Figure incontournable du judo contemporain, Shohei Ono a marqué les tatamis par son style flamboyant, sa technique impeccable et sa capacité à dominer les plus grandes compétitions internationales. Double champion olympique, le Japonais incarne le judo dans ce qu’il a de plus noble, entre tradition et efficacité redoutable.
Lorsque l’on évoque le judo moderne, le nom de Shohei Ono revient immédiatement. Le Japonais, sacré champion olympique à Rio en 2016 puis à Tokyo en 2021, est considéré comme l’un des meilleurs judokas de l’histoire. Sa domination dans la catégorie des -73 kg, entre 2013 et 2021, a été sans partage. Mais au-delà des titres, c’est l’élégance de son judo, sa rigueur mentale et son esprit martial qui l’ont élevé au rang d’icône mondiale.
L’ascension fulgurante de Shohei Ono depuis les tatamis nippons
Né en 1992 à Yamaguchi, Shohei Ono a été initié au judo très jeune, comme beaucoup d’enfants japonais. Rapidement, ses qualités physiques et mentales se distinguent. Il intègre l’université Tenri, un bastion du judo nippon, avant de rejoindre les rangs de l’équipe nationale.
C’est lors des Mondiaux de 2013 à Rio de Janeiro qu’il explose aux yeux du monde. À seulement 21 ans, il surclasse tous ses adversaires et devient champion du monde dans une catégorie extrêmement compétitive. Le Japon tient un nouveau héros.
Ce succès n’est pas un feu de paille. Il enchaîne ensuite avec des performances constantes, en s’imposant dans les tournois du Grand Chelem et lors des championnats du monde 2015, avec un style unique mêlant explosivité et tradition.
Une technique parfaite, reflet du judo traditionnel
Shohei Ono n’est pas seulement un judoka victorieux, il est aussi un puriste. Ses mouvements sont souvent enseignés dans les écoles de judo tant ils approchent la perfection. Sa spécialité : uchi-mata, un mouvement de projection intérieur, qu’il exécute avec une fluidité impressionnante. Son osoto-gari (grand fauchage extérieur) est lui aussi redoutable et régulièrement décisif.
Chaque combat d’Ono semble être une leçon de judo. Il ne gagne pas seulement par puissance physique, mais par une compréhension profonde des déséquilibres, du timing et de la posture de son adversaire. Il est également réputé pour sa discipline mentale : il n’élève jamais la voix, ne triche jamais avec la préparation et affiche un respect constant du code moral du judo.
Dans une ère où le sport tend parfois vers le spectaculaire ou le trash-talk, Shohei Ono incarne un retour aux racines : maîtrise de soi, humilité et dépassement de soi. Un vrai samouraï des temps modernes.
Le sacre olympique : confirmation de la légende de Shohei Ono
La consécration ultime arrive en 2016 aux Jeux olympiques de Rio. Favori dans sa catégorie, il confirme les attentes et devient champion olympique sans concéder le moindre point. Sa supériorité est totale. Cinq ans plus tard, à Tokyo, dans un contexte particulier lié à la pandémie, Ono réitère l’exploit. Dans son propre pays, il s’impose à nouveau dans la catégorie des -73 kg, avec une sérénité impressionnante. Il devient le premier judoka de cette catégorie à conserver son titre olympique depuis 1988.
Ce doublé olympique le fait entrer dans le panthéon du judo mondial, aux côtés de légendes comme Kosei Inoue ou Tadahiro Nomura. Son palmarès impressionne : deux titres olympiques, trois titres de champion du monde, une série de victoires ininterrompues pendant des années, et un respect unanime du monde du judo.
Un départ discret, fidèle à son style
En 2022, Shohei Ono annonce discrètement sa mise en retrait du judo de haut niveau. Une sortie à son image, sobre, maîtrisée, sans effet d’annonce. Il ne ferme pas la porte à un retour, mais souhaite se consacrer à l’enseignement et au développement du judo au Japon et à l’étranger.
Il incarne désormais une figure d’inspiration pour toute une génération. Dans les dojos du monde entier, ses combats sont analysés, ses techniques imitées. Ono est plus qu’un champion : il est devenu une référence.
Shohei Ono : l’héritage d’un esthète du judo
Loin du tumulte des cages de MMA ou des rings tapageurs, Shohei Ono représente une autre forme de grandeur. Celle du silence, de l’effort invisible, du geste parfait. Il incarne une philosophie autant qu’un style de combat. Sa carrière, dépourvue de scandales ou d’excès, témoigne d’une constance et d’une fidélité à ses valeurs admirables.
À l’image de ses projections nettes et puissantes, son passage dans l’histoire du judo est marqué par une empreinte profonde, stable, et inoubliable. Son nom restera gravé aux côtés des plus grands judokas de tous les temps.
