Vingt-cinq ans après son premier passage express sur le banc du Benfica Lisbonne, José Mourinho s’apprête à retrouver son club de cœur. Limogé fin août par Fenerbahçe, l’entraîneur de 62 ans a confirmé avoir donné son accord pour entraîner les Aigles, actuels quatrièmes de la Liga Portugal. Un retour qui résonne comme un symbole, mais aussi comme un nouveau défi pour le « Special One », décidé à prouver qu’il n’a rien perdu de sa grinta.
Un come-back hautement symbolique
L’histoire aurait pu rester inachevée. En septembre 2000, José Mourinho faisait ses premiers pas en tant qu’entraîneur principal au Benfica. À peine trois mois plus tard, il claquait la porte après un désaccord avec la direction. Un quart de siècle plus tard, l’enfant terrible du football portugais retrouve enfin le club qui l’a lancé dans le grand bain.
À son arrivée mercredi à Lisbonne, accueilli par une nuée de journalistes, Mourinho n’a pas cherché à cacher son enthousiasme : « Ils m’ont demandé si j’étais intéressé par Benfica. J’ai dit oui. Quand j’ai été confronté à la possibilité d’entraîner ce club, je n’ai pas hésité. Quel entraîneur refuserait Benfica ? Pas moi. »
Le timing ne doit rien au hasard. Benfica sort d’une humiliation européenne à domicile face à Qarabag (2-3), qui a précipité le départ de Bruno Lage. Le siège était vide, l’opportunité trop belle.
Le défi sportif qui attend Mourinho
Si Benfica reste l’un des clubs phares du football portugais, la situation actuelle est loin d’être idéale. Après un début de saison en dents de scie et une défaite cinglante en Ligue des champions, les Aigles pointent à la quatrième place du championnat. L’objectif est clair : redonner de l’élan à une équipe qui semble avoir perdu confiance.
Pour Mourinho, le défi est double. Sur le plan domestique, il doit relancer la machine pour concurrencer Porto, Braga et le Sporting. Sur le plan européen, il doit effacer la désillusion des barrages de Ligue des champions où… Benfica avait éliminé Fenerbahçe, son ancien club, quelques jours seulement avant son limogeage. Ironie du sort, c’est face à son bourreau qu’il rebondit.
Le « Special One » en quête de rédemption
À 62 ans, José Mourinho a connu une carrière faite de triomphes et de polémiques. Double vainqueur de la Ligue des champions (2004 avec Porto, 2010 avec l’Inter Milan), il a marqué l’histoire de Chelsea, du Real Madrid ou encore de la Roma, où il a offert une Ligue Europa Conférence inédite en 2022. Mais ses dernières expériences ont été plus chaotiques.
À Tottenham, il n’a pas tenu deux saisons. À Fenerbahçe, il a été remercié après seulement un an, malgré une deuxième place en championnat. Partout, Mourinho attire les projecteurs, souvent par son franc-parler et ses confrontations avec ses dirigeants. Son retour à Benfica pourrait être l’occasion de réhabiliter son image, en ramenant un souffle nouveau à un club en quête de stabilité.
Une relation passionnelle avec le Portugal
Mourinho avait souvent répété qu’il se voyait terminer sa carrière dans son pays natal. Après avoir sillonné l’Europe et remporté des trophées majeurs, il revient à la maison. Pour les supporters du Benfica, ce retour est un mélange d’excitation et de curiosité. Peut-il encore faire la différence dans un football portugais qui a évolué depuis ses débuts ?
L’homme au caractère bien trempé garde une aura intacte au Portugal. Sa capacité à fédérer un groupe, à créer une mentalité de conquérant et à galvaniser ses joueurs reste sa marque de fabrique. Mais le défi tactique est immense : il devra composer avec un effectif remodelé, marqué par des départs importants et fragilisé par les résultats récents.
Un coup médiatique et stratégique pour Benfica
Au-delà du terrain, ce retour est un coup de maître en termes d’image pour le Benfica Lisbonne. Le club, en difficulté sportive, s’offre le prestige d’un entraîneur mondialement reconnu. L’effet immédiat est déjà visible : une effervescence médiatique sans précédent et un regain d’attention internationale sur la Liga Portugal.
Ce pari comporte néanmoins des risques. Mourinho est un entraîneur clivant, parfois difficile à gérer dans la durée. Sa relation avec la direction sera scrutée de près, surtout après l’échec de son premier passage. Mais une chose est certaine : l’arrivée du « Special One » ne laissera personne indifférent.
Un nouveau chapitre pour une légende vivante
José Mourinho aime se réinventer. Après chaque départ tumultueux, il a trouvé un rebond. Le voilà de retour au point de départ, dans un club qui symbolise ses premiers pas. Pour les supporters de Benfica, ce come-back réveille l’espoir d’une saison charnière. Pour Mourinho, il s’agit d’un nouveau chapitre, peut-être l’un des plus personnels de sa carrière.
Reste à savoir si le « Special One » réussira à transformer ce retour en triomphe ou s’il ajoutera une nouvelle page mouvementée à une trajectoire déjà hors du commun. Une chose est sûre : l’Europe du football suivra de très près ses débuts, tant l’histoire a des allures de boucle bouclée.
