L’affaire Adrien Rabiot continue d’agiter l’Olympique de Marseille. Depuis l’altercation survenue le 15 août dernier dans le vestiaire du Roazhon Park, après la défaite de l’OM contre Rennes (1-0), Eric Di Meco est tenu à l’écart par sa direction. Si Roberto De Zerbi, l’entraîneur olympien, a récemment entrouvert la porte à une réintégration du joueur, l’épisode reste flou, nourri par des récits parfois contradictoires. L’un des plus sceptiques face à la communication officielle du club est un ancien de la maison phocéenne : Éric Di Meco. Invité de l’émission Rothen s’enflamme ce lundi, l’ex-défenseur a exprimé ses doutes sur la version avancée par Pablo Longoria et relativisé l’incident.
Une altercation jugée « d’une violence inouïe » par Longoria
Au lendemain du match contre Rennes, le président de l’OM Pablo Longoria n’avait pas mâché ses mots. Il avait qualifié la scène entre Rabiot et Jonathan Rowe de « violence inouïe », un qualificatif fort qui avait conduit le club à placer les deux joueurs sur la liste des transferts. Si Rowe a finalement pris la direction de Bologne, Rabiot reste dans l’attente d’un éventuel dénouement. Sa situation demeure suspendue à une décision de la direction, malgré le discours apaisant du coach italien.
Mais pour Di Meco, la description du président ne correspond pas à la réalité. « La semaine dernière, on nous a pris pour des jambons », a lâché l’ancien défenseur sur RMC. Pour lui, ce qu’il s’est passé dans le vestiaire de Rennes n’a rien d’exceptionnel dans le monde du football.
« Une baston de vestiaire, comme il y en a toujours eu »
Di Meco estime que si l’altercation avait réellement atteint un niveau de violence rare, De Zerbi n’aurait jamais rouvert la porte à une réintégration de Rabiot. « Si le coach avait assisté à une scène d’une brutalité jamais vue, il n’aurait pas voulu revoir le joueur dans son vestiaire », a-t-il expliqué. Selon lui, il ne s’agit que d’une « baston de vestiaire », fréquente dans la vie d’un groupe de haut niveau.
Pour appuyer son propos, il a évoqué un souvenir personnel, révélant qu’il lui était arrivé de se battre avec Basile Boli en 1993, peu avant la finale de Ligue des champions remportée par l’OM contre l’AC Milan. « Basile lisait le journal, je lui ai allumé avec un briquet. C’était une connerie, et il y a eu bagarre dans le bus », raconte Di Meco. « Heureusement que les dirigeants de l’époque n’étaient pas aussi rigides, sinon je n’aurais pas joué la finale et Basile non plus. Et pourtant, c’est lui qui a marqué le but historique. »
Une critique implicite de la direction marseillaise
Au-delà de la défense de Rabiot, le discours de Di Meco interroge la gestion de l’affaire par la direction olympienne. En insistant sur le fait que des altercations font partie du quotidien d’un vestiaire, l’ancien défenseur met en cause la rigidité de Pablo Longoria et de ses équipes. Pour lui, sanctionner sévèrement un joueur pour une bagarre isolée relève davantage de la communication que de la réalité du terrain.
Di Meco semble surtout estimer que l’OM prend le risque de se priver d’un joueur expérimenté, capable d’apporter un vrai plus à l’équipe dans une saison longue et exigeante. Une prise de position qui rejoint celle de plusieurs cadres du vestiaire, favorables au retour de Rabiot.
Une affaire loin d’être terminée
Si Roberto De Zerbi a laissé entendre que la réintégration du joueur dépendait de ses excuses et d’une prise de position claire vis-à-vis des déclarations de son entourage, notamment celles de sa mère Véronique Rabiot, la balle est désormais dans le camp du milieu de terrain. Le soutien public d’Éric Di Meco pourrait toutefois contribuer à apaiser les débats en ramenant l’incident à ce qu’il considère comme une simple péripétie de vestiaire.
Reste que l’affaire cristallise deux visions différentes du football : celle d’une direction attachée à l’image et à la discipline institutionnelle, et celle d’anciens joueurs pour qui les tensions internes, parfois physiques, font partie intégrante de la vie d’un groupe. Entre la parole officielle et les souvenirs de terrain, la vérité de l’altercation Rabiot-Rowe demeure encore floue.
Mais une chose est certaine : tant que le milieu français ne clarifiera pas sa position, l’ombre de cet épisode continuera de planer sur le Vélodrome.
