Alors que la Vuelta 2025 a été perturbée par des actions militantes, le directeur du Tour de France alerte sur une fragilité inédite pour les courses cyclistes, à quelques mois du Grand Départ 2026 prévu à Barcelone.
Un climat inédit pour le cyclisme sur route
Le patron de la Grande Boucle, Christian Prudhomme, a pris la parole à Berlin lors d’une table ronde consacrée à la sortie d’un livre sur le Tour de France. Interrogé sur les incidents qui ont marqué le récent Tour d’Espagne, il n’a pas caché sa préoccupation. «On est dans un phénomène complètement nouveau», a-t-il souligné, rappelant que le cyclisme sur route est depuis toujours exposé aux réalités sociales et politiques des pays qu’il traverse. Mais cette fois, la récurrence et l’ampleur des manifestations propalestiniennes ont marqué un tournant.
Des neutralisations inédites à la Vuelta
Durant trois semaines, la Vuelta a été rythmée par des interruptions liées à des cortèges et blocages organisés contre la participation de l’équipe Israël Premier Tech et en réaction à la situation à Gaza. À Madrid, la dernière étape a même été stoppée à plus de 50 kilomètres de l’arrivée, les coureurs étant renvoyés directement à leurs hôtels. Une image rare pour une grande course internationale, qui a mis en lumière la difficulté de maintenir l’intégrité sportive de l’événement face à une contestation massive.
Le poids de l’histoire et la fragilité du cyclisme
Christian Prudhomme a rappelé que les courses cyclistes n’ont jamais été à l’abri des «soubresauts de la vie». Dans les années 1920 déjà, des brigands s’en prenaient aux coureurs. Plus tard, les organisateurs ont dû composer avec les crises sociales ou économiques locales, parfois visibles au bord des routes. «Quand nous allons quelque part, il y a toujours des usines qui ferment, et il y a des négociations qui sont forcément nécessaires», a-t-il souligné, insistant sur la dimension profondément populaire et poreuse du cyclisme par rapport à d’autres sports confinés dans des enceintes fermées.
Une inquiétude à la veille du Grand Départ 2026 à Barcelone
L’épisode espagnol intervient à quelques mois d’un moment clé pour le Tour de France : le Grand Départ 2026, qui doit avoir lieu à Barcelone avec trois étapes disputées en Espagne. Si Prudhomme s’est montré confiant dans la capacité de la Grande Boucle à mobiliser les foules, il a également rappelé que la sécurité reste un enjeu majeur. Chaque année, environ 28.000 policiers et gendarmes sont mobilisés en France pour encadrer l’épreuve. Mais la récente attitude des autorités espagnoles, accusées par l’UCI d’avoir laissé prospérer les manifestations, inquiète certains acteurs du peloton.
Une épreuve symbole, mais fragile
Pour Prudhomme, la force du Tour et des autres grands rendez-vous réside dans l’attachement populaire : «La force des épreuves d’ordinaire, c’est justement que les gens ne veulent pas qu’elles soient perturbées.» Or, le scénario de la Vuelta 2025 laisse craindre que ce consensus soit fragilisé par des causes politiques internationales, qui dépassent largement le cadre du sport.
En filigrane, la question qui se pose désormais est simple : comment concilier la nature ouverte et festive du cyclisme avec un climat géopolitique de plus en plus tendu ? À Barcelone dans moins d’un an, l’organisation devra prouver que la fête peut l’emporter sur la contestation.
