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Comment investir dans le pactole des clubs de foot ?

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Longtemps réservé à quelques magnats excentriques ou mécènes historiques, investir dans les clubs de football professionnels est désormais au cœur de stratégies économiques élaborées. Le football attire aujourd’hui des fonds d’investissement, des holdings internationales, des entreprises tech et même des États. Si le prestige et l’aura médiatique des clubs restent des moteurs puissants, la logique financière s’est imposée, avec une approche de plus en plus rationnelle et industrialisée.

Mais avant d’imaginer soulever un trophée ou voir son club briller en Ligue des champions, il faut comprendre les rouages complexes de ce marché particulier, où la performance sportive et la rentabilité économique sont étroitement liées… mais rarement synchronisées.

Choisir le bon club : entre potentiel, marché et identité

L’un des premiers critères d’un investissement réussi repose sur le choix du club. Faut-il viser un géant historique ? Une formation de milieu de tableau ? Une perle cachée d’un championnat mineur ? Tout dépend de la stratégie. Les grands clubs, souvent surévalués et très exposés médiatiquement, offrent peu de marge de manœuvre financière, mais garantissent un rayonnement mondial. Les clubs moyens, eux, peuvent offrir un bon retour sur investissement à condition d’être bien gérés et disposant d’une forte base de supporters.

Les clubs en difficulté financière – ou évoluant en deuxième division – peuvent aussi représenter des paris intéressants si des leviers de développement existent : académie performante, région dynamique, potentiel marketing, stades modernisables… C’est ce type de pari qu’a fait l’homme d’affaires américain John Textor avec l’Olympique Lyonnais, en misant sur un club au fort patrimoine mais en quête de nouvelle impulsion.

Comprendre les leviers économiques

Un club de football tire ses revenus de plusieurs piliers : les droits TV, le sponsoring, la billetterie, la vente de joueurs (trading), et de plus en plus, les activités numériques (NFT, contenu exclusif, applications, etc.). Ces flux sont inégaux selon les pays, la notoriété du club et sa capacité à performer sur le terrain.

Dans les grands championnats, les droits télévisés constituent une manne cruciale, souvent redistribuée de façon inégalitaire, accentuant l’écart entre les puissants et les autres. La stratégie d’un investisseur doit donc intégrer cette réalité. Une montée en division supérieure, une qualification européenne ou une coupe nationale peuvent transformer les équilibres économiques.

À l’inverse, une relégation ou une saison blanche peut vite faire chuter les revenus de 30 à 60 %. Le football est un secteur à haute volatilité. C’est pourquoi les investisseurs cherchent souvent à créer un écosystème diversifié (clubs satellites, académies, partenariats, digitalisation) pour réduire leur dépendance aux résultats.

La gouvernance : un facteur décisif

Investir dans un club, c’est aussi s’entourer des bonnes personnes. Les erreurs de casting à la tête de clubs sont légion. Diriger un club suppose des compétences spécifiques en gestion sportive, marketing, finance, mais aussi une forte capacité d’adaptation à la pression médiatique et populaire.

Les modèles de gouvernance varient : certains investisseurs délèguent à une direction locale expérimentée, d’autres imposent une équipe issue du monde des affaires. Mais dans tous les cas, la transparence et la structuration sont des éléments clés. Le football professionnel est désormais soumis à des obligations de reporting financier (comme le fair-play financier), à des audits de conformité, et à des normes strictes en matière de contrats, de transferts et de fiscalité.

Les risques à anticiper

Le football reste un secteur à haut risque. Contrairement à d’autres industries, les clubs affichent régulièrement des résultats négatifs. Selon l’UEFA, plus de 40 % des clubs européens en 2023-2024 ont terminé leur saison avec un déficit.

Les facteurs de risque sont nombreux : blessure d’un joueur clé, crise sportive, changement d’entraîneur, crise économique impactant la billetterie, scandales judiciaires, voire… pandémie. Un investisseur doit donc anticiper une stratégie sur le long terme et éviter l’approche opportuniste du « coup rapide ».

De plus, la sensibilité émotionnelle des supporters, souvent hostiles aux logiques purement financières, impose une certaine pédagogie et un respect de l’identité du club. Mal communiquer ou imposer un changement brutal de culture peut ruiner une prise de participation pourtant rationnelle.

Vers de nouveaux modèles : multi-clubs et football tech

De nouveaux modèles d’investissement émergent, avec en tête les « multi-clubs » à la Red Bull ou City Group. Ces groupes gèrent plusieurs clubs dans différents pays, mutualisent les compétences, les joueurs et les ressources marketing. Ce modèle séduit car il permet d’amortir les risques, de sécuriser les talents formés et de bénéficier d’économies d’échelle.

Parallèlement, la « football tech » se développe : applications d’engagement, collecte de données biométriques, expérience augmentée au stade… Les clubs deviennent des plateformes numériques. Ce virage séduit des investisseurs venus du digital ou du divertissement.

Investir : un risque qui peut payer

Investir dans un club de football professionnel est à la fois exaltant et périlleux. Derrière la passion, il faut bâtir une vision stratégique solide, comprendre les enjeux économiques, dialoguer avec les parties prenantes et rester patient. Le football, plus que jamais, est un business… où la victoire sur le terrain peut aussi se jouer dans les coulisses.