Dimanche sur les routes vallonnées de la deuxième étape du Tour de France féminin, une image forte a marqué les esprits : Kim Le Court de Billot, cycliste mauricienne de l’équipe AG Insurance-Soudal, est devenue la première Africaine à porter un maillot distinctif sur la Grande Boucle. Une fierté historique pour elle, pour l’île Maurice et pour tout le continent africain.
Kim, un symbole de diversité et de progression
Ce n’est pas seulement un maillot. C’est un message. En endossant le maillot à pois de meilleure grimpeuse lors de cette 2e étape du Tour de France féminin 2025, Kim Le Court de Billot a inscrit son nom dans l’histoire du cyclisme. C’est la première fois qu’une coureuse africaine — toutes nationalités confondues — revêt un maillot distinctif sur cette épreuve, relancée en 2022 sous une nouvelle forme.
À 28 ans, la Mauricienne s’offre ainsi une reconnaissance méritée pour des années de travail dans l’ombre, sur les routes africaines et européennes. « Je suis incroyablement fière de ce moment, pas seulement pour moi, mais pour toutes les filles qui rêvent de faire du vélo en Afrique. Cela montre que c’est possible », a-t-elle confié avec émotion après l’arrivée.
Formée en Afrique du Sud, elle avait déjà brillé sur les circuits continentaux, remportant notamment la Tropicale Amissa Bongo féminine, mais n’avait jamais eu l’opportunité de se distinguer à un tel niveau. Son ascension dans la première étape entre Rotterdam et La Haye lui avait permis d’engranger suffisamment de points pour porter le maillot à pois le lendemain.
Une 2e étape gagnée par Mavi Garcia
Sur le plan sportif, la deuxième étape a été remportée ce dimanche par l’Espagnole Mavi Garcia, à l’issue d’une échappée solitaire parfaitement maîtrisée. L’expérimentée coureuse de Liv AlUla Jayco a su s’extirper du groupe des favorites dans les derniers kilomètres pour aller chercher une victoire d’étape précieuse, sa première sur un grand tour féminin.
Garcia a devancé l’Allemande Liane Lippert (Movistar) et la Néerlandaise Riejanne Markus (Visma-Lease a Bike), qui ont réglé le sprint du groupe de poursuite. Grâce à sa victoire, Garcia remonte au classement général, même si la Danoise Cecilie Uttrup Ludwig conserve le maillot jaune à l’issue de cette deuxième journée.
Quant à Kim Le Court, elle a vaillamment défendu son maillot à pois sur les premières côtes de la journée, avant de céder logiquement face au rythme imposé dans les ascensions les plus exigeantes. Elle n’a pas conservé le maillot, mais le symbole demeure fort : elle a ouvert une voie, montré une direction, dans un peloton encore largement dominé par les nations européennes.
Une visibilité précieuse pour le cyclisme africain
Ce moment historique pour la Mauricienne dépasse le cadre purement sportif. En portant un maillot de leader sur le Tour de France, elle donne de la visibilité au cyclisme féminin africain, longtemps resté dans l’ombre faute d’infrastructures, de compétitions régulières ou de soutien financier.
« Kim montre qu’avec du courage et de la ténacité, une athlète venue d’un petit pays peut rivaliser avec les meilleures », salue Patrick Rimond, entraîneur et ancien responsable du développement du cyclisme en Afrique francophone. Le Tour de France, dans sa version féminine, gagne ici aussi en diversité et en représentativité.
Son exploit pourrait inspirer une nouvelle génération de cyclistes africaines, dans un continent où la pratique du vélo féminin reste souvent marginale. Déjà, certaines fédérations, comme celles du Rwanda, de l’Érythrée ou du Maroc, cherchent à structurer des filières féminines pour accompagner ce mouvement.
Seule Kim parviendra à écrire son propre destin
Si Kim Le Court ne portera plus les pois lors de la troisième étape, elle restera comme l’une des grandes révélations de cette édition. Son passage dans le peloton avec le maillot distinctif a marqué les caméras et les esprits, dans un Tour qui, année après année, prend de plus en plus d’ampleur et cherche à élargir ses horizons.
La coureuse mauricienne a encore plusieurs étapes pour tenter de s’illustrer. Et peut-être, à nouveau, rêver d’un maillot. Car une chose est sûre : son nom est déjà gravé dans l’histoire du cyclisme féminin.
