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Léon Marchand : nouveau record du monde

Léon Marchand

Léon Marchand

C’est un temps qui donne le vertige. En 1’52’’69, Léon Marchand a non seulement remporté sa demi-finale du 200 mètres 4 nages, mercredi soir, mais il a également pulvérisé le record du monde de Ryan Lochte, établi en 2011 (1’54’’00). Plus qu’une simple performance, ce chrono marque une rupture avec l’histoire de la discipline. Le jeune Français, déjà auréolé de son titre olympique sur 400 m 4 nages, semble entrer dans une nouvelle dimension. Alors que la finale se profile, une question s’impose : jusqu’où peut-il aller ?

Une course hors du temps

La réaction de Léon Marchand à l’issue de sa demi-finale en dit long sur sa propre surprise : « C’est une victoire en soi. Ce n’est pas comme si j’avais égalé un record, je l’ai explosé. Une seconde et quelques, c’est fou. » Il faut rappeler que le 200 m 4 nages est une épreuve d’une rare exigence, où chaque nage – papillon, dos, brasse et crawl – teste à la fois la technique, l’endurance et l’intelligence de course du nageur. Que Marchand, à 22 ans, réussisse à briser une barrière qui semblait figée depuis plus d’une décennie témoigne de l’évolution spectaculaire de son niveau.

Ce temps hallucinant, il l’a signé en demi-finale, dans une course sans pression directe du titre, avec encore de la fraîcheur en réserve. « J’ai eu de bonnes sensations dès le départ. Je savais que j’étais en avance au 100, mais je n’avais pas imaginé aller aussi vite », glissait-il. La performance, impressionnante en soi, soulève surtout un immense espoir : peut-il faire encore mieux lors de la finale ?

Une gestion millimétrée

Le record du monde sur 400 m 4 nages, battu par Marchand en 2023, avait déjà signalé un athlète capable de gérer ses courses comme un métronome. Là encore, son approche tactique laisse penser qu’il n’a pas encore tout donné. « Il nage facile », a soufflé un ancien champion au bord du bassin, comme pour dire qu’il restait encore un cran de puissance à activer.

L’équipe de France, bien consciente du potentiel de son joyau, gère son programme et son état de forme avec une extrême minutie. Depuis plusieurs mois, Léon Marchand a centré ses efforts autour des Jeux de Paris, repoussant toute précipitation dans sa montée en régime. Cette stratégie porte ses fruits. La manière dont il monte en puissance dans ce tournoi laisse à penser qu’il a calibré son pic de forme pour les finales.

Le facteur émotion

Le contexte joue également un rôle. Nager à Paris, en France, dans un centre aquatique plein à craquer, galvanisé par ses exploits successifs, donne à Marchand un supplément d’âme. Son aisance avec la pression – qu’il transforme presque en excitation positive – rappelle celle des plus grands. « J’adore ce genre d’ambiance. Ça me pousse à me dépasser », avait-il confié après son sacre sur 400 m.

Ajoutez à cela le souvenir encore vivace de la finale du 200 m 4 nages des Jeux de Tokyo, où Lochte n’était plus au sommet, et où personne n’avait pu s’approcher de son temps mythique. Aujourd’hui, non seulement Marchand l’a battu, mais il l’a fait avec une avance inédite dans l’histoire récente de la natation. Cette perspective d’écrire une page encore plus éclatante en finale alimente la ferveur du public.

Des adversaires distancés

Ce qui impressionne aussi, c’est l’écart infligé à la concurrence. Le second de la demi-finale est arrivé à plus d’une seconde derrière. À ce niveau d’excellence, une telle marge relève de l’anomalie. Marchand domine son sujet, physiquement et mentalement. Si la finale peut toujours réserver des surprises, il part avec une confiance rare.

Ses adversaires, pourtant de très haut niveau, semblent accuser le coup. Certains coachs étrangers ont même salué la performance du Français comme « générationnelle ». Quand un nageur parvient à redéfinir les standards d’une discipline, il devient plus qu’un champion : il devient une référence.

Vers une nouvelle légende ?

En quelques jours, Léon Marchand est passé du statut de favori à celui de phénomène. Son nom circule déjà avec une intensité nouvelle dans les médias internationaux. Son coach américain, Bob Bowman, n’est autre que celui qui avait accompagné Michael Phelps. À l’évidence, il sait reconnaître un athlète hors normes. Marchand est en train de lui donner raison.

Ce jeudi, il entrera dans le bassin en favori logique, mais surtout avec une promesse suspendue au chrono : celle d’un nouveau record du monde. Certains diront que battre deux records en deux jours serait trop beau. Mais Marchand semble avoir fait de l’impossible une nouvelle norme.