Selon une nouvelle étude néo-zélandaise, les rugbymen ont 25% de risques supplémentaires de développer des troubles cérébraux après leur carrière. Ces risques sont plus importants chez les joueurs occupant des postes d’arrières que les avants.
Bien qu’éloigné du bling-bling, le rugby fait partie des sports les plus populaires au monde avec le football et le basketball. Mais il est aussi l’un des plus violents, en raison notamment des chocs répétés, surtout au niveau de la tête, que subissent les licenciés de rugby, qu’ils soient professionnels, semi-professionnels ou amateurs. Ces chocs crânien peuvent avoir des répercussions sévères sur le cerveau. Plusieurs rugbymen ont confié récemment souffrir de perte de mémoire, après avoir raccroché les crampons. C’est le cas du Français Sébastien Chabal, qui avait déclaré il y a quelques mois de cela ne plus se souvenir d’une seule seconde de matchs auxquels il a participé durant sa carrière.
Un lien entre la pratique du sport et l’augmentation du risque de développer des troubles cérébraux
Dans une nouvelle étude publiée fin août, des chercheurs néo-zélandais mettent justement en lumière le lien entre la pratique du rugby et l’augmentation du risque de développer des troubles cérébraux, en particulier la démence. Publiée le 4 septembre dans Sports Medicine, cette étude s’inscrit dans le cadre du projet de recherche néo-zélandais « Kumanu Tāngata » de l’Université d’Auckland, visant à explorer la santé et les conséquences sociales à long terme sur les joueurs de rugby de haut niveau en Nouvelle-Zélande. Il était principalement question d’évaluer le risque de développer des maladies neurologiques comme Alzheimer, Parkinson ou des démences.
Environ 8 anciens internationaux sur 100 avaient développé une maladie neurodégénérative à la fin de la période de suivie
Dans le cadre de leur étude, les chercheurs de l’Université d’Auckland ont examiné pendant 35 ans (entre 1988 et 2023) les dossiers médicaux de près de 13 000 hommes qui avaient participé à des compétitions de rugby à un niveau allant de semi-professionnel à professionnel, entre 1950 et 2000. Ils ont comparé les résultats obtenus à ceux de 2,4 millions d’hommes néo-zélandais du même âge, de la même origine ethnique et du même lieu de naissance.
Résultat : environ 6 joueurs provinciaux sur 100 et 8 anciens internationaux sur 100 avaient développé une maladie neurodégénérative à la fin de la période de suivi, contre 5 sur 100 dans la population générale. Les joueurs de rugby ont donc près de 25 % de risques en plus de développer des démences.
Des risques plus élevés chez les rugbymen évoluant au poste d’arrières
L’équipe de recherche précise que le risque de démence apparaît généralement entre 70 et 79 ans (donc après la carrière), et ce, sans qu’aucun signe ne soit survenu auparavant. De plus, les chercheurs ont constaté que la position qu’occupent les joueurs sur le terrain, ainsi que leur temps de jeu, pouvaient influer sur le risque de maladies neurodégénératives comme Alzheimer et Parkinson.
Les joueurs évoluant au poste d’arrières présentaient des risques plus importants que les avants. « Ces risques augmentaient davantage au fur et à mesure qu’ils jouaient ou qu’ils disputaient de nombreux matchs, une tendance non observée pour les avants », a souligné Francesca Anns, doctorante et auteure principale de l’étude.
Les instances du rugby saluent cette étude
La New Zealand Rugby (NZR) et la New Zealand Rugby Foundation ont salué la publication de cette importante étude. Mark Robinson, PDG de NZR, qui a lui-même joué au plus haut niveau, affirme que cette recherche constitue une étape essentielle dans le travail continu de son organisation en matière de bien-être des joueurs, notamment en ce qui concerne la santé cérébrale et les commotions cérébrales.
« Même si nous ne pouvons pas changer le passé, nous reconnaissons l’impact que le rugby a eu sur certains joueurs et leurs familles. Leurs expériences comptent profondément et continuent de guider nos efforts pour améliorer la santé des joueurs et impulser des changements significatifs dans le sport », a déclaré le dirigeant.
Un plan pour améliorer la gestion des risques de commotion cérébrale et de santé cérébrale chez les rugbymen
De son côté, Lisa Kingi-Bon, directrice générale de la New Zealand Rugby Foundation, a affirmé que Kumanu Tāngata reflète l’engagement continu de son organisation à soutenir les joueurs au-delà de leur temps sur le terrain. Rappelons qu’en mars 2025, la NZR, l’Association des joueurs de rugby néo-zélandais (NZRPA) et la Fondation néo-zélandaise de rugby ont lancé un plan pour améliorer la gestion des risques de commotion cérébrale et de santé cérébrale.
Ce programme inclut le soutien aux anciens joueurs atteints de maladies neurodégénératives, des modifications législatives visant à réduire les contacts à fort impact, des protocoles améliorés d’évaluation des traumatismes crâniens (HIA) et un meilleur accès à un soutien médical spécialisé.
La pratique du rugby a beaucoup évolué depuis les années 2000
Il faut souligner que l’étude néo-zélandaise n’intègre pas les joueurs ayant débuté leur carrière après 2000. Depuis le début du millénaire, la pratique du rugby a beaucoup évolué, le bien-être des joueurs étant devenu un facteur essentiel. On a notamment des règles plus strictes en matière de plaquage, des techniques de mêlée plus sûres et des protocoles médicaux renforcés pour réduire les risques de commotion cérébrale et favoriser la santé cérébrale à long terme.
