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Balles vertes : comment se réinver face au défi écologique ?

Davidovich

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En apparence anodine, la balle de tennis est pourtant l’un des symboles de la pollution générée par le sport professionnel. Utilisées à peine quelques minutes lors des matchs de haut niveau, des millions de balles sont jetées chaque année dans le monde. Fabriquées avec des matériaux complexes, non biodégradables, ces petites sphères jaunes posent un véritable défi écologique. Heureusement, le monde du tennis commence à se saisir de la question et envisage l’utilisation de balles vertes biodégradables.

Une durée de vie scandaleusement courte

Lors d’un match de tennis professionnel, les balles sont changées après seulement sept jeux puis toutes les neuf suivantes. Résultat : dans un tournoi du Grand Chelem, on utilise en moyenne plus de 60 000 balles sur deux semaines. Et ce chiffre grimpe rapidement lorsqu’on ajoute les entraînements, les balles de réserve et les essais. À Roland-Garros, à l’US Open ou à Wimbledon, des montagnes de balles finissent leur course dans des bennes à ordures.

À l’échelle mondiale, la Fédération internationale de tennis (ITF) estime qu’environ 300 millions de balles sont fabriquées chaque année. Leur composition — un noyau en caoutchouc pressurisé, une enveloppe en feutre synthétique — les rend particulièrement difficiles à recycler. Une balle met plus de 400 ans à se décomposer.

Des tentatives de recyclage… des avancées timides mais prometteuses pour les balles vertes

Face à ce constat alarmant, des initiatives locales et internationales voient le jour. En France, le programme « Opération Balle Jaune », lancé en 2008 par la FFT, collecte chaque année plusieurs tonnes de balles usagées auprès des clubs. Celles-ci sont broyées pour créer un matériau de sol souple utilisé dans les aires de jeux ou les écoles. En 2023, près de 1,5 million de balles ont été collectées.

Des entreprises innovent également. En Espagne, la société GreenSet a mis au point un processus de valorisation des balles pour la fabrication de revêtements sportifs. D’autres projets visent à réutiliser les balles comme isolants acoustiques ou en objets design.

Cependant, ces efforts restent très marginaux face au volume mondial. Le principal frein ? Le coût de collecte, de transport et de transformation, ainsi que l’absence d’une filière industrielle à grande échelle.

Vers des balles biodégradables ?

Une autre voie explorée est celle de la balle écologique. Certaines start-up cherchent à concevoir des modèles biodégradables, avec des matériaux alternatifs comme le caoutchouc naturel et des fibres recyclées. L’enjeu est de taille : il faut maintenir les propriétés techniques d’une balle (rebond, pression, durabilité) tout en réduisant son empreinte environnementale.

Wilson, Babolat ou Dunlop, les grands fabricants, ont commencé à investir dans la recherche, mais aucune balle 100% recyclable ou compostable n’est encore homologuée pour la compétition professionnelle. Le chemin est encore long, mais la pression monte : joueurs, clubs et institutions réclament des produits plus vertueux.

Balles vertes : une responsabilité partagée

Les joueurs eux-mêmes commencent à s’exprimer sur le sujet. Novak Djokovic, Rafael Nadal ou Iga Swiatek ont évoqué à plusieurs reprises la surconsommation de balles dans le circuit pro. Certaines fédérations tentent des expériences : allonger la durée de vie des balles en match, favoriser leur recyclage dans les clubs partenaires, ou inciter les jeunes à rapporter leurs balles usées.

Le changement pourrait aussi venir du public et des amateurs. Chaque année, des millions de balles finissent dans les sacs de sport ou dans les tiroirs des particuliers. Des campagnes de sensibilisation pourraient inciter à rapporter ces balles dans les clubs ou les points de collecte. Le rôle des clubs, des enseignants et des distributeurs devient donc central.

Réinventer un symbole du tennis

Plus qu’un simple objet de jeu, la balle de tennis incarne l’un des paradoxes du sport moderne : derrière une image légère et populaire, elle cache une réalité industrielle et polluante. La rendre plus écologique est un enjeu majeur pour l’avenir du tennis, mais aussi un levier symbolique fort pour engager un public large dans la transition environnementale.

En réinventant la balle, c’est tout un imaginaire qui peut basculer. Le tennis a souvent été en retard sur les enjeux écologiques. Mais à travers des objets du quotidien, concrets, visibles, il peut devenir un sport modèle de transformation. Et montrer que, parfois, il suffit d’un petit rebond pour lancer un grand mouvement.