Longtemps perçu comme un sport élitiste et discret, le golf français connaît aujourd’hui un nouvel élan. Montée en puissance de jeunes talents, innovations dans la pratique et stratégie de démocratisation : le green change de visage et attire de nouveaux publics.
Une image en pleine transformation
Pendant des décennies, le golf en France a souffert d’un double handicap : son image jugée élitiste et sa faible médiatisation. Associé à une pratique onéreuse réservée aux retraités aisés ou aux cadres supérieurs, le golf était souvent écarté des priorités sportives nationales. Pourtant, les choses bougent. La Fédération française de golf (FFGolf) mène depuis plusieurs années un ambitieux plan de modernisation visant à rendre ce sport plus accessible, plus jeune et plus attractif.
L’un des marqueurs les plus visibles de cette transformation est l’apparition de nouveaux formats plus ludiques : parcours 6 trous, pitch & putt, golf urbain, simulateurs en salle, etc. Ces formats courts séduisent les urbains pressés, les débutants intimidés par les grands parcours, et les jeunes attirés par une approche plus détendue du sport. Le golf sort ainsi de ses codes rigides pour toucher un public plus large.
Des talents tricolores en pleine lumière
Autre moteur de ce renouveau : l’émergence d’une génération de golfeurs français capables de briller sur les scènes internationales. Si Victor Dubuisson avait ouvert la voie au début des années 2010, les projecteurs se braquent désormais sur Matthieu Pavon, Romain Langasque ou Céline Boutier. Cette dernière, victorieuse de plusieurs tournois du circuit LPGA, est devenue une icône du golf féminin mondial et une ambassadrice naturelle pour la discipline en France.
Ces réussites individuelles ont un effet boule de neige. Elles créent des vocations chez les plus jeunes, attirent les médias, et justifient les investissements dans les infrastructures. Les centres de performance se multiplient, les clubs investissent dans la formation, et les écoles de golf ne désemplissent pas.
Une stratégie nationale tournée vers l’avenir
La FFGolf ne cache pas ses ambitions. Avec plus de 430 000 licenciés en 2024 (contre 410 000 en 2019), la courbe est à la hausse, et les Jeux olympiques de Paris 2024 ont servi de levier. Bien que le golf n’ait pas été au cœur de la médiatisation des Jeux, l’événement a permis de promouvoir des valeurs de précision, de concentration et de respect, en adéquation avec l’air du temps.
L’accent est également mis sur l’environnement. Longtemps pointé du doigt pour son impact écologique (entretien des pelouses, consommation d’eau), le golf français veut désormais être exemplaire. Près de 80 % des golfs sont engagés dans une démarche de gestion durable, avec réduction des pesticides, recyclage de l’eau, et biodiversité protégée. Un argument de poids pour séduire une génération soucieuse des enjeux climatiques.
Le golf, sport de demain ?
L’avenir du golf français repose sur sa capacité à casser les codes tout en préservant l’essence du jeu. Si les formats innovants séduisent, ils doivent aussi servir de tremplin vers une pratique plus traditionnelle, garante du niveau de compétition. L’enjeu est double : fidéliser les nouveaux venus et maintenir l’excellence des élites.
Certaines initiatives vont dans ce sens, comme les programmes de golf scolaire, le soutien aux clubs de banlieue ou l’intégration de jeunes issus de milieux modestes. Des partenariats avec les collectivités locales permettent aussi de créer des parcours compacts ou des practices en milieu urbain. De quoi faire du golf un véritable sport populaire… au sens noble du terme.
Une discipline en quête de reconnaissance
Malgré ces avancées, le golf reste en quête d’une plus grande reconnaissance dans le paysage sportif français. Peu présent à la télévision en dehors des grands chelems, rarement cité dans les palmarès des sportifs de l’année, il peine encore à rivaliser en visibilité avec le tennis ou le rugby.
Mais le vent tourne. L’entrée du golf dans les programmes d’éducation physique dans certains établissements, la multiplication des contenus digitaux (vlogs, vidéos pédagogiques, tournois diffusés en streaming) et la progression constante du nombre de licenciés sont autant de signaux faibles d’une montée en puissance.
Un virage bien négocié
Le golf français est en train de réussir une métamorphose discrète mais profonde. En conjuguant modernité, performance et accessibilité, il attire de nouveaux pratiquants et gagne en légitimité. Il reste encore des obstacles à franchir — notamment en matière de médiatisation — mais les bases d’un nouvel âge d’or sont bel et bien posées.