Dans quelques heures, Ilian Bouafia vivra l’un des moments les plus importants de sa carrière. Le combattant français, engagé chez les -93 kg, entrera dans la cage de l’Apex de Las Vegas pour participer aux Dana White’s Contender Series (DWCS), ce format impitoyable où un seul objectif compte : impressionner Dana White et ses matchmakers. Car ici, la victoire ne suffit pas. Il faut marquer les esprits pour décrocher un précieux contrat avec la plus puissante organisation de MMA au monde.
Un concept taillé pour révéler les stars
Les DWCS ne sont pas un simple tournoi ou un championnat. C’est un véritable entretien d’embauche grandeur nature, retransmis en direct, avec Dana White lui-même en jury final. Depuis leur création, ces combats ont permis à de nombreux talents de rejoindre l’UFC, parfois pour y devenir des têtes d’affiche. Sean O’Malley, aujourd’hui champion et superstar de la discipline, y a fait ses premiers pas médiatiques.
Bolaji Oki, combattant belge surnommé le “Zulu Warrior”, est à ce jour le seul représentant de la scène francophone à avoir réussi ce test. En août 2023, il avait battu le Français Dylan Salvador par TKO dès le premier round, gagnant ainsi son ticket pour l’UFC. Aujourd’hui, il se prépare pour l’UFC Paris, où il affrontera Mason Jones le 6 septembre, mais il se souvient encore parfaitement de ce moment-clé.
Une opportunité tombée du ciel
Pour Oki, tout a commencé par un coup du destin. “À la base, je devais boxer pour une ceinture dans une autre organisation belge. L’événement a été annulé. J’étais dégoûté. Puis mon coach m’a annoncé que j’allais à Vegas pour les Contender Series. Je n’y croyais pas. C’était un rêve qui se réalisait”, confie-t-il.
Le Belge s’est alors lancé dans un camp d’entraînement intense, partagé entre Bruxelles et Las Vegas. Il a notamment travaillé dans la mythique salle Xtreme Couture, fréquentée par des champions UFC. “C’est incroyable. Tu arrives aux États-Unis pour la première fois, tu vois tout en grand. Puis tu entres dans l’Apex et tu comprends que tu es là pour te battre pour ta place”, se souvient-il.
Un défi qui dépasse la victoire
Participer aux DWCS, c’est accepter une pression colossale. Les combattants savent que chaque coup porté ou encaissé peut décider de leur avenir. “Ce n’est pas juste gagner, c’est impressionner. Dana White est là, en train de te regarder. Tu te dis que c’est le moment ou jamais, qu’il ne faut pas avoir de frein”, explique Oki.
Cette exigence change tout. Les athlètes doivent adopter un style agressif, spectaculaire, parfois au détriment de la prudence. “Tu dois montrer que tu peux offrir un combat que les fans voudront voir à l’UFC. C’est ça que recherche Dana White”, insiste le Belge.
Ilian Bouafia face à son destin
Pour Ilian Bouafia, ce rendez-vous est un moment charnière. En cas de succès, il pourrait rejoindre la courte liste des combattants français à l’UFC et s’ouvrir les portes d’une carrière internationale. Mais l’échec, ici, laisse rarement une deuxième chance immédiate.
L’enjeu est d’autant plus grand que la catégorie des -93 kg regorge de talents et que l’UFC ne signe que les profils capables de se démarquer rapidement. Bouafia devra donc conjuguer performance, intensité et charisme pour convaincre.
Le précédent Oki comme source d’inspiration
Bolaji Oki voit en Bouafia un potentiel candidat à la réussite, mais il prévient : “C’est un exercice très particulier. Tu arrives dans une salle plus petite qu’une grande arena, mais avec une pression énorme. Il faut rester concentré et ne pas se laisser déstabiliser par le regard de Dana White.”
Le Belge espère que son compatriote francophone saura utiliser cette pression comme un moteur. “Quand tu réalises que tu joues ta carrière en quelques minutes, ça te donne une énergie incroyable. Mais ça peut aussi te paralyser si tu n’es pas prêt mentalement.”
Un tremplin… ou une chute brutale
Les DWCS offrent une visibilité unique, mais ils peuvent aussi être un piège pour ceux qui n’arrivent pas à gérer l’événement. Une défaite brutale ou un combat jugé trop timide peut repousser à plusieurs années l’entrée à l’UFC. C’est pourquoi beaucoup considèrent ce format comme une “épée à double tranchant” : un succès propulse vers la gloire, un échec peut renvoyer dans l’ombre.
Pour Bouafia, l’heure est venue de montrer qu’il appartient à la première catégorie. Dans la nuit du mardi 12 au mercredi 13 août, les projecteurs seront braqués sur lui. L’Apex de Las Vegas sera son théâtre, Dana White son spectateur le plus attentif. Et comme le résume Bolaji Oki : “Dans cette cage, tu n’as pas de plan B. Tu gagnes, et tu marques les esprits. Sinon, c’est terminé.”
