Après plusieurs années d’instabilité, l’OL tente de retrouver une place digne de son histoire dans l’élite du football français. Porté par une dynamique retrouvée sur le terrain, le club doit encore composer avec une gouvernance sous tension et des ambitions fragilisées.
Une saison 2024-2025 en deux actes
À Lyon, tout semble toujours devoir passer par le chaos. Et la saison dernière n’a pas échappé à cette règle. L’OL a connu une première partie de saison catastrophique, flirtant avec la zone de relégation. Mais sous la houlette de Pierre Sage, intronisé entraîneur principal en décembre, l’équipe a signé une remontée spectaculaire, ponctuée par une qualification européenne inespérée et une finale de Coupe de France.
Ce renversement, à la fois sportif et émotionnel, a ravivé l’espoir chez les supporters. L’OL a retrouvé un style de jeu offensif, libéré, porté par des leaders comme Alexandre Lacazette, Corentin Tolisso et Rayan Cherki. La résilience d’un groupe jeune mais talentueux a fait la différence.
Pierre Sage, l’homme providentiel ?
Encore inconnu du grand public il y a un an, Pierre Sage s’est imposé comme le symbole du renouveau lyonnais. Technicien calme, méthodique, issu de la formation, il a su redonner confiance à un effectif mal en point, tout en imposant une structure tactique cohérente. Son management, salué pour sa clarté et son approche humaine, tranche avec la valse d’entraîneurs qu’a connue l’OL depuis 2020.
Le club lui a logiquement confié les rênes pour la saison 2025-2026. Mais cette confirmation s’accompagne d’une pression nouvelle : celle de devoir transformer l’embellie en dynamique durable. Car Lyon ne peut plus se contenter de fulgurances. Il lui faut retrouver une stabilité structurelle.
Textor, l’actionnaire qui divise
C’est l’autre versant de l’histoire lyonnaise : celui du propriétaire américain John Textor. Depuis le rachat de l’OL fin 2022, le businessman multiplie les déclarations ambitieuses et les initiatives controversées. Entre le projet multi-clubs via Eagle Football, le remplacement contesté de Jean-Michel Aulas, les conflits avec la DNCG et les soucis financiers en coulisses, l’OL semble tiraillé entre deux logiques : celle du foot à l’ancienne, enraciné dans son territoire, et celle d’un football globalisé, financiarisé, presque impersonnel.
Les tensions entre Textor et les autorités du football français, notamment sur la question des comptes et des encadrements de la masse salariale, ont jeté une ombre sur la sérénité du projet. Si l’Américain promet des investissements et une vision à long terme, les doutes restent nombreux sur sa capacité à stabiliser le club sans en diluer l’identité.
Le défi du mercato
Le retour en Europe – via la Ligue Europa Conférence – oblige Lyon à se renforcer tout en respectant les contraintes financières imposées par la DNCG. Le club travaille activement pour conserver ses meilleurs éléments, tout en se séparant de certains salaires encombrants.
Le dossier le plus brûlant reste celui de Rayan Cherki, en fin de contrat en 2026 et convoité à l’étranger. Si Lyon veut conserver ses talents, il devra non seulement les convaincre sportivement, mais aussi leur offrir un environnement structuré. L’arrivée de Lucas Perri dans les buts, la montée en puissance de jeunes comme Mamadou Sarr ou Skelly Alvero, et le retour possible d’anciens cadres laissent entrevoir une volonté de continuité.
L’Europe comme catalyseur ?
La participation à la Ligue Europa Conférence pourrait permettre à l’OL de se reconstruire sur des bases solides. Loin de la pression immédiate de la Ligue des champions, cette compétition peut servir de laboratoire tactique, mais aussi d’objectif réaliste pour glaner un titre et engranger de l’expérience.
À condition, bien sûr, de ne pas négliger le championnat, car c’est toujours par la Ligue 1 que passent la crédibilité et l’ambition sur le long terme. Revenir sur le podium est l’étape nécessaire pour prétendre rejouer dans la cour des grands.
L’OL entre deux mondes : héritage et modernité
L’Olympique Lyonnais est un club en transition. Sportivement, il semble avoir retrouvé une voie, un style, une âme. Mais en dehors du terrain, l’instabilité persiste. Pour que le projet lyonnais tienne la route, il devra résoudre cette dualité entre tradition et ambition moderne. Une chose est certaine : le potentiel est là. Encore faut-il ne pas le gâcher une fois de plus.
