À la veille de la finale de l’euro féminin 2025 très attendue entre l’Espagne et l’Angleterre, une polémique inattendue surgit autour de l’arbitrage. Stéphanie Frappart, arbitre française désignée pour diriger la rencontre, est vivement critiquée par la presse espagnole, qui évoque un « scandale » et remet en cause sa légitimité.
Un choix qui fait débat de l’autre côté des Pyrénées
Alors que le football féminin connaît une montée en puissance sans précédent, l’Euro 2025 devait consacrer cette dynamique avec une finale de prestige entre l’Espagne, championne du monde en titre, et l’Angleterre, tenante du titre européen. Mais à quelques heures du coup d’envoi, un nom focalise toute l’attention en Espagne : celui de Stéphanie Frappart. La célèbre arbitre française, pionnière dans le monde de l’arbitrage, a été désignée pour officier lors de cette ultime rencontre. Un choix qui n’est pas du goût de certains médias ibériques.
Dans un article au ton acerbe, le quotidien espagnol Marca s’est fendu d’un titre cinglant : « L’arbitre du scandale », en référence à la Française. L’accusation, violente, repose sur une série de décisions arbitrales prises lors du tournoi, jugées partiales ou litigieuses par certains observateurs espagnols. Stéphanie Frappart aurait, selon eux, accordé des avantages à certaines équipes, notamment lors d’un match impliquant l’Angleterre, futur adversaire des Espagnoles.
Une figure de l’arbitrage dans l’œil du cyclone
Stéphanie Frappart n’est pourtant pas une inconnue dans le monde du ballon rond. Première femme à arbitrer un match masculin de Ligue 1, une finale de Supercoupe d’Europe ou encore une rencontre de Coupe du monde masculine, la Française a construit au fil des années un parcours aussi exceptionnel que rare. Dans le football féminin, elle est considérée comme l’une des meilleures au monde, alliant autorité, rigueur et sang-froid.
Mais cette notoriété ne la protège pas des critiques. Déjà, lors de l’Euro 2022, elle avait été visée par des remarques similaires après un quart de finale tendu entre l’Allemagne et l’Autriche. L’UEFA l’a toujours soutenue, insistant sur son professionnalisme et son expérience. Mais dans un contexte de forte rivalité sportive, sa nationalité française semble suffire, pour certains en Espagne, à nourrir un soupçon de partialité — une idée que rien ne vient objectivement étayer, mais qui s’inscrit dans une guerre psychologique classique avant une grande finale.
Le poids d’une finale sous tension
Cette tension autour de l’arbitrage n’est pas anodine. La finale Espagne-Angleterre promet d’être particulièrement disputée. Les deux nations se sont imposées avec autorité tout au long du tournoi et présentent des effectifs redoutables. L’Angleterre veut conserver sa couronne européenne, tandis que l’Espagne rêve du doublé mondial-continental.
Dans ce contexte, les moindres décisions arbitrales seront scrutées à la loupe. Et pour certains en Espagne, le passé récent a laissé des cicatrices. Lors de la demi-finale contre la Suède, les joueuses de Jorge Vilda avaient déjà émis des doutes sur l’arbitrage, reprochant une certaine clémence vis-à-vis du jeu physique scandinave. La désignation de Frappart a ravivé ces tensions. Le fait qu’elle soit française — pays éliminé en quart de finale par l’Espagne — alimente, dans les esprits les plus suspicieux, l’idée d’un risque de conflit d’intérêt. Une thèse largement infondée, mais relayée dans certains médias à grand tirage.
L’UEFA appelle au calme et à la responsabilité
Face à cette vague de critiques, l’UEFA a rapidement réagi. Dans un communiqué, l’instance européenne a rappelé que « Stéphanie Frappart est l’une des arbitres les plus expérimentées au monde » et que « sa désignation pour la finale reflète une volonté d’excellence ». L’organisation insiste sur le fait que tous les arbitres sont soumis à des critères stricts de neutralité et de compétence.
Des personnalités du football féminin, comme l’ancienne internationale espagnole Verónica Boquete ou la capitaine anglaise Leah Williamson, ont aussi exprimé leur confiance en la Française, appelant à recentrer le débat sur le jeu et le spectacle attendu.
Un climat tendu, mais une arbitre aguerrie
Cette pression médiatique n’est pas nouvelle pour Stéphanie Frappart. Habituée des grands rendez-vous, elle a souvent officié dans des contextes sensibles. Son calme et sa précision sur le terrain ont souvent été salués. En finale, elle devra faire abstraction de l’agitation ambiante pour gérer une rencontre de très haut niveau, où la moindre décision peut faire basculer le destin d’un tournoi.
Si le match s’annonce serré sur la pelouse, il semble d’ores et déjà lancé en dehors, à travers ces polémiques arbitraires qui rappellent que le football, même au féminin, n’échappe pas aux tensions et aux jeux d’influence.
