Le refrain de Vuoto a perdere, interprété par la chanteuse italienne Noemi, a franchi les frontières pour devenir le chant de ralliement des ultras parisiens. Aujourd’hui, « Tous ensemble, on chantera » dépasse les tribunes du Parc des Princes et symbolise un véritable phénomène culturel.
Une mélodie venue d’Italie
À l’origine, Noemi n’imaginait pas que l’une de ses chansons deviendrait, plus d’une décennie plus tard, l’hymne d’un des plus grands clubs européens. Sorti en 2011 sur son deuxième album RossoNoemi, Vuoto a perdere s’inscrivait d’abord dans la carrière classique d’une chanteuse reconnue en Italie. Mais ce morceau a pris une tout autre dimension lorsqu’il a été repris dans les tribunes napolitaines.
Les tifosi du Napoli, fidèles à leur tradition d’adapter des airs populaires à leur passion pour le club, se sont emparés du refrain pour en faire Sarò con te (« Je serai avec toi »). La chanson transformée est rapidement devenue un symbole dans le stade Diego-Maradona, accompagnant les joueurs dans leurs combats pour le titre.
L’inspiration napolitaine et la renaissance parisienne
De Naples à Paris, il n’y avait finalement qu’un pas. Dans les années 2010, les ultras du PSG, revenus au Parc des Princes après plusieurs saisons d’absence, cherchaient à reconstituer une identité sonore forte. C’est dans ce contexte que l’air de Noemi a traversé les Alpes.
Rebaptisé Tous ensemble, on chantera, le chant est devenu l’une des signatures du Virage Auteuil. Plus qu’une simple adaptation, il s’agit d’un hymne collectif qui exprime l’attachement viscéral des supporters parisiens à leur club. Ses paroles évoquent la fidélité, les épreuves traversées et l’amour indéfectible pour le PSG, des thèmes qui trouvent un écho particulier dans l’histoire récente des fans.
Un chant devenu symbole d’un sacre historique
Longtemps confiné aux tribunes, Tous ensemble, on chantera a pris une nouvelle dimension lors de la saison 2024-2025. Avec l’épopée victorieuse des joueurs de Luis Enrique en Ligue des champions, le refrain a dépassé le cadre du Parc des Princes pour s’imposer comme un véritable tube populaire.
Lors de la finale remportée, les images de milliers de supporters parisiens chantant à l’unisson ont marqué les esprits. Le morceau a alors franchi les frontières du football pour se diffuser dans les rues de Paris, sur les réseaux sociaux, et même dans certains médias généralistes. En quelques semaines, ce chant de supporter s’est mué en phénomène culturel.
La fierté de Noemi
Pour Noemi, voir sa mélodie adoptée par des foules passionnées représente une immense fierté. Interrogée par plusieurs médias italiens, la chanteuse de 43 ans s’est dite « honorée » que son travail ait trouvé un tel écho dans le monde du football. « C’est une chanson que j’ai écrite dans un tout autre contexte, mais la voir devenir un hymne de victoire et de partage est un cadeau incroyable », a-t-elle déclaré.
Ce succès inattendu rappelle aussi la capacité du football à transformer des œuvres artistiques en symboles collectifs. Comme d’autres chansons avant elle, Vuoto a perdere a trouvé une seconde vie dans les stades, où les émotions transcendées donnent un sens nouveau aux mélodies.
Quand la musique rencontre le football
L’histoire de Tous ensemble, on chantera illustre une tendance forte dans le football moderne : la porosité entre culture musicale et culture sportive. De nombreux clubs, notamment en Amérique latine et en Europe du Sud, adaptent des chansons populaires en hymnes de supporters. Ces créations participent à l’identité sonore des stades et renforcent le sentiment d’appartenance des fans.
Dans le cas du PSG, ce chant s’inscrit dans une tradition parisienne déjà riche, aux côtés d’autres refrains emblématiques. Mais sa puissance émotionnelle, renforcée par le sacre européen, le distingue comme un moment fondateur de l’histoire récente du club.
Un héritage partagé entre Naples et Paris
Il est intéressant de noter que l’hymne parisien a d’abord contribué au retour en grâce du Napoli. Le chant Sarò con te a accompagné les Napolitains dans leur conquête d’un nouveau Scudetto en 2023, puis d’un autre en 2025, des décennies après les titres acquis à l’époque de Diego Maradona.
Cette continuité donne au morceau de Noemi une aura particulière : il a servi de bande-son aux exploits sportifs de deux clubs historiques, chacun dans son contexte, chacun avec sa propre réinterprétation. Pour les supporters, cette filiation renforce l’idée que le football est avant tout une affaire de passion universelle, qui dépasse les frontières nationales.
Une mélodie promise à durer
L’avenir dira si Tous ensemble, on chantera conservera sa place dans le répertoire parisien ou s’il sera remplacé par de nouveaux chants. Mais à l’heure actuelle, il est indéniable qu’il a marqué une génération de supporters et qu’il symbolise un moment charnière de l’histoire du PSG.
Dans un sport où la mémoire se construit autant par les exploits sportifs que par les émotions vécues en tribunes, ce refrain restera lié à la conquête de la Ligue des champions 2025. Pour les fans, il représente une promesse : celle de continuer à « se casser la voix » pour soutenir leur club, quoi qu’il arrive.
