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Diarra : la Fifa et plusieurs fédérations poursuivies

Ligue des champions

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La décision de la Cour de justice de l’Union européenne rendue en octobre dernier, dite « arrêt Diarra », continue de faire des remous. Ce lundi, la fondation néerlandaise Justice for Players a annoncé qu’elle lançait une action en justice collective contre la Fifa et cinq fédérations nationales, dont la Fédération française de football (FFF), pour obtenir réparation au nom de dizaines de milliers de joueurs impactés par des règles de transferts jugées illégales.

L’arrêt Diarra, point de départ d’une fronde juridique

Tout est parti de Lassana Diarra, ancien international français, qui contestait les conditions de son départ du Lokomotiv Moscou il y a une dizaine d’années. À l’époque, des pénalités imposées par la Fifa avaient dissuadé le Sporting de Charleroi de le recruter. En octobre 2024, la CJUE a donné raison à Diarra, estimant que les règlements de transferts de la Fifa contrevenaient au droit européen, en entravant notamment la libre circulation des travailleurs, principe fondamental de l’UE.

Depuis cette décision, perçue comme un tournant, les conséquences juridiques commencent à se multiplier. Et la fondation néerlandaise compte bien en tirer toutes les implications, notamment financières.

100.000 joueurs concernés, des milliards en jeu

Selon Justice for Players, ce sont environ 100.000 footballeurs professionnels qui auraient subi des pertes financières depuis 2002 à cause de ces règles. Lucia Melcherts, présidente de la fondation, évoque des pertes estimées à 8 % des revenus sur l’ensemble d’une carrière, un manque à gagner colossal, désormais au cœur de cette bataille juridique.

« Nous déposons cette plainte pour obtenir justice pour les footballeurs », a déclaré Melcherts lundi.

Les cinq fédérations visées sont les instances nationales de France, d’Allemagne, de Belgique, du Danemark et des Pays-Bas, considérées comme coresponsables dans l’application des règlements pointés du doigt. L’action en justice est coordonnée depuis les Pays-Bas mais pourrait faire tache d’huile en Europe.

Une responsabilité solidaire et une note potentiellement salée

Pour Dolf Segaar, avocat spécialisé en droit du sport et membre du conseil d’administration de la fondation, l’affaire ne concerne pas seulement la Fifa :

« La réclamation repose sur une responsabilité solidaire. Si l’une des parties ne paie pas, les autres devront le faire. »
Autrement dit, les instances visées devront se répartir la charge financière, sauf à en contester la décision devant la justice. Et la note pourrait atteindre plusieurs milliards d’euros, selon les estimations des plaignants.

La Fifpro soutient le mouvement

La réaction du syndicat européen des joueurs professionnels, Fifpro Europe, ne s’est pas fait attendre. Dans un communiqué, il a salué la création d’une structure indépendante capable de porter la voix des joueurs lésés :

« La fondation représente une réponse concrète et structurée à l’arrêt Diarra de la CJUE. »

C’est un soutien de poids, qui pourrait contribuer à crédibiliser et renforcer la démarche devant les juridictions compétentes. D’autant que la pression s’intensifie aussi sur la Fifa, déjà engagée dans d’autres fronts juridiques, notamment autour de l’organisation de la Coupe du monde des clubs.

Et Diarra ?

La Fifa, comme les fédérations mises en cause, n’ont pas encore officiellement réagi. Il faudra surveiller si elles reconnaissent une part de responsabilité, proposent des mesures compensatoires, ou contestent en bloc cette procédure.

En attendant, cette affaire pourrait marquer le début d’une refonte en profondeur des mécanismes de transferts dans le football mondial, et potentiellement ouvrir la voie à une nouvelle jurisprudence européenne plus favorable aux droits contractuels des joueurs.

L’arrêt Diarra, loin d’être une simple décision isolée, pourrait ainsi devenir un précédent historique dans l’histoire du football professionnel.