Devenu consultant pour Canal+ après une riche carrière de joueur, David Ginola assume un rôle où l’analyse doit primer sur la passion. Invité de Culture Médias sur Europe 1, l’ancien attaquant du PSG a expliqué comment il s’efforce de poser un regard neutre sur les matchs, malgré des attaches naturelles avec certains clubs. Une façon d’illustrer le délicat équilibre entre la mémoire du joueur et le devoir d’objectivité de l’expert.
Des penchants naturels mais une exigence d’impartialité
Comme beaucoup d’anciens footballeurs devenus consultants, Ginola n’élude pas l’existence de penchants personnels. Passé par le PSG, Tottenham ou Aston Villa, il conserve une affection pour ces clubs. Mais il insiste : « Ce qui est important, c’est de regarder le football avec un œil neutre. »
Cette impartialité est une condition essentielle du métier. L’ancien attaquant rappelle qu’un consultant n’est pas un supporter, mais un analyste chargé de décortiquer le jeu, d’expliquer les choix tactiques et d’apporter un regard éclairé. « Bien sûr, on a des attaches de par nos parcours, mais une fois au micro, il faut mettre ça de côté », insiste-t-il.
Marseille-Real Madrid comme exemple
Mardi soir, l’OM affrontait le Real Madrid en Ligue des champions, un match suivi avec passion par des millions de téléspectateurs. Ginola confie qu’il espérait une victoire marseillaise, sans que cela ne biaise son commentaire. « Ça ne veut pas dire que je vais être contre le PSG », explique-t-il, soulignant qu’il laisse cette logique de rivalité aux supporters.
Pour l’ancien joueur, cette posture est naturelle : « Quand nous étions sur le terrain, jouer au football était notre métier. On ne portait pas une écharpe, on portait un maillot. » Cette distinction entre attachement professionnel et passion de supporter explique selon lui pourquoi les anciens joueurs peuvent analyser avec plus de recul.
Joueurs et supporters, deux visions différentes du club
Ginola rappelle que les supporters et les joueurs ne vivent pas leur club de la même manière. « Pour les fans, il s’agit d’une appartenance viscérale, parfois familiale, transmise de génération en génération. Pour nous, footballeurs, il s’agissait de notre métier. »
Il cite le cas d’Adrien Rabiot, formé au PSG puis joueur de l’OM la saison dernière, un transfert perçu comme une « trahison » par de nombreux supporters parisiens. Pour les joueurs, ce type de changement n’a rien d’exceptionnel. L’histoire du football est jalonnée de carrières où les rivalités des tribunes s’estompent face aux opportunités professionnelles.
Le rôle du consultant, entre pédagogie et analyse
Devenu consultant régulier pour Canal+ lors des grandes soirées de Ligue des champions, David Ginola voit son rôle comme celui d’un pédagogue. Il s’agit d’apporter aux téléspectateurs des clés de lecture qu’ils ne trouvent pas forcément seuls : organisation défensive, ajustements tactiques, psychologie des joueurs.
Sa propre carrière, marquée par des expériences dans plusieurs championnats européens, lui permet d’enrichir son analyse. « On essaie d’expliquer le football avec notre vécu, mais sans tomber dans l’affect », résume-t-il.
Une mission de crédibilité pour Canal+
Pour la chaîne cryptée, qui diffuse en intégralité la Ligue des champions, l’impartialité de ses consultants est un gage de crédibilité. Dans une compétition où les passions sont exacerbées, notamment autour du PSG et de l’OM, la neutralité est un équilibre délicat mais essentiel.
En accueillant cette saison de nouvelles figures comme Steve Mandanda, Canal+ confirme sa volonté de mettre en avant des voix d’anciens joueurs proches du terrain, mais aussi capables de prendre de la distance. Laure Boulleau, Samir Nasri et Ginola incarnent cette diversité de profils, entre vécu de joueurs et regard analytique.
Le poids de l’expérience
À 57 ans, David Ginola a derrière lui une carrière riche et variée : 17 sélections en équipe de France, des passages marquants en Ligue 1 et en Premier League, et une reconnaissance internationale pour son élégance technique. Ce vécu nourrit son expertise, mais il sait qu’il doit le mettre au service de l’analyse, pas de la nostalgie.
Sa crédibilité tient autant à son expérience qu’à sa capacité à rester neutre, même face à des clubs qui ont marqué sa vie. C’est cette impartialité assumée qui fait de lui une voix respectée dans le paysage audiovisuel sportif.
Un consultant plus qu’un supporter
L’évolution de Ginola illustre plus largement le rôle croissant des consultants dans la médiatisation du football. Entre analyse tactique et mise en récit, ils participent à enrichir l’expérience télévisuelle, en complément des images. Pour lui, la clé est simple : « Le consultant ne doit pas être un supporter avec un micro, mais un passeur de connaissances. »
Avec cette approche, David Ginola continue d’élargir son influence, non plus comme joueur sur le terrain, mais comme figure médiatique capable de partager une vision du football qui transcende les rivalités de supporters.
