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Sunderland, l’ombre grandissante de Meïssa N’diaye

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Pour son grand retour dans l’élite anglaise, Sunderland a frappé fort en battant West Ham (3-0) et en réalisant un mercato impressionnant. Mais derrière ce renouveau sportif se cache l’influence d’un agent bien connu du milieu, Meïssa N’diaye, dont la présence suscite autant de fascination que de soupçons.

Un come-back tonitruant en Premier League

Samedi dernier, Sunderland a signé un retour remarqué en Premier League. Les Black Cats, longtemps englués dans les divisions inférieures, ont balayé West Ham (3-0) lors de la première journée de la saison 2025-2026. Une victoire qui symbolise non seulement la renaissance sportive du club du nord-est, mais aussi le travail de reconstruction opéré depuis son rachat par Kyril Louis-Dreyfus.

Tout l’été, le club s’est montré hyperactif sur le marché des transferts, multipliant les renforts avec une efficacité impressionnante. Au cœur de cette campagne de recrutement, un homme intrigue : Meïssa N’diaye, agent influent et figure discrète du football européen, dont le rôle semble désormais incontournable dans la stratégie du club.

L’omniprésence d’un agent dans l’organigramme

Habituellement en retrait, N’diaye a fréquenté régulièrement les installations de l’Academy of Light cet été. Et pour cause : nombre des recrues estivales du club sont issues de son portefeuille. Dernier exemple en date, Nordi Mukiele, cédé par le PSG et désormais Black Cat. Avant lui, Arthur Masuaku avait été officialisé comme la dixième recrue estivale. Toutes deux orchestrées par Sport Cover, la société de N’diaye.

Un responsable du milieu ne mâche pas ses mots : « Ce qu’il se passe, j’ai rarement vu ça. Ce n’est pas de l’influence, c’est un système mafieux. » Derrière l’exagération, une réalité demeure : la montée en puissance de l’agent interroge.

Le dossier Habib Diarra, révélateur des tensions

Le cas du Strasbourgeois Habib Diarra illustre parfaitement la méthode N’diaye. En juillet, Sunderland s’est lancé dans une négociation houleuse pour attirer le jeune milieu, conclue par un transfert record estimé à 37 millions d’euros pour le club alsacien. Un coup majeur, mais entouré de zones d’ombre.

Autour de N’diaye, plusieurs intermédiaires se sont mêlés au dossier, compliquant encore les tractations : William McKay, figure controversée impliquée dans le tragique dossier Emiliano Sala, ou encore Adam Sayed, agent proche de l’Arabie saoudite. Ces présences alimentent les soupçons sur la manière dont certains deals sont ficelés. « Le président n’est au courant de rien. Le directeur du football et N’diaye montent leurs affaires en douce », souffle un autre agent.

Une alliance stratégique avec Florent Ghisolfi

Le point nodal de cette influence réside peut-être dans la relation entre N’diaye et Florent Ghisolfi, directeur du football de Sunderland. Les deux hommes se connaissent depuis Lorient, où ils avaient déjà collaboré, notamment sur l’arrivée de Benjamin Mendy ou sur la nomination de Régis Le Bris comme entraîneur.

Aujourd’hui, Le Bris est l’homme fort du banc de Sunderland, prolongé jusqu’en 2028. Ghisolfi, lui, poursuit son ascension aux côtés de N’diaye, avec lequel il a déjà mené d’autres opérations à Nice ou à l’AS Rome. Certains y voient une simple connivence professionnelle, d’autres une proximité qui soulève des questions sur la transparence du marché.

Une influence assumée, mais relativisée

Chez les dirigeants de Sunderland, le discours est plus nuancé. « Quand on regarde notre effectif, cette agence représente moins de 10 % de nos joueurs. On est une petite partie de son business », relativise une source interne. L’idée d’une dépendance totale à l’agent est donc réfutée, même si son rôle stratégique est reconnu.

Cette situation n’est pas isolée en Premier League, où certaines agences dominent largement l’effectif de clubs entiers. Wasserman, par exemple, compte sept joueurs à Newcastle. N’diaye s’inscrit donc dans une logique déjà présente en Angleterre, mais sa vitesse d’implantation à Sunderland frappe les esprits.

Un réseau solide outre-Manche

Originaire de Paris, N’diaye a su se faire une place sur le marché anglais. Son rôle dans l’arrivée de Patrick Vieira à Crystal Palace témoigne déjà de sa capacité à influer sur les bancs comme sur les effectifs. Aujourd’hui, Sunderland apparaît comme son laboratoire, un club en pleine ascension dont il a su comprendre le fonctionnement et les ambitions.

Le propriétaire Kyril Louis-Dreyfus a bâti un projet solide depuis la League One. Avec la montée en Premier League, l’appétit du club ne cesse de croître, et N’diaye semble vouloir en être un acteur incontournable.

Une ligne de crête entre stratégie et soupçons

En coulisses, les débats restent vifs. Pour certains, l’alliance entre Sunderland et N’diaye est une opportunité : celle d’attirer des joueurs de haut niveau et de sécuriser un retour durable dans l’élite. Pour d’autres, c’est une pente glissante qui pourrait, à terme, poser problème en matière de gouvernance.

Le mercato n’étant pas terminé, Sunderland continue d’explorer de nouvelles pistes, notamment en défense centrale, avec Axel Disasi dans le viseur. Un dossier qui, là encore, pourrait porter la marque de l’agent parisien.

Conclusion : Sunderland entre renaissance et zones d’ombre

Sur le terrain, Sunderland a parfaitement lancé sa saison. Mais en coulisses, le rôle croissant de Meïssa N’diaye intrigue et divise. Ses réseaux, sa proximité avec Ghisolfi et son habileté à imposer ses joueurs façonnent un nouvel équilibre dans le nord-est de l’Angleterre.

La réussite sportive des Black Cats pourrait justifier ce choix aux yeux de leurs dirigeants et supporters. Mais à mesure que les résultats suivront, la question restera la même : Sunderland peut-il écrire son retour au sommet sans être éclipsé par l’ombre d’un agent omniprésent ?