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Ligue des champions : une deuxième saison sous le signe de l’IA et du format suisse

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La Ligue des champions nouvelle génération s’apprête à vivre un nouveau chapitre ce jeudi à Monaco. L’édition 2025-2026 de la compétition reine du football européen débute par l’un de ses moments les plus attendus : le tirage au sort de la phase de ligue, organisé à partir de 18 heures. Mais oubliez les traditionnelles boules entrechoquées dans les saladiers, symbole intemporel des tirages de l’UEFA. Depuis la saison dernière, c’est un cérémonial inédit, rapide, presque déroutant, qui s’est imposé, reflet d’une révolution dans l’organisation de la compétition.

Désormais, la Ligue des champions s’articule autour d’une immense poule unique regroupant les 36 clubs qualifiés. Chaque équipe doit disputer huit rencontres, contre des adversaires issus des différents chapeaux de la compétition. Une formule inspirée du modèle suisse, déjà utilisé dans certains sports ou jeux de stratégie, mais transposée pour la première fois à ce niveau dans le football. Résultat : un tirage qui ne peut plus être géré manuellement.

L’intelligence artificielle en renfort

L’UEFA a dû trouver une solution pour simplifier une mécanique incroyablement complexe. Le principe : chaque club affronte deux adversaires par chapeau, avec l’obligation d’avoir un équilibre entre matchs à domicile et à l’extérieur. Impossible de croiser une équipe issue du même pays, et pas plus de deux clubs d’un même championnat. Des règles claires sur le papier, mais ingérables si l’on devait compter sur les seules mains innocentes des officiels tirant boule après boule.

C’est là que l’intelligence artificielle entre en scène. L’instance européenne a choisi un protocole semi-automatisé. Concrètement, l’officiant tire une boule dans un saladier pour désigner un club. Puis, en pressant un bouton, il demande à l’ordinateur de générer automatiquement la liste des huit adversaires que ce club devra affronter. En une fraction de seconde, l’écran dévoile un menu complet, parfois explosif, comme en témoigne le cas du PSG l’an passé, tombé dans un véritable « groupe de la mort » avec le Bayern, Arsenal, Manchester City et l’Atlético Madrid.

Cette accélération transforme le tirage en un véritable marathon visuel : chaque équipe découvre son programme en quelques instants, sans temps mort, avant de laisser place à la suivante.

Un rythme effréné qui désarçonne

Avec 36 équipes à tirer, la cadence est infernale. Impossible de savourer ou d’analyser chaque affichiche sur le moment. Les spectateurs, journalistes et même les clubs doivent attendre la fin de la cérémonie pour prendre du recul et étudier les conséquences des tirages.

Les équipes issues des chapeaux inférieurs, souvent dans l’ombre médiatique, voient leur destin se dessiner au fur et à mesure des tirages précédents. Car chaque nouvel adversaire est attribué en fonction des contraintes déjà posées par les matchs tirés pour les autres clubs. Cette mécanique donne parfois l’impression d’un puzzle géant, qui ne se dévoile qu’au dernier moment.

Pour les amateurs de suspense, le charme des boules et des longues explications au micro des officiels s’est envolé. À la place, c’est une pluie d’affiches spectaculaires, parfois illisibles dans leur enchaînement, mais toujours capables de provoquer des débats passionnés.

La chance, facteur décisif

Le format suisse introduit une part d’aléatoire encore plus marquée que par le passé. Les équipes d’un même chapeau ne se valent pas toutes. Être opposé à Tottenham ou au Slavia Prague dans le chapeau 3 n’a évidemment pas les mêmes implications sportives. De même, un duel contre Newcastle, classé dans le chapeau 4, représente un défi bien plus ardu qu’une rencontre face au modeste Pafos, autre membre de ce même chapeau.

Cette loterie peut avoir des conséquences déterminantes. Au terme des huit journées de la phase de ligue, seules les huit meilleures équipes accéderont directement aux huitièmes de finale. Celles classées entre la 9e et la 24e place devront passer par des barrages à haute intensité, souvent piégeux. L’exemple de Manchester City, sorti l’an passé à ce stade par le Real Madrid, illustre la brutalité de ce système. Enfin, pour les équipes terminant au-delà de la 25e place, l’aventure européenne s’achèvera prématurément.

Une compétition à haut risque

Ce nouveau format a pour ambition d’offrir davantage de grandes affiches et de maximiser le spectacle. Mais il accentue aussi les écarts et les incertitudes. Pour les clubs ambitieux, chaque tirage peut transformer une saison. Une série d’adversaires de haut calibre peut briser des espoirs dès l’automne, alors qu’un calendrier plus clément ouvre des perspectives inattendues.

L’UEFA assume ce choix audacieux, misant sur la modernité et sur une dramaturgie renouvelée. Mais pour les supporters nostalgiques, cette révolution ressemble parfois à un désordre calculé, où l’IA dicte les destins au détriment du cérémonial traditionnel.

Conclusion : un futur encore à apprivoiser

À l’aube de cette deuxième saison sous format suisse, la Ligue des champions se trouve à un tournant. Son tirage automatisé, rapide et spectaculaire, suscite autant de fascination que de critiques. Entre l’envie de moderniser le football et le risque de perdre une part de son charme, l’équilibre est délicat.

Une certitude demeure : cette compétition, même revisitée par l’intelligence artificielle, reste le Graal du football européen. Et si les boules ont perdu leur pouvoir, la magie des soirées de Ligue des champions, elle, continue d’exister, portée par des affiches toujours plus prestigieuses et imprévisibles.