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Crystal Palace joue son va-tout devant le TAS

Mohamed Salah

Mohamed Salah

Crystal Palace n’a pas dit son dernier mot. Rétrogradé en Ligue Europa Conférence par l’UEFA au profit de Nottingham Forest, le club londonien a déposé un recours officiel devant le Tribunal arbitral du sport (TAS). Les Eagles espèrent encore être réintégrés en Ligue Europa, une compétition à laquelle ils avaient légitimement gagné leur place sur le terrain en remportant la FA Cup 2025. Le verdict est attendu le 11 août, une échéance qui pourrait avoir de lourdes conséquences sportives… et juridiques.

L’entraîneur Oliver Glasner a tenu à exprimer la détermination de son club. « On attend la décision finale, on reste confiants sur le succès de cet appel », a-t-il déclaré mardi à Sky Sports. « On connaîtra la décision définitive le 11 août et, à partir de là, on commencera à se préparer pour l’Europe. » Le ton est donné : la Ligue Europa reste l’objectif, malgré l’exclusion prononcée par l’instance européenne.

Une affaire de multipropriété

À l’origine de cette exclusion, une possible infraction aux règles de l’UEFA concernant la multipropriété de clubs. John Textor, via Eagle Football Group, détenait des parts significatives dans Crystal Palace tout en étant propriétaire de l’Olympique Lyonnais, également qualifié pour la Ligue Europa. Or, le règlement de l’UEFA est clair : deux clubs contrôlés par un même groupe ou une même personne ne peuvent pas participer à une même compétition européenne.

Face à cette situation, l’UEFA a tranché : Nottingham Forest, 7e de Premier League en 2024-2025, a été repêché pour la Ligue Europa, tandis que Crystal Palace a été reversé en C4. Le club londonien conteste fermement cette décision. « Nous ne faisons pas partie d’une organisation multiclubs et ne l’avons jamais été », a-t-il précisé dans un communiqué officiel, contestant la qualification même de l’OL et demandant à être réintégré en C3, à la place de Forest… voire de Lyon.

L’OL menacé ?

Si Nottingham Forest est le premier club concerné par le recours déposé par Palace, l’OL pourrait lui aussi se retrouver dans la ligne de mire. Selon les termes de la plainte, en cas de refus de réintégration à la place de Forest, Crystal Palace demande alors l’exclusion de Lyon. Une option que l’UEFA n’a pas retenue jusqu’ici, en raison notamment du désengagement récent de John Textor de Crystal Palace.

En effet, pour éviter toute sanction définitive, Textor a vendu les 45 % de parts qu’il détenait dans le club londonien à Robert Wood Johnson, propriétaire de la franchise NFL des New York Jets. Une opération destinée à démontrer l’absence de conflit d’intérêt, et à dissiper les soupçons de contrôle commun. Mais cette vente est-elle arrivée trop tard ? Le TAS devra trancher.

Une situation explosive pour l’UEFA

La gestion de cette affaire embarrasse l’UEFA, qui se retrouve au cœur d’un conflit d’intérêts complexe et très médiatisé. La réglementation sur les multipropriétés est de plus en plus difficile à faire respecter, dans un football européen désormais dominé par des holdings, des consortiums et des investisseurs multiples aux ramifications internationales.

La situation actuelle pourrait faire jurisprudence, surtout si Crystal Palace obtient gain de cause. Cela forcerait l’UEFA à clarifier ses règles, et surtout, à renforcer ses mécanismes de contrôle pour éviter que ce type de litige ne se reproduise chaque été.

Les supporters londoniens, de leur côté, n’ont pas mâché leurs mots. Lors de plusieurs manifestations, ils ont exprimé leur colère contre l’institution européenne et contre John Textor, accusé de les avoir sacrifiés pour préserver Lyon. On a même vu fleurir des banderoles avec des slogans virulents comme “Fuck UEFA, fuck Textor”, témoignage d’un ressentiment profond.

Une décision très attendue

Le 11 août sera donc un jour clé pour les trois clubs concernés. Crystal Palace espère encore sauver sa saison européenne. Nottingham Forest pourrait être exclu in extremis. Et l’OL tremble en silence, redoutant une éventuelle volte-face du TAS qui les priverait de leur retour sur la scène continentale.

En attendant, le flou reste total. Pour Oliver Glasner, rien n’est encore perdu. Et son groupe, déjà en pleine préparation, reste prêt à saisir sa chance, quel que soit le verdict final. Le football européen, lui, se prépare peut-être à un tournant réglementaire majeur.