La Saudi Pro League fait un retour inattendu sur les écrans français. Et pas sur n’importe lesquels. Désormais, ce sont les plateformes Twitch et YouTube qui accueilleront les retransmissions du championnat saoudien, sous l’égide de Zack Nani, figure montante du streaming sportif. Alors que les diffuseurs classiques avaient décliné l’option d’un renouvellement, cette alternative numérique marque un tournant dans l’accès au football international pour les fans français.
Un virage numérique assumé
Zack Nani, streameur suivi par plus de 600 000 abonnés sur Twitch et 800 000 sur YouTube, a officialisé la nouvelle ce vendredi. « Ce projet reflète une volonté forte de proposer une alternative aux modèles classiques de diffusion », a-t-il affirmé dans un communiqué. L’annonce intervient après plusieurs mois de flottement autour de la visibilité de la Saudi Pro League en France, alors que Canal+ avait choisi de ne pas reconduire son contrat de diffusion conclu en 2023.
Ce choix, qui aurait pu sonner le glas de l’exposition du championnat saoudien dans l’Hexagone, prend finalement la forme d’une renaissance. Dès le 19 août, les passionnés de football pourront suivre gratuitement jusqu’à trois rencontres par semaine sur les chaînes de Zack Nani. Un changement de paradigme qui s’inscrit dans une tendance plus large : la montée en puissance des plateformes de streaming comme nouveaux vecteurs de consommation du sport.
Twitch et YouTube, nouveaux stades virtuels
Depuis plusieurs années, Twitch ne se limite plus aux jeux vidéo. La plateforme d’Amazon s’est progressivement ouverte à des contenus diversifiés : talk-shows, débats, événements politiques… et bien sûr, sport. Des streamers comme Domingo ou Gotaga ont déjà tenté des expériences ponctuelles autour du football, mais Zack Nani franchit ici une étape supplémentaire en devenant diffuseur officiel d’un championnat international.
La dimension communautaire de Twitch, sa réactivité et son interactivité séduisent un public jeune, souvent éloigné des offres traditionnelles, jugées coûteuses ou rigides. En optant pour cette diffusion gratuite et en direct, Zack Nani répond à une attente générationnelle tout en apportant une visibilité nouvelle à un championnat en pleine expansion.
La Saudi Pro League, vitrine d’un soft power sportif
Depuis quelques années, l’Arabie saoudite déploie une stratégie sportive ambitieuse. Accueillant la Coupe du monde 2034 et multipliant les investissements colossaux dans diverses disciplines, le royaume fait du football un levier diplomatique et culturel. La Saudi Pro League s’impose comme le cœur de cette dynamique, attirant chaque saison de nouveaux noms prestigieux.
Karim Benzema, Cristiano Ronaldo, N’Golo Kanté, Riyad Mahrez, Moussa Diaby ou encore Théo Hernandez ont tous rejoint le championnat, conférant à cette ligue une aura médiatique certaine. Avec de telles têtes d’affiche, la question de la diffusion devenait cruciale pour maintenir l’intérêt du public européen, particulièrement francophone.
En confiant ces droits à une personnalité issue du monde du streaming, la Saudi Pro League fait un pari audacieux mais cohérent : cibler une audience jeune, connectée, avide de contenus accessibles et interactifs.
Un projet à fort potentiel
Zack Nani ne cache pas son enthousiasme. En 2023, il avait déjà marqué les esprits en réalisant une interview exclusive avec Karim Benzema, peu après son Ballon d’Or. La vidéo avait généré plus de 2,6 millions de vues sur YouTube, preuve de son influence croissante dans l’univers du football.
Avec ce nouveau rôle de diffuseur, il passe un cap. En plus des matchs, il pourrait enrichir l’expérience avec des formats annexes : analyses en direct, invités prestigieux, questions-réponses avec les abonnés… Le potentiel est immense pour créer une nouvelle forme de narration footballistique, plus incarnée et plus proche des fans.
Une évolution révélatrice des transformations du paysage médiatique
La perte des droits par Canal+ et leur récupération par un streameur sont révélatrices d’un changement profond. Le modèle classique, fondé sur les chaînes à péage, est de plus en plus concurrencé par des formats hybrides, souvent gratuits, portés par des créateurs de contenu influents. Ces derniers n’ont pas besoin d’antennes ni de studios, mais d’une simple connexion internet et d’un lien fort avec leur communauté.
Le cas de la Saudi Pro League n’est peut-être que le premier d’une longue série. À l’heure où les droits de diffusion deviennent des enjeux économiques majeurs, les acteurs traditionnels pourraient voir émerger une concurrence inattendue : les créateurs indépendants, devenus des médias à part entière.
