Accusé de tenir des propos rétrogrades sur le rôle des femmes, l’international mexicain Javier « Chicharito » Hernandez fait face à une vague d’indignation au Mexique. Sanctionné par la Fédération, lâché par son club et critiqué jusqu’au sommet de l’État, l’ex-attaquant du Real Madrid a présenté ses excuses dans un message sur Instagram.
Une vidéo TikTok qui déclenche l’incendie
Ce qui ne devait être qu’une prise de parole banale sur les réseaux sociaux s’est transformé en tempête médiatique pour Javier Hernandez. Dans une vidéo postée sur TikTok, l’ancien attaquant de Manchester United et du Real Madrid, aujourd’hui âgé de 37 ans, a tenu un discours aux accents conservateurs et sexistes à l’égard des femmes. Devant son téléphone, « Chicharito » livre un message sans nuance : « Femmes, vous êtes en train d’échouer, vous êtes en train d’éradiquer la masculinité en rendant la société hypersensible. »
Poursuivant dans la même veine, le joueur aux 109 sélections avec le Mexique enjoint les femmes à « incarner leur énergie féminine », définie par leur capacité à « prendre soin, nourrir, recevoir, donner la vie, nettoyer, soutenir le foyer. » Et de conclure en appelant les femmes à « se laisser guider par un homme, qui ne veut qu’une chose : les voir heureuses. »
Des propos qui n’ont pas tardé à provoquer un tollé.
Vague de sanctions : la FMF et les Chivas réagissent
Face à l’ampleur de la polémique, la Fédération mexicaine de football (FMF) a rapidement réagi par voie de communiqué. Elle y dénonce des propos « contraires aux valeurs d’égalité de genre dans le sport » et les qualifie de « stéréotypes sexistes promouvant une forme de violence médiatique. » Conséquence : l’institution inflige une amende et un avertissement à Chicharito.
Le club de Guadalajara, où évolue actuellement le joueur, a également tenu à se démarquer avec fermeté. Les Chivas ont publié une déclaration dans laquelle ils expriment leur désaccord total avec les déclarations de leur attaquant. « Ces propos représentent une opinion personnelle qui est étrangère aux principes et aux valeurs de notre institution. Nous défendons la promotion d’environnements sûrs, inclusifs et engagés en faveur de l’égalité entre les sexes », ont insisté les dirigeants du club.
Des excuses sous tension
Sous le feu des critiques, Javier Hernandez a tenté de calmer la polémique en publiant un message d’excuses sur Instagram. « Je regrette profondément toute confusion ou tout malaise que mes récents propos ont pu causer. Il n’a jamais été dans mon intention de me moquer, de blesser ou de diviser », écrit-il. Il ajoute également : « J’écoute, je réfléchis et je m’engage à m’exprimer avec plus de clarté et de sensibilité, en particulier sur des questions aussi délicates. »
Mais ces excuses n’ont pas suffi à éteindre la colère. Nombreux sont ceux qui pointent une absence de remise en question réelle dans le discours du joueur, et voient dans son message une tentative de sauver son image publique sans assumer pleinement la portée de ses propos.
La présidente mexicaine s’invite dans le débat
La polémique a même franchi les portes du pouvoir politique. Lors d’une conférence de presse tenue mercredi matin, la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a condamné les déclarations du joueur, y voyant l’expression d’« une idée très machiste. » Tout en reconnaissant le parcours sportif de Hernandez, elle a insisté : « Il est important que tous les hommes de notre pays reconnaissent les femmes comme des personnes. »
Sheinbaum a été plus loin en déclarant que Chicharito avait encore « beaucoup à apprendre » sur le rôle des femmes dans la société. « Les femmes peuvent être ce qu’elles veulent être. Et c’est une relation d’égalité avec les hommes », a-t-elle martelé, exprimant une position ferme en faveur des droits des femmes.
Une image écornée pour une icône nationale
Javier Hernandez est l’un des visages les plus connus du football mexicain. Meilleur buteur de l’histoire de la sélection nationale, héros de la Coupe du monde 2010 et figure internationale passée par les plus grands clubs d’Europe, « Chicharito » jouissait jusqu’ici d’une image très positive au sein de l’opinion publique.
Mais cette sortie maladroite et ouvertement rétrograde risque de laisser des traces durables. Dans un Mexique en pleine mutation sociale, où les questions de genre et d’égalité sont devenues centrales dans le débat public, les déclarations du joueur apparaissent comme un retour en arrière.
