Un an après l’inimaginable, la douleur demeure intacte. Le 7 août 2024, Medhi Narjissi, jeune espoir prometteur du Stade Toulousain âgé de 17 ans, disparaissait en mer à Dias Beach, en Afrique du Sud, alors qu’il participait à un stage avec l’équipe de France des moins de 18 ans. Depuis, aucune trace du corps, aucun lieu de recueillement, aucune réponse claire. Le deuil de sa famille reste suspendu. Ce mois de juillet, son père Jalil Narjissi a annoncé dans un entretien à La Dépêche du Midi que lui et ses proches retourneraient sur les lieux du drame, pour une étape aussi symbolique que cruelle.
“Le seul lieu qui nous reste pour lui”
Pour les Narjissi, revenir à Dias Beach ne relève pas d’un simple geste mémoriel. Il s’agit d’une nécessité viscérale, comme le confie Jalil Narjissi, ancien talonneur d’Agen et figure bien connue du rugby français :
« C’est un endroit maudit pour nous, mais c’est malheureusement le seul lieu qui nous reste pour lui », explique-t-il avec une douleur palpable. « Medhi n’est jamais revenu à la maison. Nous n’avons rien pour nous recueillir. Nous n’avons pas commencé notre deuil parce que la vérité n’a pas encore été faite. Pour nous, c’est une obligation de nous rendre là-bas. »
Ce retour en Afrique du Sud, programmé pour la fin du mois de juillet, se veut à la fois intime et essentiel. La famille espère y trouver un apaisement provisoire, dans l’attente d’une vérité judiciaire encore enfouie.
Une enquête au ralenti, le corps de Medhi Narjissi toujours introuvable
Onze mois après la disparition de Medhi, l’enquête reste ouverte. Mais les avancées sont rares. Aucune localisation du corps, peu d’éléments précis sur les responsabilités engagées, et une famille laissée face à un vide insoutenable.
Cependant, depuis le printemps, la procédure judiciaire en France a pris un tournant important. Le 16 mai, Robin Ladauge, préparateur physique de l’équipe de France U18 au moment des faits, a été mis en examen. Quelques semaines plus tard, début juin, c’est l’ancien manager des jeunes Bleus, Stéphane Cambos, qui a été entendu à son tour par un juge d’instruction du parquet d’Agen. Ces auditions, lourdes de conséquences, relancent une dynamique que les Narjissi jugent trop lente.
Une plainte contre le prestataire sud-africain
Au cœur de leur combat judiciaire, la famille Narjissi pointe désormais la responsabilité du prestataire local, Frédéric Plachési, chargé de l’organisation logistique du stage en Afrique du Sud. Jalil Narjissi a annoncé son intention de porter plainte contre lui :
« C’est lui qui connaît les lieux, c’est à lui de s’opposer aux décisions dangereuses, c’était son obligation », affirme-t-il. « Il encadre les équipes nationales françaises depuis plusieurs années, il a une obligation de sécurité. Même si les encadrants sont les premiers responsables, c’était à lui de s’opposer physiquement et verbalement à cette mise à l’eau. »
Dans ce dossier tragique, c’est toute la chaîne de décision qui est scrutée. Comment un groupe d’adolescents a-t-il pu être autorisé à se baigner dans un site réputé dangereux ? Quels protocoles ont été suivis – ou ignorés ? Le père de Medhi exige des réponses, des comptes, et surtout, de la justice.
Un espoir brisé, un avenir fauché
Medhi Narjissi n’était pas un jeune homme comme les autres. Au sein du Stade Toulousain, il faisait l’unanimité pour son engagement, son intelligence de jeu et sa maturité. Sélectionné chez les U18 tricolores, il représentait l’avenir du rugby français, avec une trajectoire prometteuse. Sa disparition brutale a non seulement endeuillé sa famille, mais aussi bouleversé toute la communauté rugbystique.
Depuis ce drame, de nombreux hommages ont été rendus. Mais pour ses proches, aucune cérémonie ne peut combler l’absence. Aucun discours ne peut compenser l’attente de nouvelles, l’horreur de l’inconnu, l’impossibilité d’un adieu digne.
La mémoire de Medhi Narjissi reste à préserver
Le retour à Dias Beach, ce mois de juillet, ne mettra pas fin à la souffrance. Mais il permettra peut-être à la famille Narjissi de poser un premier acte de mémoire là où leur fils a disparu. Ils iront avec dignité, dans le silence de l’océan, chercher une trace, un repère, une forme de paix.
Jalil Narjissi ne cesse de le répéter : son combat ne vise pas la vengeance, mais la vérité. Une vérité pour Medhi, pour que plus jamais un jeune sportif ne perde la vie dans des conditions si opaques.
Ce voyage à Dias Beach est un acte d’amour, mais aussi de résilience. Une promesse silencieuse qu’aucune disparition ne doit rester sans explication.
