participe aux JO de Londres en 2012 grâce à des lames de carbone, devenant le premier athlète handisport à courir avec les valides sur 400 m.
Mais sa participation ne fait pas l’unanimité : ses prothèses sont-elles un avantage ? Le débat sur la frontière entre technologie et performance humaine est relancé.
Quelques années plus tard, le coureur sud-africain sera condamné pour le meurtre de sa compagne. Son image basculera du symbole d’inspiration au fait divers tragique.
Entre gloire et soupçons
Le sport est un théâtre d’émotions, mais aussi de controverses. Parfois, les moments les plus mémorables ne viennent pas d’un exploit pur, mais d’une décision incomprise, d’un scandale ou d’un geste discutable. Ces épisodes rappellent que le sport, comme tout domaine exposé, n’est jamais complètement à l’abri des excès, des erreurs et des passions humaines.
