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Jannik Sinner rappelle Umberto Ferrara

Davidovich

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Moins d’un an après avoir écarté Umberto Ferrara suite à un contrôle positif au clostebol, Jannik Sinner fait le choix surprenant de réintégrer son ancien préparateur physique. Une décision qui suscite de vives réactions alors que le N°1 mondial prépare sa tournée nord-américaine avec en ligne de mire l’US Open.

Un come-back inattendu

Le communiqué est tombé ce mercredi via Avima, l’agence qui gère la carrière de Jannik Sinner : « Jannik Sinner a embauché Umberto Ferrara comme préparateur physique avec effet immédiat. » Un retour qui fait grincer des dents, tant le nom de Ferrara reste associé à l’un des épisodes les plus délicats de la jeune carrière du champion italien.

En juillet 2024, le monde du tennis était secoué par l’annonce de contrôles positifs de Sinner à un anabolisant, le clostebol. Le joueur avait rapidement clamé son innocence, expliquant avoir été contaminé involontairement lors d’un massage. Si l’origine accidentelle a été reconnue par les instances antidopage, la responsabilité de l’entourage avait été pointée du doigt, poussant Sinner à écarter immédiatement Ferrara ainsi que son physiothérapeute Giacomo Naldi. Huit mois plus tard, le voici pourtant de retour.

Une contamination, des responsabilités floues

À l’époque, Ferrara avait rejeté toute implication directe. Interrogé par la Gazzetta dello Sport en avril dernier, il avait admis utiliser un spray contenant du clostebol pour une pathologie personnelle, mais nié en avoir fait usage sur ou à proximité de Sinner. Il affirmait avoir seulement suggéré ce traitement à Naldi, son collègue kiné, pour soigner une coupure. « J’ai été très clair sur la nature du produit et le risque. Je l’ai uniquement autorisé dans ma salle de bain personnelle », affirmait-il.

Malgré ces explications, Sinner avait pris ses distances, contraint de faire preuve de fermeté dans un contexte de crise. L’Agence mondiale antidopage (AMA) avait, elle, reconnu le caractère involontaire de l’infraction mais infligé au joueur une suspension négociée de trois mois, qu’il a purgée entre février et mai 2025. Un épisode qui a entaché temporairement son image, même si son retour sur les courts s’est soldé par un triomphe à Wimbledon.

Sinner assume un choix stratégique

Pourquoi alors ce revirement ? Officiellement, cette décision a été prise « en plein accord avec l’équipe de management » de Sinner, dans le cadre de la préparation au Masters 1000 de Cincinnati et à l’US Open. Ferrara, reconnu dans le circuit pour ses compétences, a entre-temps travaillé avec Matteo Berrettini, autre grand nom du tennis italien.

Sinner ne s’en est jamais caché : il considère Ferrara comme un « excellent préparateur », comme il l’avait confié en novembre dernier lors des ATP Finals. Il semble désormais convaincu que son retour ne pose plus de risque, ni sur le plan éthique ni réglementaire. En d’autres termes, le pardon semble avoir été acté, à condition que les erreurs du passé ne se répètent pas.

Le choix de Sinner fait débat

Le retour de Ferrara ne fait cependant pas l’unanimité. Certains observateurs dénoncent une décision précipitée, voire imprudente, à l’heure où Sinner s’est imposé comme l’ambassadeur d’un tennis propre et rigoureux. En renouant avec un membre de son staff au cœur d’un épisode de dopage — même involontaire —, le numéro 1 mondial prend le risque d’écorner de nouveau son image.

Sur les réseaux sociaux, de nombreux fans et journalistes spécialisés s’interrogent : fallait-il vraiment raviver cette controverse ? Pourquoi ne pas avoir tourné définitivement la page avec un staff entièrement renouvelé ? D’autant que le timing interroge : Sinner revient à peine d’une suspension et prépare deux tournois majeurs où il devra défendre ses titres.

Le sport avant tout ?

Reste que, dans le camp Sinner, l’accent est mis sur l’efficacité. Depuis sa collaboration initiale avec Ferrara, le joueur italien a franchi un cap physique indéniable, devenant l’un des plus endurants et explosifs du circuit. Ce retour est peut-être le signe d’un recentrage stratégique : avec Novak Djokovic en fin de carrière et Carlos Alcaraz en embuscade, Sinner sait qu’il doit capitaliser sur sa forme actuelle pour régner.

En clair, l’heure n’est plus aux calculs d’image mais à la performance pure. Et si cela passe par le retour d’un préparateur controversé mais compétent, le clan Sinner semble prêt à assumer les conséquences.

Sinner assume son risque

À quelques semaines de l’US Open, Jannik Sinner joue sur tous les tableaux : celui du sportif, en visant un doublé historique, mais aussi celui de l’image, en affichant loyauté et pragmatisme. Le retour d’Umberto Ferrara marque peut-être la fin d’un chapitre douloureux, mais il ne ferme pas totalement la porte aux doutes. Désormais, seul le terrain pourra trancher entre stratégie gagnante… ou pari risqué.