Sacrée championne olympique à Paris dans un climat de polémique, Imane Khelif aurait quitté le monde de la boxe, selon son ancien manager. L’Algérienne, qui avait pourtant affiché son ambition de viser les JO 2028 à Los Angeles, s’éloigne des rings sans dire si cette décision est définitive.
Une annonce inattendue
À seulement 26 ans, l’avenir d’Imane Khelif semblait tracé. Après avoir décroché l’or aux Jeux olympiques de Paris dans la catégorie des moins de 66 kilos, la boxeuse algérienne avait quitté son club de Nice pour se lancer dans une carrière professionnelle et affichait déjà ses ambitions pour Los Angeles 2028. Mais selon des propos rapportés par Nice Matin, son ancien manager, Nasser Yefsah, a révélé que la championne avait mis un terme à son aventure pugilistique.
« Imane n’a pas seulement quitté Nice, elle a quitté le monde de la boxe », a-t-il déclaré, laissant planer le doute sur un éventuel retour. Aucun détail n’a été donné quant à la nature de cette décision, ni sur son caractère définitif ou temporaire. Une chose est sûre : la nouvelle surprend, tant Khelif semblait incarner un nouvel espoir pour la boxe algérienne et mondiale.
Une carrière marquée par la gloire et la polémique
Si Imane Khelif s’est imposée sur le plan sportif, sa trajectoire a été éclaboussée par une controverse persistante autour de son genre et de son hyperandrogénie. Dès son titre olympique, une partie du débat public s’était déplacée du ring aux réseaux sociaux, la boxeuse devenant la cible de critiques virulentes et d’une véritable campagne de cyberharcèlement.
L’hyperandrogénie, caractérisée par un taux élevé d’androgènes, dont la testostérone, avait été pointée du doigt comme une source supposée d’avantage compétitif. Ses détracteurs estimaient qu’elle bénéficiait de conditions physiologiques particulières, tandis que ses soutiens rappelaient que toutes les instances sportives internationales l’avaient autorisée à concourir. Cette polémique, jamais éteinte, a sans doute pesé lourd dans le destin de la jeune femme.
Le triomphe de Paris 2024
Malgré cette atmosphère délétère, Imane Khelif avait brillé à Paris. Sa médaille d’or, conquise face à la Chinoise Liu Yang, avait marqué un tournant pour le sport algérien, offrant au pays une de ses plus belles pages olympiques. Sur le ring, la boxeuse avait impressionné par sa puissance, sa détermination et une discipline tactique irréprochable.
Cette victoire aurait pu être le tremplin vers une carrière internationale dans le circuit professionnel. Les observateurs l’imaginaient déjà comme une ambassadrice du sport féminin dans son pays et au-delà. Pourtant, quelques mois plus tard, la championne semble avoir fait le choix de tourner la page.
Une pression médiatique difficile à gérer
Pour de nombreux spécialistes, la décision de Khelif ne peut être dissociée du climat hostile qui a suivi son sacre. Les vagues de commentaires haineux, la mise en cause de sa légitimité sportive et les polémiques incessantes auraient fini par l’épuiser moralement.
Le cas d’Imane Khelif illustre une problématique plus large dans le sport féminin : celle de la gestion des particularités physiologiques et de l’inclusion des athlètes. D’autres sportives, notamment en athlétisme, ont vécu des situations similaires et se sont retrouvées confrontées à une stigmatisation violente. Dans ce contexte, la championne algérienne a peut-être préféré se protéger en s’éloignant du ring.
Un avenir incertain
Pour l’heure, Imane Khelif n’a pas pris la parole publiquement pour confirmer ou infirmer les propos de son ancien manager. Cette absence de communication nourrit toutes les hypothèses. Son retrait pourrait être provisoire, le temps de souffler après des années intenses, ou marquer une décision plus définitive.
Certains proches estiment qu’elle pourrait revenir si les conditions d’encadrement et de protection médiatique évoluent. D’autres pensent qu’elle pourrait se réinventer en dehors des rings, pourquoi pas dans des rôles liés à la formation ou à la promotion du sport féminin en Algérie.
Une immense perte pour la boxe algérienne
Quelle que soit l’issue, l’éloignement d’Imane Khelif représente un coup dur pour la boxe algérienne. Son parcours à Paris avait suscité un immense engouement dans son pays, offrant un modèle de réussite aux jeunes générations. Elle incarnait une rare figure féminine dans un sport encore très masculin et symbolisait une forme d’émancipation par le sport.
La fédération algérienne, comme les clubs formateurs, devra composer avec cette absence et continuer à bâtir sur l’élan créé par son succès olympique. Mais sans la présence de sa championne, la dynamique pourrait être plus difficile à entretenir.
Une histoire à suivre
L’avenir dira si Imane Khelif reviendra ou si son retrait marque la fin d’une carrière aussi brillante que brève. En attendant, son parcours continue de poser des questions sur la manière dont les athlètes sont accompagnés face aux pressions médiatiques et sociétales.
De Paris à Alger, en passant par Nice, la trajectoire de Khelif restera comme celle d’une combattante hors du commun, à la fois admirée et contestée. Si elle ne devait plus remonter sur un ring, son héritage sportif et symbolique demeurera intact.
