Actualités Cyclisme Une

Tour de France : Vingegaard refuse d’abdiquer face à Pogacar

Paul Seixas

Paul Seixas

Battant mais distancé, Jonas Vingegaard tente de garder la foi dans les derniers jours du Tour de France. Malgré un nouvel échec dans le col de la Loze, le Danois veut encore croire en ses chances, bien que le maillot jaune de Tadej Pogacar semble hors de portée.

Une bataille déséquilibrée, mais pas encore terminée

À trois jours de l’arrivée sur les Champs-Élysées, Jonas Vingegaard n’a pas dit son dernier mot. Le double vainqueur du Tour de France, pourtant relégué à 4 minutes et 26 secondes de Tadej Pogacar au classement général, refuse de se considérer battu. Après avoir échoué à reprendre du temps au Slovène lors de la très redoutée étape entre Vif et le col de la Loze jeudi, le leader de la Visma-Lease a Bike a lancé un ultime appel à l’optimisme.

« Nous semblions plutôt à égalité aujourd’hui », a-t-il confié, visiblement épuisé mais encore combatif. Un message destiné autant à ses supporters qu’à lui-même. Car si le suspense paraît éteint, Vingegaard s’accroche à ce qu’il lui reste : la volonté, et peut-être une infime ouverture lors de la dernière étape de montagne.

L’étape-reine qui n’a pas tenu ses promesses

La 18e étape du Tour 2025 avait tout pour renverser la course : trois cols hors catégorie, dont la terrible ascension du col de la Loze, et plus de 5.400 mètres de dénivelé. Sur le papier, l’occasion idéale pour Vingegaard de frapper un grand coup et de faire vaciller Pogacar. Et dans un premier temps, la Visma a joué crânement sa chance. Dans le col de la Madeleine, le Danois et ses équipiers ont durci la course, isolant le Slovène et créant une configuration propice à une offensive.

Mais la suite du scénario a laissé les suiveurs perplexes. Au lieu de poursuivre l’effort, Vingegaard a levé le pied dans la vallée, laissant le peloton des outsiders – et certains équipiers de Pogacar – recoller. Une décision qui a désamorcé l’attaque et ramené les deux favoris à égalité avant la montée finale.

Sur les pentes les plus dures de la Loze, Pogacar a d’abord suivi les attaques, avant de placer une accélération tranchante à trois kilomètres du sommet. Vingegaard a limité les dégâts, mais a dû concéder neuf secondes supplémentaires, un nouvel accroc dans une course qu’il ne maîtrise plus.

Un discours de résistance

À l’arrivée, le visage tiré et les jambes lourdes, Vingegaard a toutefois tenu à garder la tête haute. « Le Tour n’est pas terminé », a-t-il martelé devant les caméras. « Il a pris quelques secondes à la fin, mais je pense toujours que c’est possible. » Un discours qui fait écho à celui tenu lundi lors de la journée de repos : « Je pense toujours que je peux gagner le Tour. »

Pourtant, les chiffres ne mentent pas. Avec seulement trois étapes restantes – dont une courte étape de montagne entre Albertville et la Plagne, un contre-la-montre et l’arrivée traditionnelle à Paris – Vingegaard semble désormais devoir compter sur un effondrement improbable de Pogacar, ou sur un coup du sort.

Mais le Danois a bâti sa réputation sur sa capacité à ne jamais céder. L’an dernier déjà, il avait fait preuve d’une ténacité exceptionnelle pour renverser la tendance lors du contre-la-montre. Cette fois, la mission paraît encore plus ardue, mais Vingegaard ne veut pas rendre les armes.

Une étape d’une rare intensité

Au micro de France 2, le coureur danois s’est également confié sur la difficulté extrême de l’étape du jour. « Je ne suis pas certain d’avoir déjà vécu une étape aussi dure sur le Tour », a-t-il reconnu. Avec des températures élevées, des pourcentages vertigineux et une longueur inhabituelle, le parcours de jeudi a laissé des traces sur tous les organismes.

Cette fatigue accumulée pourrait justement jouer un rôle dans les jours à venir. Même Pogacar, pourtant dominateur, a montré des signes d’usure. Son accélération, certes décisive, n’avait pas la même explosivité que lors des premières étapes alpines. Vingegaard peut espérer que le Slovène marque le pas sur la montée de la Plagne ou dans le contre-la-montre.

Une course pour l’honneur… ou un dernier coup d’éclat ?

Si la victoire finale semble s’éloigner jour après jour, Jonas Vingegaard joue désormais aussi pour l’honneur. Perdre le Tour face à Pogacar n’aurait rien d’infamant, mais il lui reste l’opportunité de montrer qu’il est un vrai champion, capable de se relever et de répondre présent jusqu’au bout.

Vendredi, l’étape de la Plagne, bien que raccourcie à 35 kilomètres en raison de conditions météorologiques, pourrait encore offrir un terrain d’expression. Une attaque lointaine, une défaillance du maillot jaune, un coup de théâtre… Rien n’est exclu dans ce sport où l’impossible fait souvent partie du décor.