Actualités Sport Une

Femmes et ultra-trail : la conquête des sommets

Longtemps considéré comme un bastion masculin, l’ultra-trail attire aujourd’hui un nombre croissant de femmes. De plus en plus performantes, elles repoussent les limites du possible, bousculent les stéréotypes et redéfinissent le visage d’une discipline extrême.

Ultra-trail : une discipline hors normes

L’ultra-trail, c’est l’art de courir sur des distances démesurées, souvent en montagne, parfois au-delà de 100 kilomètres, avec des dénivelés vertigineux. Né dans les années 1970 et popularisé par des courses mythiques comme l’Ultra-Trail du Mont-Blanc (UTMB), il représente l’une des disciplines les plus exigeantes du sport d’endurance.

Pendant longtemps, cette pratique semblait réservée aux hommes, jugés plus aptes à supporter de tels efforts physiques. Mais au fil des années, les femmes se sont imposées, démontrant qu’elles possèdent des qualités physiologiques et mentales parfaitement adaptées à ces épreuves extrêmes.

La montée en puissance des pionnières

Les années 2000 marquent un tournant. Des pionnières comme l’Américaine Ann Trason, plusieurs fois victorieuse de courses mythiques, prouvent que les femmes peuvent rivaliser avec les hommes sur les longues distances. En Europe, des athlètes comme Nathalie Mauclair ou Caroline Chaverot s’illustrent, ouvrant la voie à toute une génération.

Ces succès médiatisés inspirent d’autres coureuses et bouleversent les mentalités. Peu à peu, les femmes ne participent plus seulement à l’ultra-trail : elles s’y imposent, parfois en battant les hommes sur certaines épreuves.

Des performances qui bousculent les stéréotypes

Contrairement aux idées reçues, l’ultra-trail n’est pas qu’une affaire de puissance brute. L’endurance, la gestion de l’effort, la résistance mentale jouent un rôle déterminant. Or, sur ces terrains, les femmes possèdent parfois des atouts physiologiques spécifiques : meilleure utilisation des graisses comme source d’énergie, résistance accrue à la fatigue, tolérance supérieure à la douleur.

Résultat : sur des courses dépassant 100 kilomètres, il n’est pas rare de voir des femmes se hisser dans le top 10, voire battre tous les concurrents masculins. En 2019, l’Américaine Courtney Dauwalter a remporté l’Ultra-Trail du Mont-Blanc féminin, mais surtout terminé 21e au classement général, à seulement quelques minutes des meilleurs hommes. Sur d’autres courses, elle a même battu l’ensemble du peloton masculin.

Une communauté en pleine expansion

Le succès des femmes dans l’ultra-trail s’accompagne d’une augmentation spectaculaire du nombre de pratiquantes. Les organisateurs estiment qu’elles représentent désormais près de 25 à 30 % des participants, contre moins de 10 % il y a vingt ans.

Les réseaux sociaux et les récits de courses contribuent à cette popularité. Les coureuses partagent leurs expériences, leurs doutes, leurs réussites, inspirant d’autres femmes à se lancer. L’ultra-trail devient ainsi un espace d’empowerment, où chaque participante prouve qu’elle est capable de repousser ses limites.

Les défis spécifiques des femmes

Malgré cette progression, des défis subsistent. Les femmes doivent encore affronter des préjugés : « Ce sport est trop dur », « Tu n’y arriveras pas », « Ce n’est pas un sport pour les femmes ». Certaines dénoncent aussi un manque de visibilité médiatique, les résultats féminins étant parfois relégués au second plan derrière ceux des hommes.

Les conditions d’entraînement peuvent également poser des contraintes spécifiques, liées à la gestion hormonale, à la maternité ou à l’équilibre entre vie personnelle et pratique sportive. Mais loin de les freiner, ces obstacles renforcent souvent leur détermination.

Une source d’inspiration pour le sport féminin

L’essor des femmes en ultra-trail dépasse le cadre de la discipline. Il incarne une transformation plus large du sport féminin, où les barrières tombent peu à peu. Le fait que des femmes puissent rivaliser avec les hommes sur des distances extrêmes remet en cause des stéréotypes séculaires et contribue à redéfinir l’image de l’athlète féminine.

De plus, ces performances spectaculaires captivent le grand public, contribuant à la notoriété croissante de l’ultra-trail. En incarnant la persévérance, la force mentale et la capacité à surmonter l’impossible, les coureuses deviennent des modèles universels, admirés bien au-delà du cercle des passionnés.

Vers une égalité sur les sentiers

L’ultra-trail n’a plus de genre. Il est devenu le terrain d’expression d’athlètes capables de repousser les limites de l’endurance humaine, qu’ils soient hommes ou femmes. Les victoires féminines, la montée du nombre de pratiquantes et l’évolution des mentalités montrent que la discipline entre dans une nouvelle ère.

À l’avenir, il ne s’agira plus de comparer les performances féminines et masculines, mais de célébrer ensemble la beauté de ce sport unique. Car sur les sentiers escarpés des montagnes, une vérité s’impose : face à l’effort, au froid, à la douleur et au dépassement de soi, hommes et femmes partagent le même souffle, la même passion, la même conquête des sommets.