Longtemps laissée aux États ou aux collectivités, l’infrastructure sportive est devenue un champ d’investissement privé stratégique. Les centres de performance, ou “high performance centers”, sont désormais au cœur du développement des athlètes professionnels, des jeunes talents et même des amateurs éclairés. Ces installations mêlent technologie, médecine, nutrition et données, et constituent des actifs à fort potentiel.
Dans un contexte de professionnalisation du sport à tous les niveaux, de l’optimisation des performances à la prévention des blessures, ces centres s’imposent comme un nouveau maillon essentiel de l’économie du sport.
Qu’est-ce qu’un centre de performance moderne ?
Il ne s’agit plus seulement d’un terrain d’entraînement avec une salle de musculation. Les nouveaux centres sont des complexes hybrides, souvent composés :
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d’équipements biomécaniques de pointe (capteurs, plateformes de force, systèmes de tracking),
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de laboratoires de récupération (cryothérapie, balnéothérapie, chambres hyperbares),
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de services de santé intégrés (kinésithérapeutes, nutritionnistes, médecins du sport),
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de plateformes de données et d’analyse vidéo,
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de modules de formation ou de e-learning pour les coachs et les athlètes.
Ces infrastructures sont souvent couplées à des académies sport-études, des pôles fédéraux ou des clubs professionnels, créant ainsi des synergies économiques et sportives fortes.
Investir en tant que promoteur, bailleur ou partenaire
Il existe plusieurs niveaux d’investissement autour de ces centres :
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Investissement direct : construire ou cofinancer un centre dans une région ou un marché ciblé. Des projets comme Le Five, Insep 2.0 ou Campus PSG en sont des exemples concrets.
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Partenariat technologique : des entreprises comme Technogym, STATSports ou Catapult Sports s’associent à ces lieux pour fournir et tester leurs équipements, souvent dans une logique de co-branding.
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Location d’espaces ou de services : les centres peuvent générer des revenus en louant leurs installations à des équipes extérieures ou à des entreprises désireuses d’organiser des séminaires, stages ou team building.
Les rendements viennent donc à la fois de l’exploitation quotidienne (stages, abonnements, services) et de la valorisation à long terme des équipements et terrains.
L’explosion des académies privées
De plus en plus de clubs, d’anciens sportifs ou de marques développent leurs propres académies. En France, le modèle s’est étendu avec :
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l’Académie Mouratoglou (tennis),
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le centre UrbanSoccer x Adidas,
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le Red Bull Athlete Performance Center à Salzbourg,
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ou encore l’Aspire Academy au Qatar.
Investir dans une académie sportive permet de capitaliser sur des revenus diversifiés : formation, hébergement, partenariats institutionnels, développement de talents sous contrat ou transferts futurs.
C’est également un levier puissant de soft power et d’image, prisé par les mécènes, les marques de luxe ou les multinationales en quête de sens.
La technologie au cœur du modèle économique
Les infrastructures ne sont plus seulement physiques. Elles sont augmentées par la data, les logiciels et la connectivité. Les startups spécialisées dans la performance (comme MyCoach, Physimax ou Kinexon) sont très demandées.
Un centre qui collecte des données peut :
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les revendre (de manière anonyme) à des clubs, fédérations ou chercheurs,
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les utiliser pour proposer des plans d’entraînement ultra-personnalisés,
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ou encore créer des outils de suivi des blessures, très prisés dans les sports à haute intensité.
Cela crée un écosystème vertueux : le centre génère de la donnée, améliore sa qualité de service, attire plus d’athlètes, et fidélise ses utilisateurs.
Un marché B2B et B2C
L’un des intérêts économiques majeurs des centres de performance est qu’ils peuvent s’adresser à plusieurs clientèles :
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les professionnels, via les clubs, les fédérations ou les agents,
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les jeunes talents, dans une logique de détection et d’accompagnement,
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les sportifs amateurs exigeants, prêts à investir dans leur santé et leur condition physique,
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les entreprises, pour des événements, séminaires ou programmes “corporate wellness”.
C’est cette pluralité d’usages qui rend les centres de performance rentables et scalables, à condition d’être situés sur des bassins dynamiques ou à proximité de centres urbains.
Risques et recommandations
Comme tout investissement immobilier, un centre de performance doit être évalué selon :
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la densité sportive locale,
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la concurrence directe (clubs, services publics, fitness low-cost),
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les partenariats potentiels (collectivités, fédérations, sponsors),
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et l’ancrage technologique.
Le principal risque est l’effet de mode ou une sous-exploitation. Le projet doit donc être porté par une stratégie commerciale solide, et non comme une simple vitrine.
