World Rugby a annoncé mardi l’ouverture d’une enquête contre l’Argentine, après une plainte déposée par l’Angleterre pour des insultes racistes. Celles-ci auraient été proférées par des supporters à l’occasion d’une double rencontre contre les Pumas le 12 juillet. Si les faits sont avérés, ils démontreraient encore une fois que le racisme des Argentins est incorrigible.
Comme les autres grandes nations du rugby mondial, l’Angleterre a eu deux test-match dans ce mois de juillet. C’était en Argentine, contre les Pumas (nom de la sélection nationale argentine de rugby). Devant plus de 20 000 spectateurs rassemblés au stade Bicentenario, à San Juan, le XV de la Rose s’est imposé deux fois (35-12 le 5 juillet, 22-17 le 12). Mais cette tournée en Argentine ne s’est pas bien passé à cause d’un vieux démon local…
L’Argentine a mal digéré sa défaite contre le XV de la Rose
En effet, l’Angleterre a déposé une plainte auprès de World Rugby pour des injures racistes entendues dans les tribunes lors du second match. L’instance dirigeante mondiale du rugby a immédiatement ouvert une enquête pour faire toute la lumière sur ces faits. Dans un communiqué, elle souligne qu’« Il n’y a pas de place dans le rugby ou dans la société pour la discrimination, les abus ou les discours de haine, et toute discrimination est prise extrêmement au sérieux par World Rugby ». Mais ce n’était qu’un communiqué.
Une enquête lancée contre les supporters des Pumas
Moins d’une semaine après le dépôt de la plainte des Anglais (15 juillet), World Rugby signale que, malgré une « enquête approfondie » impliquant des déclarations de témoins et une analyse vidéo, qu’elle n’avait pas pu identifier à ce jour les individus responsables. Elle annonce poursuivre les analyses et investigations pour établir les faits. Son président, Brett Robinson, a toutefois condamné l’incident et dit soutenir les victimes. World Rugby a évoqué un plan d’action en cours d’élaboration pour « éduquer les fans » et les joueurs argentins, tout en cherchant à prévenir de nouveaux dérapages.
Des actions entreprises par la fédération incriminée
Pour sa part, l’Unión Argentina de Rugby (UAR) s’est engagée à collaborer étroitement avec World Rugby pour éviter qu’un tel événement ne se reproduise. Elle dit avoir élaboré un plan d’action pour renforcer les dispositifs de sécurité et sensibiliser les supporters. « Nous condamnons fermement tout acte de racisme et nous nous tenons aux côtés des joueurs anglais », a déclaré Gabriel Travaglini, président de la UAR, qui précise que cinq à sept individus pourraient être concernés par cet incident. De son côté, Bill Sweeney, le directeur général d’England Rugby, a appelé à respecter « chaque joueur, quelle que soit son origine » et promis tout le soutien de sa fédération aux joueurs visés.
L’Argentine habituée au racisme
Pour ceux qui vivent en Argentine ou connaissent un peu l’histoire sportive de ce pays, les insultes de joueurs anglais ne devraient pas étonner. C’est devenu presqu’une habitude des supporters, mais aussi des sportifs argentins. On se souvient que trois jeunes rugbymen argentins, aujourd’hui cadres des Pumas, avaient écrit des tweets haineux au début des années 2010. L’un d’entre eux, alors âgé de 18 ans en 2013, avait écrit lors d’une tournée en Afrique du Sud : « belle matinée pour sortir faire un tour en voiture et écraser des noirs. ». La fédération argentine les avait suspendus, puis réintégrés après qu’ils ont présenté leurs excuses.
L’Argentine, seul pays d’Amérique latine sans noirs dans ses équipes
Ce comportement des joueurs argentins dénotent d’un enracinement profond du racisme en Argentine, seul pays d’Amérique latine à ne pas avoir de joueurs noirs dans ses sélections. Ces Noirs représentent aujourd’hui 1,8 de la population argentine, alors qu’ils composaient 30 % des habitants de Buenos Aires au XIXe siècle. Les historiens imputent cette réduction extrême de la population noire à une immigration blanche massive et voulue pour noyer leur nombre, ainsi qu’à la guerre d’indépendance. Les noirs auraient composé une grande partie de l’armée insurrectionniste et auraient été sciemment mis en première ligne….