Relégué en National après une saison catastrophique en Ligue 2, le Stade Malherbe de Caen vit l’un des épisodes les plus sombres de son histoire. Propriété de Kylian Mbappé depuis l’été 2024, le club normand paie les frais d’un projet encore en rodage. Discret mais attentif, le capitaine des Bleus suit néanmoins de près les affaires de son club.
Une relégation qui fait tâche pour le clan Mbappé
Quand Kylian Mbappé a officialisé le rachat du Stade Malherbe de Caen à l’été 2024, l’enthousiasme était palpable. L’idée de voir l’un des plus grands joueurs du monde s’investir dans le football français en devenant propriétaire d’un club historique avait de quoi séduire. Mais un an plus tard, le rêve s’est transformé en cauchemar. Avec une 19e place au classement de Ligue 2, le club normand a été relégué en National, une première depuis 2009.
Cette chute sportive contraste violemment avec les ambitions annoncées lors de la reprise. S’il ne s’agissait pas de viser une montée immédiate en Ligue 1, la direction du club espérait au moins installer Caen dans le haut de tableau. L’échec est donc cuisant, et le nom de Mbappé, qui avait attiré l’attention sur ce projet, se retrouve naturellement mêlé aux critiques.
Mbappé, un actionnaire concerné mais en retrait
Dans un entretien accordé à L’Équipe, plusieurs dirigeants du club ont tenté de clarifier le rôle exact du capitaine de l’équipe de France au sein de l’organigramme. Et tous tiennent à souligner la posture responsable adoptée par Mbappé depuis sa prise de fonctions. « Les infos lui remontent naturellement et régulièrement mais il n’est pas du genre à appeler », explique Reda Hammache, directeur du recrutement. « C’est un fonctionnement qu’on s’impose. Il n’est pas intrusif. Il reste dans son rôle d’actionnaire qui aimerait prendre du plaisir de loin, en étant au courant de tout mais en laissant les gens travailler. »
Une manière de faire qui tranche avec l’image de certains investisseurs omniprésents. Mbappé, lui, préfère rester à distance, tout en gardant un œil sur la direction prise par son club. Selon plusieurs sources internes, il est régulièrement informé des orientations stratégiques, des mouvements de mercato et des décisions clés. Mais il ne valide rien lui-même : ce sont les dirigeants en place qui assument l’opérationnel.
Un engagement sincère mais des débuts ratés
Pour le clan Mbappé, cette première saison est évidemment une déception. Selon l’entourage du joueur, le projet reste néanmoins intact : faire du Stade Malherbe un club formateur, structuré et compétitif à moyen terme. Mais les premières décisions – notamment au niveau du recrutement et de l’encadrement technique – n’ont pas porté leurs fruits.
Plusieurs erreurs stratégiques sont pointées du doigt. Un effectif déséquilibré, des changements trop fréquents sur le banc, une instabilité chronique au sein du vestiaire… Le club a manqué de cohérence dans sa ligne directrice. Si Mbappé n’est pas à l’origine de ces choix, ils rejaillissent malgré tout sur lui, tant son nom est associé à la renaissance attendue de Caen.
Une mission délicate pour redresser la barre
Le défi désormais est colossal. La descente en National signifie moins de visibilité, des droits TV réduits et une attractivité en berne. Il faudra donc reconstruire intelligemment, en s’appuyant sur la jeunesse, l’identité locale et un encadrement compétent. C’est le pari que semble vouloir poursuivre l’état-major du club, avec le soutien d’un Mbappé toujours impliqué, malgré la distance.
Si certains s’interrogent sur la capacité du champion du monde à relever ce genre de défi entrepreneurial, d’autres saluent déjà son sérieux. « Il aurait pu tout lâcher après la descente. Ce n’est pas le cas », affirme un proche du dossier. « Il continue de croire au projet. Il veut construire quelque chose qui ait du sens, pas un feu de paille. »
Une stratégie d’image, mais pas que
Investir dans un club de deuxième division (désormais de troisième) peut sembler paradoxal pour un joueur de la stature de Kylian Mbappé. Mais ce choix s’inscrit aussi dans une logique d’impact. En reprenant un club régional, il souhaitait redonner vie à un bastion du football français, tout en posant les premières pierres d’une reconversion à long terme.
Le lien entre sport de haut niveau et entrepreneuriat se tisse ainsi naturellement. Mbappé entend montrer qu’on peut rester dans le football autrement qu’en tant que joueur ou entraîneur. Son implication à Caen est aussi une manière d’envoyer un message : il est déjà tourné vers l’avenir, avec la volonté de peser sur son sport même après avoir raccroché les crampons.
Reste désormais à passer du symbole à l’efficacité. Et pour cela, il faudra que le Stade Malherbe de Caen, en 2025-2026, montre un tout autre visage. Car si Mbappé veut rester crédible dans ce rôle nouveau, il lui faudra aussi, tôt ou tard, faire de son club un succès.
