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Les grands événements sportifs face au défi climatique

grands événements

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Des stades ultramodernes aux cérémonies spectaculaires, des milliers d’athlètes venus du monde entier, des dizaines de millions de spectateurs devant leurs écrans : les grands événements sportifs constituent aujourd’hui des vitrines planétaires inégalées. Mais à l’heure où la crise climatique impose une transformation radicale de nos modes de vie, ces manifestations doivent elles aussi se réinventer. Emissions de CO₂, empreinte carbone des infrastructures, gestion des ressources naturelles, transports ou déchets : la pression monte pour rendre le sport événementiel plus compatible avec la transition écologique.

Un héritage pas toujours durable

Historiquement, l’organisation d’un grand événement sportif est souvent synonyme de chantier titanesque : construction de stades, d’hôtels, d’aéroports, de lignes ferroviaires, de zones commerciales. Si certaines de ces infrastructures peuvent profiter aux habitants, d’autres tombent vite en désuétude. Le Brésil en 2016, la Grèce en 2004, ou plus récemment le Qatar avec sa Coupe du monde 2022, ont laissé des équipements surdimensionnés ou peu réutilisables.

Au-delà des coûts économiques, ce modèle de développement a un impact environnemental majeur. Selon une étude du WWF, les Jeux olympiques de Londres 2012 ont généré environ 3,4 millions de tonnes de CO₂. Pour la Coupe du monde 2022 au Qatar, le chiffre dépasse 6 millions de tonnes, malgré des compensations annoncées — jugées souvent insuffisantes ou opaques par les ONG.

Paris 2024 : un test grandeur nature

Les Jeux olympiques de Paris 2024 se voulaient une rupture. Le comité d’organisation promet les JO « les plus durables de l’histoire ». 95% des infrastructures étaient déjà existantes ou temporaires. Le village olympique, situé à Saint-Denis, visait une exemplarité énergétique. L’alimentation promettait déjà d’être en grande partie végétale, locale et de saison. Quant aux déplacements, le vélo et les transports en commun devaient dominer.

L’objectif affiché était de réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre par rapport aux précédentes éditions. Pour y parvenir, le comité s’est associé à des experts indépendants, et a mis en place une plateforme publique de suivi de l’empreinte environnementale. Un pas en avant important, mais qui ne lève pas toutes les critiques : la compensation carbone, bien qu’encadrée, reste une notion contestée ; certains redoutent aussi l’artificialisation de certaines zones ou le manque de rigueur sur les chantiers.

Le casse-tête des déplacements vers les grands événements

Le principal poste d’émissions lors des grands événements reste le transport. Les spectateurs et délégations viennent du monde entier, en avion le plus souvent. Même une politique ambitieuse sur les infrastructures ou les déchets ne peut compenser l’impact d’un afflux massif de visiteurs. Pour la Coupe du monde 2026 aux États-Unis, Canada et Mexique, les distances entre les stades seront telles que les déplacements en avion seront systématiques, remettant en cause toute cohérence écologique.

Certains experts suggèrent des modèles plus régionaux, voire continentaux, pour limiter l’impact logistique. D’autres plaident pour une réduction du nombre de spectateurs physiques, au profit d’une expérience numérique immersive renforcée. Des pistes encore marginales, mais qui pourraient devenir incontournables à l’avenir.

L’urgence d’une gouvernance verte

Les instances sportives commencent à intégrer ces enjeux. Le Comité international olympique (CIO) a adopté une stratégie de durabilité. L’UEFA et la FIFA ont promis de renforcer les exigences environnementales dans les cahiers des charges. Mais ces annonces peinent à se traduire dans les faits, notamment face aux logiques commerciales et géopolitiques qui gouvernent souvent les attributions.

La clé réside peut-être dans une gouvernance partagée, où les villes hôtes, les fédérations, les États et les citoyens participeraient à une vraie planification écologique. L’environnement ne peut plus être un critère secondaire : il doit devenir une condition sine qua non de l’organisation.

Changer l’imaginaire sur les grands événements du sport spectacle

À travers leur puissance symbolique et médiatique, les grands événements peuvent aussi devenir des leviers de sensibilisation. En mettant en avant des pratiques durables, en choisissant des partenaires responsables, en valorisant la sobriété plutôt que la démesure, ils ont la capacité d’influencer des millions de personnes. Le sport peut alors redevenir ce qu’il a souvent été dans l’histoire : un catalyseur de changement.

Mais pour cela, il faudra accepter de revoir certains dogmes : moins de gigantisme, plus de sens ; moins de béton, plus d’adaptation ; moins de promesses de prestige, plus de preuves de résilience.

Le défi climatique n’épargne aucun secteur. Et le sport, en tant que reflet de nos sociétés, a une occasion unique de montrer que l’on peut concilier performance, spectacle… et responsabilité.