Quand il débarque à Madrid à 18 ans, Vinícius Júnior était perçu comme un pari osé du Real. Un gamin virevoltant du Flamengo, au talent brut, mais encore immature. Six ans plus tard, le Brésilien s’est transformé en l’un des attaquants les plus dévastateurs de la planète. Double vainqueur de la Ligue des champions, désormais cadre de la Seleção, il incarne le renouveau d’un football brésilien qui veut renouer avec la gloire. Le tout sans avoir perdu une once de sa folie.
Un début chaotique… puis la révélation
Recruté pour 45 millions d’euros en 2018 avant même sa majorité, Vinícius débarque dans une Maison Blanche post-Ronaldo, en reconstruction. Ses premières années sont irrégulières : beaucoup de promesses, mais aussi de maladresses. On le surnomme « le roi des occasions ratées ». Pourtant, son intensité, son culot et sa capacité à provoquer forcent déjà l’admiration.
C’est sous la direction de Carlo Ancelotti que son jeu prend enfin de la consistance. L’entraîneur italien en fait un titulaire indiscutable à gauche, et le laisse jouer sur ses qualités naturelles : explosivité, dribble court, jeu en rupture. Résultat ? Vinícius devient l’un des hommes forts de la conquête de la Ligue des champions 2022, avec notamment un but en finale contre Liverpool.
Depuis, il ne cesse de progresser. En 2024-2025, il a de nouveau été le joueur le plus influent du Real, tant en Liga qu’en Ligue des champions. Buteur en finale contre Dortmund, il a confirmé son statut de superstar. Et pour la première fois, son nom est sérieusement avancé pour le Ballon d’Or.
La force du déséquilibre
Vinícius, c’est le chaos permanent pour les défenses adverses. À chaque prise de balle, il peut faire basculer le match. Ses démarrages sont foudroyants, son dribble imprévisible, son agressivité constante. Il ne recule jamais, même face aux plus gros gabarits.
Mais ce qui impressionne aujourd’hui, c’est l’évolution de son jeu. Plus juste dans ses choix, plus efficace devant le but, Vinícius est devenu un joueur complet. Il crée, il marque, il défend aussi beaucoup. À Madrid, il est autant craint pour ses débordements que respecté pour son abnégation. Sa connexion avec Jude Bellingham ou Rodrygo illustre sa maturité collective croissante.
Vinícius Júnior, un symbole de résistance
Au-delà du terrain, Vinícius Júnior est aussi devenu une figure médiatique majeure, malgré lui. Cible répétée d’insultes racistes dans plusieurs stades d’Espagne, il a décidé de ne pas se taire. Par ses prises de parole courageuses et son attitude intransigeante, il est devenu un porte-voix contre le racisme dans le football européen.
Le Real Madrid, la FIFA, et même des instances politiques brésiliennes se sont rangés derrière lui. Mais surtout, le joueur a gagné le respect du monde entier. Parce qu’il a continué à répondre par le talent. Parce qu’il a transformé les attaques en énergie. À chaque match, Vinícius joue pour plus que des titres. Il joue pour la dignité.
Le leader d’une nouvelle Seleção
Depuis le départ de Neymar vers la Saudi Pro League et sa grave blessure, la sélection brésilienne cherche un nouveau visage. Et c’est Vinícius Júnior qui semble devoir porter ce fardeau. À la Copa América 2024, il a endossé ce rôle de patron, parfois avec brio, parfois avec fébrilité. Mais le symbole est là : c’est désormais lui que les jeunes regardent. C’est lui que les anciens écoutent.
Il sait que le Brésil attend un titre majeur depuis la Copa América 2019. Et que les critiques seront féroces s’il n’y parvient pas. Mais pour la première fois, Vinícius semble prêt. Il parle avec assurance, prend des décisions sur le terrain, donne le ton. La Seleção, qui a longtemps vécu dans l’ombre des exploits passés, pourrait bien avoir trouvé son nouveau totem.
L’ascension fulgurante de Vinícius Júnior… et durable ?
À 24 ans, Vinícius Júnior est déjà une référence mondiale. Mais contrairement à d’autres talents précoces, il semble bâti pour durer. Son corps est affûté, son hygiène de vie stricte, sa détermination intacte. Le Real veut en faire le visage du club pour la décennie à venir, aux côtés d’un Kylian Mbappé qui vient de signer. Le duo promet des étincelles.
Le Brésilien le sait : la concurrence sera rude, les attentes toujours plus hautes. Mais il avance, sourire aux lèvres, musique dans les oreilles et crampons bien ancrés. Il joue pour gagner, mais aussi pour vibrer, pour faire vibrer. Et tant qu’il aura un ballon au pied, le spectacle sera garanti.
