À l’aube de la nouvelle saison de football professionnel, les autorités françaises mettent en place un dispositif de sécurité renforcé autour des rencontres. Dans une note interne datée du 15 juillet 2025, le directeur national de la sécurité publique (DNSP) détaille les directives qui devront guider policiers, clubs et instances dans la lutte contre les violences, les débordements et les discriminations dans les stades. Ce texte, consulté par RMC Sport, s’appuie sur les enseignements d’une saison marquée par de fortes tensions et plusieurs incidents notoires.
Un bilan préoccupant en 2024-2025
La saison écoulée a vu se multiplier les polémiques et les incidents, notamment en Ligue 2, où un mouvement de contestation des supporters s’est exprimé avec force contre la Ligue de Football Professionnel (LFP) et ses diffuseurs, principalement sur le thème de la programmation des matches. Parallèlement, plusieurs faits de violence entre groupes rivaux, ainsi que des chants discriminatoires relayés dans les tribunes, ont alimenté l’inquiétude des autorités.
Pour le DNSP, ces évènements imposent une réponse claire : toutes les instructions ministérielles en matière de sécurité et de lutte contre les violences doivent être appliquées à la lettre.
Rôle central de la DNLH
La Direction nationale de lutte contre le hooliganisme (DNLH), récemment placée sous la direction d’un nouveau responsable, sera au cœur du dispositif. Son expertise devra être mobilisée pour préparer chaque rencontre, évaluer les risques et proposer les mesures adaptées. Les préfectures et les forces de l’ordre devront travailler main dans la main avec cette instance afin d’anticiper les situations à risques.
Le document insiste également sur la nécessité de “systématiser le traitement judiciaire” des incidents et d’“accentuer le recours aux interdictions de stade”. Ces mesures doivent s’appuyer sur la convention signée le 25 juin dernier entre l’État et la LFP, qui fixe un cadre commun pour la sécurisation des matches.
Un dispositif à cinq niveaux de risque
Comme les saisons précédentes, la classification des matches selon cinq niveaux de risque reste en vigueur. Les clubs concernés par les rencontres les plus sensibles devront renforcer leurs dispositifs de sécurité privée, améliorer la qualité des palpations à l’entrée des stades et entretenir une “relation étroite” avec les forces de l’ordre dans une logique de coproduction de la sécurité.
Si les interdictions de déplacement de supporters se sont multipliées ces dernières années, le DNSP rappelle qu’elles doivent rester “exceptionnelles” et ne pouvoir être justifiées que par un risque grave et avéré pour l’ordre public, lorsque aucune autre mesure moins restrictive ne peut suffire.
La menace des guets-apens
L’une des préoccupations majeures pour cette saison concerne les attaques ciblées contre les convois de supporters ou même de joueurs. Ces “guets-apens”, parfois organisés à plusieurs dizaines de kilomètres du lieu de la rencontre, sont menés par des individus souvent cagoulés et difficiles à identifier. Le DNSP demande aux forces de l’ordre d’être particulièrement vigilantes sur ce point.
Dans le même esprit, la lutte contre toutes les formes de discriminations – racisme, antisémitisme, homophobie – est présentée comme une priorité absolue. Les chants, banderoles ou comportements discriminatoires devront être signalés immédiatement à la DNLH et faire l’objet de procédures appropriées.
Des sanctions mieux suivies
Les interdictions de stade, qu’elles soient judiciaires, administratives ou commerciales, devront systématiquement être inscrites dans le fichier des personnes recherchées (FPR) afin d’assurer un contrôle efficace lors des entrées dans les enceintes sportives. Ce suivi permettra d’éviter que des individus sanctionnés ne puissent contourner leur interdiction.
Le football amateur sous surveillance
Si le plan concerne prioritairement la Ligue 1 et la Ligue 2, le DNSP rappelle que le football amateur n’est pas épargné par les incidents. Les rencontres de National 1, National 2 et National 3 feront donc l’objet d’une attention particulière, avec des comptes rendus et échanges réguliers avec la DNLH en cas d’incidents ou de risques identifiés.
Cette vigilance s’étendra aussi aux divisions inférieures lorsqu’un club attire un grand nombre de supporters ou abrite des groupes à risques. La récente réduction du nombre de clubs dans les divisions professionnelles pourrait mécaniquement entraîner une concentration accrue de supporters dans certaines divisions amateures, d’où la nécessité de prévenir tout débordement.
Une saison placée sous le signe de la responsabilité collective
Au-delà des directives techniques, cette note traduit une volonté : faire du retour au calme dans les stades un objectif partagé par tous les acteurs, des autorités aux clubs, en passant par les supporters. L’idée est claire : seule une collaboration étroite, associant prévention et répression, permettra de sécuriser durablement les matches et de préserver l’image du football français.
Si les mesures annoncées sont appliquées avec rigueur, la saison 2025-2026 pourrait marquer un tournant dans la gestion de la sécurité. Mais leur efficacité dépendra largement de la capacité de chacun à jouer le jeu – sur et en dehors du terrain.
