Actualités Sport Une

Sport féminin : le combat pour la reconnaissance médiatique

football féminin

football féminin

Longtemps relégué à la marge, le sport féminin gagne progressivement du terrain dans les médias. Pourtant, à l’heure où les audiences progressent et les performances s’enchaînent, les inégalités de traitement restent flagrantes. Visibilité, financement, stéréotypes : les sportives doivent encore se battre pour exister à égalité dans l’espace public.

Une montée en puissance du sport féminin… encore relative

L’été 2019 a marqué un tournant pour le sport féminin avec la Coupe du monde de football organisée en France. Près de 12 millions de téléspectateurs devant les Bleues, une ferveur populaire et une médiatisation sans précédent. Depuis, les choses ont bougé. Les grandes compétitions féminines — football, handball, tennis, rugby — attirent de plus en plus de public. Les chaînes commencent à y consacrer du temps d’antenne. Les sponsors aussi y voient un nouveau terrain d’investissement.

Mais à y regarder de plus près, ces progrès restent fragiles. En dehors des grandes compétitions internationales, la couverture médiatique du sport féminin reste faible. Selon une étude de l’INA, seuls 15 % des contenus sportifs diffusés à la télévision concernent les femmes, un chiffre en très légère hausse depuis dix ans. Sur les réseaux sociaux, si certaines sportives émergent comme modèles, elles restent minoritaires face à la domination masculine.

Des inégalités structurelles bien ancrées

Cette sous-représentation médiatique s’explique en partie par des logiques économiques : les médias répondent à la demande du public, dit-on souvent. Mais ce raisonnement circulaire oublie que la visibilité crée la demande. Si l’on n’offre pas aux spectateurs l’occasion de découvrir les athlètes féminines, il est illusoire d’attendre un engouement spontané.

Par ailleurs, les sportives sont souvent cantonnées à des rôles stéréotypés. Les commentaires sur leur apparence, leur vie privée ou leur tenue sont encore trop fréquents. Le traitement médiatique tend aussi à mettre en avant la « performance exceptionnelle » de quelques figures, au lieu de traiter le sport féminin dans sa diversité et sa régularité.

Des exemples du sport féminin inspirants, mais isolés

Heureusement, certaines figures contribuent à faire bouger les lignes. Serena Williams, Simone Biles, Megan Rapinoe ou Clarisse Agbégnénou ont imposé un discours fort et assumé, mêlant performance et militantisme. En France, des initiatives se multiplient : la création de chaînes spécialisées, des documentaires sur les sportives, ou encore des collectifs comme Les Sportives qui défendent un autre regard sur l’actualité du sport.

Les clubs et les fédérations ont aussi leur rôle à jouer. La médiatisation ne dépend pas uniquement des grands médias : la communication directe, via les réseaux sociaux ou les chaînes de streaming, permet à certains sports féminins de trouver leur public en dehors des circuits traditionnels.

Une question d’équité… et de cohérence

Au-delà du simple enjeu de visibilité, c’est une question d’équité et de reconnaissance qui se pose. Dans les écoles de sport, dans les clubs amateurs, les filles sont de plus en plus nombreuses. Mais sans modèle, sans représentations, sans images diffusées dans l’espace public, leur place reste fragile. Or, la pratique sportive est aussi un outil d’émancipation, d’éducation, de confiance en soi.

L’enjeu est aussi politique. Dans un pays qui se veut champion de l’égalité femmes-hommes, il serait incohérent de laisser perdurer des écarts aussi massifs entre sport féminin et masculin. La parité dans le sport passe aussi par la parité dans l’attention médiatique.

Une visibilité durable du sport féminin ?

Le chemin est encore long, mais il est engagé. La médiatisation du sport féminin ne doit pas être une mode passagère ou un supplément d’âme. Elle doit devenir une composante normale du paysage sportif, portée par des choix éditoriaux assumés, des financements équitables et un traitement respectueux.

Donner leur juste place aux sportives, c’est élargir l’horizon du sport, enrichir les récits, et proposer à toutes les générations de nouveaux modèles d’inspiration. L’égalité commence sur le terrain… mais elle se gagne aussi à l’écran.