C’est un recrutement aussi symbolique que spectaculaire. En à peine deux ans d’existence, l’équipe Unibet Tietema Rockets, issue d’un projet décalé mêlant vélo et réseaux sociaux, vient de signer Dylan Groenewegen, sextuple vainqueur d’étape sur le Tour de France. À 32 ans, le sprinteur néerlandais quittera la Team Jayco Alula à la fin de la saison pour rejoindre cette formation de deuxième division, avec l’ambition assumée de briller à nouveau sur la Grande Boucle.
Le rêve des Champs-Élysées
« Je n’ai désormais qu’un seul objectif : gagner une étape sur le Tour de France avec le maillot des Rockets. Et si possible sur les Champs-Élysées. Ce serait complètement fou », lance Groenewegen dans la vidéo de présentation publiée sur la chaîne YouTube de l’équipe. Plus qu’un simple transfert, cette arrivée incarne un changement de dimension pour la structure dirigée par Bas Tietema, ancien coureur et figure de la communauté cycliste en ligne.
Créée en 2023 avec une identité résolument moderne et communautaire, Unibet Tietema Rockets s’est donné pour mission de « réinventer le cyclisme », en misant autant sur les performances que sur la narration. Chaque décision, chaque moment clé de l’équipe est raconté sous forme de vlogs soignés, d’initiatives participatives et d’un ton à la fois décalé et professionnel qui séduit un public jeune et fidèle.
Une blague devenue réalité
L’annonce du recrutement de Dylan Groenewegen n’a pas échappé à cette logique. Intitulée « Mission Groenewegen », la vidéo de 30 minutes publiée ce mardi sur YouTube dévoile les coulisses d’un transfert improbable né d’un canular. Josse Wester, acolyte de Tietema et cofondateur de l’équipe, y raconte comment il s’est déguisé en Groenewegen lors du Tour de France 2024, piégeant plusieurs journalistes. Amusé, le vrai Groenewegen accepte un défi YouTube, qui débouchera sur des discussions bien plus sérieuses.
Le récit des négociations, entre humour et stratégie, révèle une opération menée avec audace mais aussi avec méthode. Un an de pourparlers, des échanges réguliers, et finalement, une offre convaincante. Si Groenewegen sort d’une saison en demi-teinte (trois succès d’étape seulement sur les Tours de Slovénie et de Hongrie), il reste un des sprinteurs les plus fiables du peloton.
Une ProTeam qui rêve du Tour
L’arrivée de Groenewegen ne garantit pas à elle seule une participation au Tour de France 2026. En tant qu’équipe ProTeam (deuxième division), les Rockets ne bénéficient pas d’un accès automatique aux grandes épreuves du World Tour. Mais avec cette signature, leur candidature à une invitation prend une toute nouvelle envergure. Une victoire de Groenewegen sur les Champs-Élysées sous les couleurs des Rockets aurait tout d’un conte de fée moderne.
Depuis le début de la saison, l’équipe a montré qu’elle savait faire parler d’elle sportivement. Entre autres, le champion slovaque Lukas Kubis a décroché des résultats probants, et la structure a été invitée sur plusieurs grandes classiques comme Paris-Roubaix. Avec Groenewegen, elle s’offre non seulement une locomotive sportive, mais aussi une figure médiatique capable d’attirer les regards — et les organisateurs.
Une vision rafraîchissante du cyclisme
Au-delà du simple coup de projecteur, cette signature conforte la vision des fondateurs. Née d’une chaîne YouTube et portée par une communauté digitale, l’équipe Rockets revendique une approche alternative du cyclisme professionnel. Loin des structures traditionnelles, elle cultive l’authenticité, le storytelling et une proximité inédite avec les fans. En recrutant un nom aussi prestigieux que Groenewegen, elle prouve qu’il est possible d’allier influence et performance.
Reste désormais à transformer ce pari en réussite sportive. Le coureur néerlandais aura l’occasion de retrouver des ambitions plus élevées dans un projet où il sera une pièce maîtresse. Et les Rockets, eux, continuent d’écrire une histoire à part, qui pourrait bien les emmener, dès l’an prochain, jusqu’à la plus grande scène du cyclisme mondial.
