C’est un sourire rare, sincère, presque incrédule, qui a illuminé le visage de Cian Uijtdebroeks à l’arrivée de la dernière étape du Tour de Burgos. Le Belge, considéré il y a encore deux ans comme l’un des plus grands espoirs du cyclisme mondial, a enfin renoué avec la victoire. Une première sur le circuit professionnel, dans une course relevée, au terme d’un parcours personnel semé d’embûches. Entre blessures, périodes de doute et changement d’équipe, Uijtdebroeks revient de loin. Et sa réaction, à chaud, témoigne à la fois de la libération et de l’émotion d’un coureur qui a failli tout perdre avant de tout reconstruire.
Des mois d’incertitude
Depuis son départ mouvementé de Bora-Hansgrohe fin 2023, l’avenir de Cian Uijtdebroeks semblait incertain. Transféré dans la douleur à la formation Visma-Lease a Bike, il n’a pas connu le début de saison espéré. Blessures à répétition, pépins physiques, rechutes : le coureur belge a passé plus de temps en rééducation qu’en course. Longtemps, il s’est même interrogé sur sa capacité à revenir au plus haut niveau. « C’était des mois pas faciles », confiait-il sur Eurosport, visiblement encore ému après son succès à Lagunas de Neila.
Son retour à la compétition lors de la Classique de Saint-Sébastien fin juillet avait déjà envoyé des signaux positifs. Mais personne n’imaginait qu’il retrouverait si vite le chemin de la victoire. C’est désormais chose faite, et de quelle manière : en dominant une des ascensions les plus dures d’Espagne et en faisant plier un Théo Delacroix Prodhomme solide, mais impuissant face à la fraîcheur du Belge dans les derniers kilomètres.
Un plan d’équipe parfaitement exécuté
La victoire d’Uijtdebroeks est aussi celle d’un collectif. Son équipe a longtemps contrôlé une échappée dangereuse qui menaçait le classement général. Le Belge n’a pas manqué de souligner le rôle essentiel de ses coéquipiers dans ce succès. « On était un peu dans la merde avec l’échappée, mais l’équipe a roulé et fait un travail formidable », a-t-il affirmé.
Dans la montée finale, c’est à lui seul qu’il appartenait de faire la différence. Face à un Prodhomme accrocheur, Uijtdebroeks a parfaitement géré ses efforts, jouant sur la longueur et la régularité. « Je savais que les longues ascensions étaient bien pour moi », expliquait-il, lucide sur ses points forts. Kilomètre après kilomètre, il a usé son rival, jusqu’à le faire craquer à deux bornes du sommet. Un scénario maîtrisé, qui confirme ses qualités de grimpeur et de coureur stratégique.
Une victoire pour l’avenir
Ce succès n’est pas anodin. À 21 ans, Cian Uijtdebroeks relance une carrière que certains commençaient à classer dans la catégorie des espoirs déçus. Il démontre qu’il est capable non seulement de rivaliser, mais aussi de gagner. Mieux encore, il retrouve de la confiance, élément clé pour aborder les prochaines échéances avec ambition.
Dans une équipe Visma privée de ses leaders habituels en raison de blessures et de forfaits, le Belge a su saisir sa chance. Et si cette victoire à Burgos n’a pas encore la résonance d’un triomphe en Grand Tour, elle marque un tournant : celui de l’entrée, peut-être définitive, d’Uijtdebroeks dans le cercle des vainqueurs. Il a désormais prouvé qu’il pouvait tenir le rôle de leader sur une course à étapes. Reste à confirmer ce statut sur des terrains plus exigeants, comme la Vuelta ou le Giro, où il pourrait être aligné dès 2026 avec de grandes ambitions.
Un rêve devenu réalité
Au-delà de la performance sportive, c’est surtout l’émotion qui domine dans ce succès. Celle d’un jeune homme qui a tenu bon, qui a su transformer les blessures et les doutes en motivation. « C’était vraiment un rêve », a-t-il glissé après l’arrivée, avec cette simplicité désarmante qui le caractérise. Le genre de phrase que seuls les coureurs passés par l’adversité peuvent prononcer avec autant de force.
Uijtdebroeks, dont le nom compliqué à prononcer commence à s’imposer dans le peloton, a désormais une histoire à raconter. Une histoire faite de luttes, de patience, de résilience. Et de victoire. Une première ligne au palmarès qui en appelle d’autres. Car si ce retour en grâce est déjà un aboutissement, il ressemble surtout au début de quelque chose.
