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Arbitrage : après le jaune et le rouge, le carton vert

À l’occasion de la Coupe du monde des moins de 20 ans au Chili, la FIFA expérimente un carton vert. Appliquée pour la première fois au cours du match entre l’Espagne et le Maroc dimanche 28 septembre, ce nouveau papillon ne vise pas à sanctionner directement, mais permet à l’entraîneur de demander un arbitrage vidéo (VAR). Cette innovation ne convainc pas tout le monde.

La Coupe du monde U20 version 2025 a débuté le samedi 27 septembre. À l’occasion de cette compétition, la FIFA expérimente un tout nouveau type de carton : le carton vert. Ce nouvel outil d’arbitrage a été utilisé pour la première fois lors de la rencontre Espagne – Maroc (0-2) le dimanche 28 septembre à Santiago du Chili.

Une première lors du match Espagne – Maroc

Alors que les Lionceaux de l’Atlas menaient de deux buts, le joueur espagnol Jan Virgili s’effondre dans la surface à la 78ᵉ minute, suite à un contact. L’arbitre siffle et accorde un penalty. En désaccord avec la décision, le sélectionneur de l’équipe marocaine Mohamed Ouahbi dégaine un carton vert. L’officiel va alors consulter les images au bord de la pelouse. Après visionnage, il revient sur la pelouse et annule le penalty, puis adresse un carton jaune à l’attaquant espagnol pour simulation.

Le carton vert se trouve dans la poche des entraîneurs

On note donc d’emblée que le carton vert, à la différence des cartons rouge et jaune, n’a pas pour but de sanctionner. Toutefois, son utilisation peut aboutir par la suite à une sanction, comme ce fut le cas pour le joueur espagnol lors de ce match contre le Maroc. On relève également que ce nouvel outil ne fait pas partie de la panoplie de l’arbitre, mais est mis à la disposition des entraîneurs. Ceux-ci peuvent le brandir en cas de désaccord avec une décision arbitrale pour réclamer le recours à l’assistance vidéo. Mais l’utilisation de ce carton vert est limitée à une seule fois par période et par coach. Donc deux possibilités de le sortir par match. Cependant, il est renouvelable si la décision de l’officiel va dans le sens de la demande du sélectionneur.

En substitution, et non en complément de la VAR

Ce « joker » s’utilise dans les mêmes conditions que la VAR en vigueur depuis 2018. Un entraîneur peut y avoir recours notamment en cas de hors-jeu, de potentiel penalty, de carton rouge, d’une erreur manifeste lors d’un but ou en cas d’erreur sur l’identité d’un joueur. Il vient en substitution, et non en complément de l’assistance vidéo classique et n’a pas d’arbitre dédié.

Ainsi, l’arbitre du match entre la Rojita et les Lionceaux de l’Atlas, Gustavo Tejera, a jugé le potentiel penalty à partir de trois angles de caméras, sans oreillette ni arbitre VAR pour le guider. Il a eu pour seul appui le 4e arbitre, qui se tenait à ses côtés pour regarder les mêmes images. Ce système a été employé également pour accorder un penalty à l’Afrique du Sud contre la France lundi (2-1 pour les Bleuets).

Le carton vert dans le foot n’est pas une nouveauté

Cette nouvelle règle rappelle le principe du « challenge » déjà appliqué dans certaines disciplines comme le basket, le volley-ball ou le tennis pour contester une décision arbitrale. En football, le carton vert était utilisé avant les années 2000. Il donnait l’autorisation aux soigneurs de pénétrer sur le terrain pour s’occuper d’un joueur blessé. Aujourd’hui, il suffit d’un simple signe de la main de l’arbitre. Certaines compétitions de jeunes et certaines ligues inférieures (comme la Serie B jusqu’en 2016) s’en servent pour récompenser un acte de fair-play, comme quand un joueur reconnaît qu’il n’y a pas penalty sur lui alors que l’arbitre a sifflé.

Et si le carton vert était utilisé pour sortir un joueur pendant quelques minutes ?

Notons que le carton vert a été introduit en Coupe du monde féminine des moins de 20 ans l’année dernière dans le même but. Sandrine Ringler, sélectionneuse de l’équipe de France U20 féminine, a déclaré qu’elle n’a « pas du tout apprécié cette expérience ». La manager a même laissé le soin à son adjoint d’utiliser ce joker, tandis qu’elle se concentrait sur le coaching de son équipe. Bruno Derrien, ancien arbitre de Ligue 1, affirme également qu’il n’est « pas convaincu », car « les actions qui prêtent à confusion sont déjà quasiment toujours vérifiées par le VAR ». Il pense d’ailleurs que les entraîneurs ne sont pas toujours bien placés pour juger des actions depuis le banc.

Enfin, plusieurs internautes estiment que le carton vert aurait eu un sens s’il servait à infliger une pénalité de quelques minutes. Comme dans le hockey sur gazon où un joueur peut sortir deux minutes suite à une faute. Dans le football, un tel système permettrait d’éviter des cartons rouges préjudiciables, ou de sanctionner une faute trop sérieuse pour un jaune, mais qui ne mérite pas un rouge.