À l’occasion de la Coupe du monde de rugby féminin 2025 en Angleterre, World Rugby introduit une nouvelle version de ses protège-dents connectés. Dotés de LED clignotantes, ils permettront d’alerter immédiatement en cas de choc à la tête, renforçant ainsi la prévention des commotions cérébrales et impliquant davantage le public dans cette problématique.
Une technologie qui franchit un cap
Les protège-dents connectés ne sont pas une nouveauté absolue dans le rugby. Leur utilisation avait déjà été annoncée par World Rugby en 2023, permettant de transmettre en temps réel des données aux équipes médicales grâce au Bluetooth. Mais pour cette Coupe du monde féminine, disputée du 22 août au 27 septembre en Angleterre, l’innovation franchit un nouveau palier. Les nouveaux modèles seront équipés de LED clignotantes qui s’allumeront lors d’un contact significatif à la tête.
Le principe est simple : si la lumière s’allume en rouge, l’arbitre interrompt immédiatement le jeu et la joueuse concernée est soumise à un examen médical pour évaluer la gravité du choc. Selon Lindsay Starling, responsable scientifique et médicale de World Rugby, cette évolution a une double fonction : protéger les joueuses et sensibiliser spectateurs et téléspectateurs. « Les officiels de match et les joueurs pourront constater qu’une joueuse a subi un choc violent à la tête grâce au voyant rouge clignotant », explique-t-elle. « Cela permettra également d’alerter les supporteurs, que ce soit dans les tribunes ou devant leur écran, sur les dangers liés aux traumatismes crâniens. »
Une couverture presque totale du tournoi
Toutes les joueuses participant à cette Coupe du monde porteront ces protège-dents, à l’exception de deux d’entre elles qui, pour raisons médicales, ne peuvent pas les utiliser car elles portent un appareil dentaire. Le médecin-chef de World Rugby, Eanna Falvey, salue l’initiative et espère qu’elle pourra s’étendre à l’ensemble du rugby à XV dans un avenir proche. « Ce serait formidable pour le jeu, mais le choix personnel reste important, tout comme l’autonomie », précise-t-il, soulignant que cette technologie ne doit pas être imposée de manière autoritaire, mais encouragée par ses bénéfices.
Un gain de réactivité
L’apport principal de cette innovation réside dans la rapidité d’intervention. Jusqu’à présent, le système Bluetooth envoyait les données aux médecins du match, ce qui pouvait prendre plusieurs secondes, un délai qui compte dans le traitement d’une commotion cérébrale. Avec le voyant lumineux visible instantanément par les officiels, le temps de réaction est réduit, permettant une prise en charge quasi immédiate.
Cette avancée répond également à un enjeu majeur : rendre la détection plus visible pour tous. Les commotions, souvent invisibles au premier coup d’œil, peuvent passer inaperçues si aucun signe extérieur ne se manifeste. Le voyant rouge rend le signal évident pour les arbitres, les staffs, les joueuses elles-mêmes et le public.
Limites et perspectives
Toutefois, cette technologie ne prétend pas être infaillible. Comme le rappelle Lindsay Starling, un choc à la tête ne provoque pas systématiquement une commotion, et inversement, une commotion peut survenir à la suite d’un impact modéré qui ne déclenche pas forcément l’alerte. « Il est important de comprendre que les données enregistrées par le protège-dents ne permettent pas encore d’identifier avec certitude toutes les fautes ou tous les cas de commotion », insiste-t-elle.
L’utilisation des LED est donc un outil complémentaire, et non un remplacement des protocoles médicaux classiques. Les examens cliniques et l’observation des symptômes restent essentiels pour poser un diagnostic fiable.
Un enjeu de sensibilisation plus large
Au-delà de l’aspect purement médical, cette innovation cherche aussi à toucher un public plus large. En rendant visible un incident potentiellement grave, World Rugby espère faire évoluer la perception des commotions cérébrales. Trop souvent banalisées dans les sports de contact, elles peuvent pourtant avoir des conséquences lourdes sur la santé à long terme : maux de tête persistants, troubles de la mémoire, risques accrus de maladies neurodégénératives.
Voir un voyant rouge clignoter au cœur d’un match télévisé peut ainsi devenir un message fort : les impacts à la tête ne sont pas un simple « fait de jeu », mais un signal d’alerte nécessitant attention et précaution.
Un modèle pour d’autres sports ?
Si le système est concluant, il pourrait inspirer d’autres disciplines où les chocs à la tête sont fréquents : rugby à XIII, football américain, hockey sur glace, voire football. La visibilité immédiate de l’incident, couplée à une réaction rapide, pourrait contribuer à réduire les risques dans de nombreux sports.
L’expérience menée lors de cette Coupe du monde féminine servira donc de test grandeur nature. Les données recueillies permettront d’évaluer non seulement l’efficacité technique du dispositif, mais aussi son impact sur les comportements, la prévention et la culture du jeu.
Vers un rugby plus sûr
Avec ces protège-dents connectés à LED, World Rugby envoie un signal fort : la santé des joueuses prime sur l’enjeu sportif. En associant innovation technologique et sensibilisation, l’instance espère faire progresser la lutte contre les commotions cérébrales et instaurer une culture de prévention plus ancrée.
Si le rugby reste un sport de contact intense, il démontre ici sa capacité à évoluer pour protéger ses pratiquants, tout en conservant son esprit et sa passion.
