Dimanche 14 septembre, la première édition de la Fête du sport a transformé la rue de Rivoli et des centaines de villes françaises en immenses terrains de jeux. Avec 140 000 participants recensés à Paris et plus de 5 000 animations organisées dans tout l’Hexagone, l’événement a connu un succès populaire. Mais derrière l’enthousiasme, certains athlètes ont profité de cette vitrine pour alerter sur la baisse des moyens alloués au sport.
Un pari inspiré de la Fête de la musique
L’idée avait germé un an plus tôt, au lendemain de la grande parade des athlètes des Jeux olympiques de Paris 2024 sur les Champs-Élysées. Emmanuel Macron avait alors proposé d’instaurer chaque année, à la même date, une « Fête du sport », inspirée du modèle de la Fête de la musique. Objectif : rendre la pratique sportive visible et accessible à tous, dans un esprit festif et populaire.
Pour cette première édition, organisée le 14 septembre 2025, le gouvernement avait vu grand. Le ministère des Sports et 73 fédérations se sont mobilisés pour proposer plus de 5 000 animations gratuites : initiations, démonstrations, compétitions amicales et rencontres avec des athlètes. De Marseille à Rennes, de Tours à Strasbourg, en passant par l’outre-mer, la France s’est transformée en terrain multisports géant.
Paris, capitale éphémère du sport
C’est dans la capitale que l’événement a connu son plus fort retentissement. La rue de Rivoli, artère emblématique de Paris, a été entièrement piétonnisée et rebaptisée pour l’occasion « boulevard du Sport ». Sur plus de deux kilomètres, des dizaines d’espaces avaient été aménagés pour permettre aux visiteurs d’essayer une multitude de disciplines.
Selon le ministère, 140 000 personnes ont arpenté le site au cours de la journée, un chiffre qui témoigne de l’engouement populaire. Les curieux ont pu assister à des démonstrations de taekwondo, participer à des ateliers d’athlétisme, ou encore s’initier à des sports émergents comme le breakdance ou l’escalade de vitesse, récemment entrés au programme olympique.
Des légendes au rendez-vous
Pour marquer cette première édition, une centaine d’athlètes s’étaient déplacés à Paris. Parmi eux, des légendes du sport français comme Marie-José Pérec, Martin Fourcade, Nikola Karabatic ou Sofiane Oumiha. Leur présence a attiré les foules et permis de renforcer le lien entre champions et grand public.
En début de soirée, un moment fort est venu ponctuer la fête : la « course des légendes » en eau libre, disputée dans la Seine. La nageuse Beryl Gastaldello s’est imposée face à un plateau prestigieux, comprenant Alain Bernard, Charlotte Bonnet, Camille Lacourt, Laure Manaudou, Malia Metella et d’autres grands noms de la natation française. Ce spectacle aquatique a illustré la volonté d’associer performance et convivialité.
Une célébration nationale
Au-delà de Paris, la Fête du sport a également trouvé son public en régions. À Marseille, des démonstrations de voile et d’aviron ont attiré les foules sur le Vieux-Port. À Rennes, la place de l’Hôtel de Ville s’est transformée en dojo géant. À Tours, Strasbourg ou Rouen, les habitants ont répondu présents aux ateliers mis en place par les clubs locaux.
Le ministère parle d’un « succès populaire » qui a suscité « enthousiasme et ferveur partout en France ». Même si aucun chiffre global n’a été communiqué, les images relayées sur les réseaux sociaux montrent un engouement réel dans de nombreuses villes. Le gouvernement a d’ores et déjà confirmé le retour de l’événement le 14 septembre 2026.
L’ombre des restrictions budgétaires
Derrière l’enthousiasme officiel, cette fête a aussi été l’occasion pour certains athlètes de se faire entendre. Plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer la réduction des moyens alloués au sport dans le cadre du plan de rigueur annoncé par l’ex-premier ministre François Bayrou. Les missions « jeunesse et sport » devraient en effet subir une baisse de 17,6 % en 2026, après une précédente coupe budgétaire l’année passée.
Marie Patouillet, championne olympique de paracyclisme, a pris la parole pour souligner l’inadéquation entre la hausse des demandes de licences et la baisse des financements : « Pour répondre à la nette augmentation des demandes de pratique dans les parasports, il faut des moyens, des infrastructures et du matériel. On appelle le gouvernement à ne pas diminuer le budget du sport. »
Ce contraste entre l’ambition affichée d’un sport pour tous et les contraintes budgétaires fait craindre un décalage entre la vitrine et la réalité du terrain.
La vasque olympique en point d’orgue
Pour conclure cette journée, la vasque olympique, installée sur la Seine depuis les Jeux de Paris 2024, a pris une nouvelle fois son envol dans le ciel parisien. Symbole fort de la continuité entre l’héritage olympique et la célébration populaire, ce moment a marqué les esprits. Le ministère a confirmé que la vasque serait de retour le 21 juin 2026, à l’occasion de la Fête de la musique, avant de retrouver sa place lors de la prochaine Fête du sport.
Entre succès et défis à relever
La première édition de la Fête du sport restera comme un moment fort de l’année 2025. Elle a su rassembler des milliers de personnes autour des valeurs de convivialité, de partage et de découverte. Mais elle met aussi en lumière les contradictions actuelles : comment démocratiser la pratique sportive sans un investissement suffisant dans les clubs, les équipements et la formation ?
Le gouvernement se félicite d’un « véritable succès populaire ». Les fédérations, elles, rappellent qu’un tel succès doit s’accompagner d’une politique durable pour soutenir le sport au quotidien. La fête a prouvé l’appétit des Français pour l’activité physique. Reste à savoir si les moyens suivront pour transformer cet engouement en pratique régulière.
