C’est une victoire qui marque un tournant. Dans la nuit de jeudi à vendredi, à Montréal, Victoria Mboko a renversé les pronostics et conquis son premier titre sur le circuit principal en remportant le prestigieux WTA 1000 canadien. À seulement 18 ans, la joueuse originaire de Toronto, bénéficiaire d’une wild-card, a battu en finale Naomi Osaka (2-6, 6-4, 6-1), ancienne numéro une mondiale et double lauréate en Grand Chelem. Une performance historique qui propulse Mboko à la 24e place mondiale et déclenche une vague d’enthousiasme au Canada.
Une éclosion foudroyante
Inconnue du grand public il y a encore quelques mois, Victoria Mboko est désormais au centre de toutes les attentions. Avant le tournoi, elle pointait à la 85e place mondiale, et sa wild-card avait été accordée plus pour récompenser un potentiel prometteur que pour viser un véritable exploit. Pourtant, au fil des jours, elle a bousculé les certitudes, alignant des performances impressionnantes et renversant plusieurs championnes établies.
Son parcours à Montréal est digne d’un scénario hollywoodien. Au deuxième tour, elle élimine Sofia Kenin, ancienne vainqueure de l’Open d’Australie. En huitièmes, c’est Coco Gauff, numéro deux mondiale, qui plie face à la fougue de la jeune Canadienne. Puis en demi-finales, Elena Rybakina, championne de Wimbledon 2022, s’incline à son tour, après avoir pourtant obtenu une balle de match. Enfin, en finale, c’est Naomi Osaka, son idole de jeunesse, qui subit la loi de Mboko, submergée par son intensité et sa capacité à hausser le niveau.
Une finale pleine de caractère
La finale contre Osaka avait pourtant mal commencé. Mboko, nerveuse, perd sèchement le premier set 6-2, dominée par l’expérience et la puissance de la Japonaise. Mais elle ne cède pas. Portée par le public montréalais et par une énergie féroce, elle inverse le cours du match dans la deuxième manche, s’accroche dans les échanges, varie les trajectoires et fait parler son relâchement en coup droit. Elle remporte la manche 6-4, avant d’étouffer Osaka dans le set décisif, qu’elle empoche 6-1.
Au moment de sa victoire, les larmes ont coulé. Le public était debout, applaudissant cette jeune prodige qui a su conjuguer talent, mental et courage pour décrocher un premier titre de prestige. « Montréal, je vous aime », a-t-elle lancé en français, à l’issue de son discours en anglais, dans une déclaration aussi touchante que symbolique pour ce pays qui n’attendait plus que son nouveau visage du tennis.
Une pépite au parcours structuré
Victoria Mboko n’est pas apparue par hasard. Depuis son plus jeune âge, elle baigne dans le tennis. Formée à Tennis Canada, elle a gravi patiemment les échelons, disputant les plus grands tournois juniors avant de s’affirmer sur le circuit ITF. Dotée d’un jeu complet, explosif et très mature pour son âge, elle impressionne par sa régularité et son sang-froid. Sa victoire à Montréal vient consacrer un processus entamé depuis plusieurs années.
Ce sacre place Mboko dans la lignée d’une génération montante au Canada. Après Bianca Andreescu ou Leylah Fernandez, elle s’affirme comme le nouveau fer de lance du tennis féminin canadien. Mais avec une différence notable : à seulement 18 ans, elle semble déjà plus structurée mentalement, plus solide dans les moments chauds, et plus constante dans l’intensité.
Et maintenant, l’US Open
Avec cette victoire, Mboko se projette désormais vers l’US Open, dernier Grand Chelem de la saison, où elle sera redoutée par toutes ses adversaires. Son classement la place directement dans le tableau principal, et son nouveau statut d’outsider crédible la rend dangereuse. Les questions vont inévitablement se poser : peut-elle enchaîner ? Résister à la pression médiatique ? Continuer à progresser malgré l’explosion soudaine ?
Son entourage, visiblement bien rodé, se veut prudent. On parle d’objectifs à moyen terme, de travail à continuer, de progression linéaire. Mais une chose est sûre : Victoria Mboko a frappé un grand coup. Le tennis féminin vient peut-être de découvrir sa future star, et le public canadien tient déjà sa nouvelle héroïne.
