Face à la baisse d’intérêt des fans et des diffuseurs, l’UEFA prévoit de changer le système de qualifications à la Coupe du monde en Europe. Elle étudie plusieurs pistes, parmi lesquelles le format suisse, déjà appliqué en Ligue des Champions, et l’utilisation de la Ligue des Nations pour se qualifier directement. Un groupe de travail a été créé pour évaluer les avantages et inconvénients de chaque option.
Les matchs de qualifications pour la Coupe du monde de football intéressent peu de personnes aujourd’hui, surtout en Europe. En cause, des rencontres souvent déséquilibrées entre grandes nations de foot et petit poucet. Si on prend le cas des supporters anglais, par exemple, ils n’ont aucun plaisir à se rendre au stade pour assister aux rencontres des Three Lions dans une poule avec l’Albanie, la Serbie, la Lettonie et Andorre. Ils savent le résultat d’avance, à moins d’une grosse surprise. Or, si les fans ne regardent pas les matchs, les diffuseurs n’ont aucun intérêt à les retransmettre.
De la nécessité de réformer le système de qualifications pour la Coupe du monde en Europe
Face à la baisse de l’engouement des supporters et la diminution des revenus télévisés, l’UEFA envisage de réformer le système de qualifications à la Coupe du monde, comme elle a réformé l’année dernière le format des compétitions européennes (Ligue des Champions, Ligue Europa et Ligue Conférence). Lors d’un sommet organisé au Portugal le week-end dernier, le patron de l’organisation Alexander Ceferin a admis que le modèle actuel des qualifications ne faisait plus rêver. « Peut-être que les qualifications pourraient être différentes », a-t-il confié, avant de rassurer qu’« il n’y aura pas plus de matchs, mais un format plus intéressant ».
Faire de la Ligue des Nations le système de qualifications à la Coupe du monde
L’UEFA étudie plusieurs options pour rendre les qualifications plus attrayantes, mais on retiendra deux principales. La première consisterait à faire de la Ligue des Nations, le système de qualifications en Europe. Cette compétition européenne propose promotion et relégation (Ligue A, B, C, D). Ce qui rend les matchs compétitifs et significatifs. L’audience des rencontres serait plus élevée que celle des qualifications traditionnelles, attirant ainsi les diffuseurs. Toutefois, ce format pourrait réduire les confrontations entre grandes nations et petites équipes. Et cela nuirait aux revenus des fédérations les moins bien classées, qui dépendent de ces affiches prestigieuses.
Ou le recours au modèle suisse
La deuxième option reviendrait à appliquer le modèle dit suisse, déjà utilisé pour les compétitions européennes (Ligue des Champions, Ligue Europa et Ligue Conférence). Dans ce système, les 55 nations européennes joueraient 6 à 8 matchs, chacun contre un adversaire différent à chaque fois. Et il n’y aura plus de rencontre en aller et retour. Les équipes se qualifieraient selon leur classement. Par exemple, si l’Europe a 16 places pour la Coupe du monde, les 12 premières équipes au classement (à l’issue des 6 à 8 matchs) se qualifieront automatiquement. Et les 8 suivantes disputeront des barrages pour les 4 places restantes.
Des périodes de trêves internationales moins nombreuses ?
Ce système offrirait plus de variété et des matchs à enjeux élevés, avec de potentiels chocs entre des géants (Allemagne vs Angleterre, France vs Espagne par exemple). Mais, certains pays affirment déjà que le football international n’est pas identique au football de club, et que ce format suisse ne résoudra pas tout le problème du désintérêt des fans. Qu’importe pour l’UEFA…
Outre les formules, l’organisation évalue aussi la possibilité de baisser ou de regrouper les périodes de trêves internationales, qui seraient moins nombreuses mais plus denses. Leur nombre pourrait passer de cinq, comme aujourd’hui, à deux à partir de 2030, sans pour autant réduire le nombre de rencontres. Cela permettrait d’éviter ces longues phases de groupes parfois sans enjeu, où les grandes nations finissent par se qualifier, même après un faux départ.
La Ligue des Nations féminine sert déjà de voie de qualification pour la Coupe du monde féminine
Pour Ceferin, la clé d’une compétition attrayante et qui rapporte gros réside dans une réforme du système de qualifications actuelle. Le patron de l’UEFA assure que les supporters veulent du spectacle, que les diffuseurs réclament de l’enjeu, et les clubs comme les fédérations cherchent à maximiser les revenus. Un groupe de travail a déjà été mis sur pied pour explorer les avantages et les inconvénients de chaque option. Notons que depuis 2023, l’UEFA utilise déjà la Ligue des Nations féminine comme voie de qualification pour l’Euro féminin, la Coupe du monde et les Jeux Olympiques.
