Actualités Rugby Une

Investir dans le rugby : un marché en mutation, entre tradition et modernité

économiques

économiques

Longtemps perçu comme un sport d’élite attaché à ses valeurs traditionnelles, le rugby est aujourd’hui confronté à un double défi : conserver son identité tout en assurant sa viabilité économique pour investir. Depuis la professionnalisation du XV en 1995, les clubs ont dû s’adapter à une nouvelle donne financière, avec des structures de plus en plus exigeantes, des calendriers élargis et une concurrence internationale accrue.

Dans ce contexte, investir dans le rugby est une démarche moins médiatisée que dans le football, mais qui attire de plus en plus d’acteurs à la recherche d’un modèle alternatif. Clubs historiques, ligues ambitieuses et nations émergentes deviennent des terrains d’opportunités pour les investisseurs désireux d’allier performance sportive et stratégie économique durable.

Clubs de rugby : investir régionalement avec un fort ancrage local

Investir dans un club de rugby, c’est d’abord parier sur une identité. À l’inverse du football, où les projets « globaux » dominent, les clubs de rugby s’inscrivent dans des territoires précis, avec une culture forte et un public fidèle. Le Top 14 en France ou la Premiership anglaise sont ainsi des championnats de clubs aux racines régionales solides.

Pour un investisseur, cela peut représenter un atout : l’attachement du public crée un socle stable de recettes billetterie, de sponsoring local et d’engagement communautaire. Mais cela peut aussi freiner les logiques de rentabilité à court terme : l’ancrage territorial rend certaines évolutions délicates à mettre en place, comme le changement de stade, de logo ou de modèle économique.

Néanmoins, des clubs comme le Stade Toulousain, La Rochelle ou le Leinster en Irlande démontrent qu’un modèle économique performant est possible, avec un savant dosage entre excellence sportive, formation, stratégie marketing et stabilité de la gouvernance.

Les piliers de l’économie du rugby : droits TV, billetterie, merchandising

Le rugby génère l’essentiel de ses revenus autour de quatre piliers : les droits télévisés, la billetterie, les sponsors et les produits dérivés. En France, le Top 14 est bien structuré à cet égard, avec des droits TV solides (113 millions d’euros annuels pour la période 2023-2027) et une bonne fréquentation des stades, souvent supérieure à celle de clubs de Ligue 1 de football.

La billetterie est un levier important, notamment lors des phases finales ou des « matchs événements » (à Marseille, Bordeaux ou Lille). Les clubs misent aussi sur les hospitalités, avec des loges très prisées par les entreprises, séduites par l’image « propre » du rugby.

Mais la faiblesse du rugby reste le merchandising. Comparé au football, le chiffre d’affaires généré par les ventes de maillots ou produits officiels reste modeste. Le développement numérique et le marketing à l’international sont des axes de croissance encore sous-exploités.

Le rugby, un modèle mixte entre mécénat et investissement stratégique

Il est essentiel de noter que l’écosystème du rugby repose encore souvent sur le mécénat ou les apports d’industriels régionaux passionnés (comme Mohed Altrad à Montpellier ou Jean-Michel Guillon à Clermont). Si ces modèles ont permis de stabiliser certains clubs, ils peuvent aussi fragiliser leur pérennité en cas de retrait de ces figures clés.

C’est pourquoi les ligues et les fédérations cherchent désormais à attirer des investisseurs plus « institutionnels », comme des fonds spécialisés ou des groupes industriels. La Ligue Nationale de Rugby (LNR) française a par exemple ouvert le capital de sa filiale commerciale à CVC Capital Partners en 2021, à hauteur de 14 %, pour 120 millions d’euros. Ce type de partenariat vise à renforcer les outils de développement de la marque « Top 14 » et d’investir dans la transformation numérique et marketing du championnat.

Le rugby à l’international : un champ d’opportunités

Au-delà des clubs européens, des marchés émergents se dessinent. Le Japon, l’Afrique du Sud ou les États-Unis représentent des zones où le rugby progresse vite. La création du tournoi professionnel « Major League Rugby » aux États-Unis (avec des clubs à New York, Houston, Dallas…) illustre cette ambition d’implanter durablement le rugby sur de nouveaux marchés.

Pour les investisseurs, ces marchés offrent des opportunités intéressantes à moyen terme, notamment dans l’exportation de savoir-faire, le développement de centres de formation ou la création de franchises.

L’événementiel comme levier de croissance

Le rugby international – notamment les Coupes du monde et les tournées – reste un pilier central de l’économie de la discipline. La Coupe du monde 2023 en France a généré un impact économique estimé à plus de 1,2 milliard d’euros, selon le GIP France 2023.

Pour un investisseur, entrer dans l’événementiel sportif (stades, organisation de compétitions, hospitalité) peut être un moyen de diversifier ses revenus tout en capitalisant sur la notoriété grandissante de ce type d’événement.

Investir dans le rugby, une opportunité à bien étudier

Le rugby est un secteur d’investissement atypique : à mi-chemin entre la passion et la stratégie, il repose sur des équilibres encore fragiles, mais prometteurs. Sa forte identité locale, ses valeurs éducatives et son potentiel international en font un terrain propice à des projets durables, à condition d’avoir une vision de long terme.