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Bayern Munich : reconstruire un empire tombé de son piédestal

Christopher Nkunku

Christopher Nkunku

Après une saison 2024-2025 sans titre, le Bayern Munich vit l’un des moments les plus délicats de son histoire récente. Le géant bavarois doit panser ses plaies, retrouver son autorité en Bundesliga et son ambition en Europe, tout en gérant une transition profonde.

Une saison blanche qui fait tache

Pour un club aussi exigeant que le Bayern Munich, une saison sans trophée relève presque du sacrilège. Pourtant, c’est bien ce qu’il s’est produit lors de l’exercice 2024-2025. Ni Bundesliga, ni Coupe d’Allemagne, ni Ligue des champions. Le Bayern a été surclassé en championnat par le Bayer Leverkusen, balayé trop tôt en Europe, et incapable de faire la différence dans les moments-clés.

Ce revers n’est pas un simple accident. Il est le symptôme d’un club en perte d’automatisme, miné par des décisions discutables en matière de recrutement, une instabilité sur le banc, et des tensions internes qui ont affaibli son autorité historique.

L’après-Tuchel, ou le casse-tête de l’identité

Le départ de Thomas Tuchel à l’issue de la saison a ouvert un nouveau chapitre, sans forcément clarifier la direction prise. Malgré des rumeurs autour de Zinédine Zidane ou Julian Nagelsmann, le Bayern a fini par nommer Vincent Kompany à la tête de l’équipe première. Un choix audacieux et clivant.

Inexpérimenté au plus haut niveau, Kompany est néanmoins reconnu pour sa rigueur, sa vision moderne du jeu et son leadership naturel. Mais l’ex-capitaine de Manchester City arrive dans un contexte tendu, avec la nécessité immédiate de résultats. Il devra surtout recréer un collectif solide, là où les dernières saisons ont vu le Bayern se reposer sur des individualités (Kane, Sané, Musiala) sans réelle ossature tactique.

Harry Kane, l’arme offensive mais pas la solution miracle

Arrivé à prix d’or en 2023, Harry Kane a parfaitement rempli son rôle de buteur. Avec plus de 40 buts toutes compétitions confondues en 2024-2025, l’Anglais a prouvé qu’il pouvait briller sous le maillot bavarois. Mais ses performances n’ont pas suffi à masquer les lacunes du reste de l’équipe.

Trop souvent dépendant de son efficacité, le Bayern a montré ses limites défensives, notamment en charnière centrale et au poste de latéral droit. Des postes qui figurent désormais en priorité sur la liste du mercato estival.

Un modèle de gestion remis en question

Symbole d’une réussite allemande fondée sur la rigueur et la planification, le Bayern traverse aussi une crise institutionnelle. Les tensions entre la direction sportive et les entraîneurs successifs ont affaibli l’harmonie du club. Hasan Salihamidžić, puis Christoph Freund, ont essuyé de nombreuses critiques sur le manque de vision à long terme.

Certains cadres historiques, comme Thomas Müller ou Manuel Neuer, sont en fin de cycle, tandis que la relève peine à s’imposer pleinement. Le Bayern, qui a longtemps été une machine parfaitement huilée, donne aujourd’hui l’image d’un colosse désorienté.

L’Europe, miroir des fragilités bavaroises

Depuis son sacre en 2020, le Bayern n’a plus dépassé les quarts de finale de Ligue des champions. Une anomalie pour un club qui figurait jusqu’alors parmi les favoris constants. L’élimination contre Arsenal au printemps 2025, malgré un effectif supérieur sur le papier, a confirmé un manque de maîtrise et de caractère dans les grands rendez-vous.

Le défi pour Kompany et sa direction est donc double : retrouver la suprématie nationale tout en redevenant crédible sur la scène européenne. Et cela passera inévitablement par une réorganisation profonde du vestiaire, tant sur le plan technique que mental.

Un géant en reconstruction, mais jamais à sous-estimer

Le Bayern Munich ne reste jamais longtemps à terre. Sa culture de la gagne, son pouvoir d’attraction, son centre de formation performant et sa solidité économique lui permettent de rebondir rapidement. Mais le club bavarois n’a plus le luxe de l’erreur. Il lui faut désormais retrouver une cohérence sportive et une stabilité managériale s’il veut redevenir l’épouvantail qu’il était encore il y a peu.