Le tennis est l’un des sports les plus mondialisés et médiatisés au monde. Chaque semaine, des centaines de joueurs, entraîneurs, journalistes et fans parcourent des milliers de kilomètres pour assister à des tournois dans des lieux parfois très éloignés. Cette réalité logistique, combinée à la consommation massive d’énergie, de plastique ou de nourriture, confère au tennis professionnel une empreinte carbone considérable. Depuis quelques années, pourtant, les grandes institutions du tennis prennent conscience de cette responsabilité et commencent à transformer leurs événements en tournois écoresponsables.
Roland-Garros, laboratoire de transition verte
Le tournoi de Roland-Garros, organisé chaque printemps par la Fédération française de tennis, a été l’un des premiers à amorcer un virage écologique. Depuis 2019, la FFT a mis en place une charte environnementale ambitieuse autour de six axes : transport, énergie, déchets, restauration, biodiversité et communication responsable.
Parmi les actions phares : l’installation de panneaux solaires sur les toits du court Suzanne-Lenglen, le tri des déchets à la source, l’interdiction de certains plastiques à usage unique, ou encore la distribution de gourdes en aluminium aux spectateurs. En 2023, le tournoi a réussi à réduire de 34% ses émissions directes par rapport à 2018.
La FFT s’est également engagée dans une politique de compensation carbone, notamment via des projets de reforestation et de soutien à des énergies renouvelables. L’objectif est de rendre le tournoi neutre en carbone d’ici 2030.
L’US Open accélère sa transition vers des tournois écoresponsables
Aux États-Unis, l’US Open a été l’un des pionniers de l’action environnementale dans le tennis. Dès 2008, la United States Tennis Association (USTA) lançait son « Green Initiatives Program », avec des mesures sur la réduction des déchets, le recyclage des équipements et la promotion des transports collectifs.
Depuis, l’événement new-yorkais n’a cessé d’innover : compostage des déchets alimentaires, utilisation de véhicules électriques, tri des balles et distribution à des clubs partenaires, ou encore éclairage LED sur l’ensemble des courts. En 2022, l’USTA annonçait avoir recyclé ou réutilisé 97% des matériaux du site pendant le tournoi.
Un accent particulier est mis sur la restauration durable : fournisseurs locaux, produits bio, options végétariennes mises en avant et gestion des invendus en partenariat avec des associations caritatives.
Wimbledon mise sur la sobriété
Dans un registre plus discret mais tout aussi déterminé, Wimbledon a également lancé sa stratégie de développement durable. Le tournoi britannique, bastion traditionnel du tennis mondial, a publié en 2021 une feuille de route environnementale avec un engagement de neutralité carbone d’ici 2030.
Les organisateurs ont réduit la consommation d’eau, supprimé les sacs plastiques pour les raquettes, installé des stations de remplissage de gourdes et encouragent l’usage du train pour venir au All England Club. Même les célèbres fraises à la crème sont désormais issues de circuits courts et servies dans des contenants recyclables.
Plus symbolique encore : les balles usagées sont collectées et réutilisées dans des écoles ou hôpitaux partenaires. Un geste simple, mais qui participe à sensibiliser le public à l’idée d’un sport plus circulaire.
Des tournois intermédiaires en quête de modèle
Au-delà des Grands Chelems, de nombreux tournois ATP 250, 500 ou WTA cherchent également à verdir leur image. Le tournoi de Hambourg, par exemple, se veut neutre en carbone depuis 2022. Celui d’Estoril, au Portugal, a instauré une billetterie numérique uniquement et favorise les transports doux pour accéder au site.
La GreenSet Cup en Espagne, un tournoi challenger, a même été imaginée dès sa création comme un événement zéro déchet, avec restauration locale, recyclage intégral et animations pédagogiques sur place.
Mais ces efforts restent encore inégaux et souvent dépendants de la volonté des organisateurs ou des partenaires financiers. Il manque une coordination globale, à l’échelle de l’ATP et de la WTA, pour imposer des normes minimales à tous les événements du circuit.
Le public, acteur de la transition vers des tournois écoresponsables
L’un des leviers les plus puissants reste le comportement des spectateurs. En favorisant les transports en commun, en utilisant les points de tri sélectif ou en apportant leurs propres contenants, les fans peuvent largement contribuer à l’effort écologique.
Certaines initiatives encouragent cette implication, comme des réductions sur les billets pour ceux qui viennent à vélo ou en train, ou des récompenses pour les spectateurs les plus responsables.
À long terme, les tournois qui s’inscrivent dans une logique durable renforceront aussi leur acceptabilité locale : moins de pollution, plus d’impact positif sur les territoires, et une meilleure image pour les sponsors et les institutions sportives.
Le tennis face à son avenir
Transformer les tournois de tennis en événements écoresponsables n’est plus une option : c’est une nécessité. Au-delà des symboles, ces changements structurants démontrent qu’un autre modèle est possible. Un tennis plus sobre, plus proche de ses territoires, plus en phase avec les attentes de la société.
En faisant de ses tournois des vitrines de la transition écologique, le tennis peut montrer l’exemple à d’autres disciplines. Et prouver que le sport de haut niveau peut être compatible avec les défis climatiques du XXIe siècle.
